Retour de Trump: “Une bonne nouvelle… économique”, pour Fabrice Brion (I-care)

Fabrice Brion (I-care)
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Trends Tendances interroge des patrons belges au sujet du retour de Donald Trump. “Je n’ai pas attendu la victoire de Donald Trump pour dire que l’on doit prendre notre destin en mains, nous dit Fabrice Brion, CEO d’I-care. “Nous devons réindustrialiser et arrêter d’attendre que les autres décident pour nous. Nous devons retrouver de l’ambition.”

Fabrice Brion, CEO d’I-care, veut lui aussi voir la bouteille à moitié pleine, tout en incitant à l’action. Pour son entreprise, les États-Unis constituent un marché de croissance important. L’élection de Donald Trump aura-t-elle un impact sur l’entreprise montoise? “C’est toujours difficile de mesurer un impact, rétorque-t-il. Notre métier, c’est de prédire l’avenir des machines, mais l’humain est imprévisible. C’est encore davantage le cas pour Donald Trump.”

S’il aurait préféré une élection de Kamala Harris sur le plan sociétal, Fabrice Brion est plus confiant sur le signal économique envoyé par l’élection du candidat républicain. “L’économie américaine a l’air de faire confiance à Donald Trump, constate le Montois. On part visiblement dans un cycle à la hausse. Vu le marché que cela représente, ce serait plutôt positif pour nous. Joe Biden a déjà accompli un travail de réindustrialisation important avec l’Inflation Reduction Act, et les marchés donnent aujourd’hui des signaux positifs.” I-care réalise d’ores et déjà 15% à 30% de son chiffre d’affaires aux États-Unis. L’entreprise est présente au Texas, en Californie, au Tennessee, en Caroline du Nord et au Minnesota. “C’est beaucoup pour une société belge, mais peu par rapport à la taille des États-Unis. On peut encore s’y développer.”  

Une évidence

Comme perçoit-il les réactions critiques émanant d’Europe à l’encontre du retour de Donald Trump? “Avant toute chose, je suis vraiment étonné que les gens soient surpris de la réélection de Trump, souligne Fabrice Brion. Pour moi, c’était une évidence. Si cela ne correspond pas à nos standards européens, c’est le fruit d’un exercice démocratique remarquable, ce qu’il faut souligner.”  

Le CEO d’I-care estime encore qu’il est “un peu facile pour les Européens de jouer les donneurs de leçons”. “Nous avons un système qui nous protège énormément des aléas économiques, explique-t-il. Aux États-Unis, ils n’ont pas cette protection. Ce qui a été mis en place sur le plan social par les démocrates reste ridicule en termes de montants par rapport à ce qui existe chez nous. L’économie et l’inflation ont joué un rôle prépondérant dans le vote des Américains. Nous pouvons nous permettre de nous baser davantage sur l’idéologie et les idées sociétales, grâce à cette protection.” C’est une différence majeure que l’on a tendance à oublier de ce côté-ci de l’Atlantique.  

L’impact sur l’Europe ? “Je n’ai pas attendu la victoire de Donald Trump pour dire que nous devons prendre notre destin en main. Nous devons nous réindustrialiser et arrêter d’attendre que les autres décident pour nous. Nous devons retrouver de l’ambition.”  

Je n’ai pas attendu la victoire de Donald Trump pour dire que nous devons prendre notre destin en main. Nous devons nous réindustrialiser et arrêter d’attendre que les autres décident pour nous. Nous devons retrouver de l’ambition.

Les équilibres changent

Ce discours, ne l’entend-on pas depuis 10 ans ? “Cela fait longtemps que je le dis, mais depuis le covid, le monde change à une vitesse extraordinaire et nous ne changeons pas suffisamment. Ou trop lentement. Vu ce qui va se passer aux États-Unis, nous n’avons plus le choix. Récemment, lors du sommet des Brics en Russie, il y avait quand même 53% de la population mondiale qui y était représentée. Les équilibres changent et nous restons les bras croisés. Comme si nous ne voulions pas voir la réalité…”  

L’opinion de l’Europe de l’Ouest n’est pas partagée partout, prolonge Fabrice Brion. “Je voyage beaucoup en Europe de l’Est en raison de mes origines et parce que nous y sommes implantés. En Pologne, il y avait une adhésion de 90% de la population à Donald Trump parce qu’à leurs yeux, c’est lui qui va les protéger de Poutine, arrêter la guerre en Ukraine et régler la question des réfugiés. Je ne dis pas qu’il va le faire, mais c’est la perception que l’on en a là-bas. Or, ce sont des pays qui connaissent une forte croissance économique. Le Premier ministre polonais Donald Tusk, que l’on qualifie de grand démocrate, est très proche de Trump. C’est l’Europe aussi, et ce discours s’applique en Hongrie, en Slovaquie ou en Tchéquie. Dans ces pays, on n’est pas gêné de dire que l’on va chercher la prospérité en Chine.”  

Manque-t-on de pragmatisme ?

Manque-t-on de pragmatisme ? “Nous sommes d’abord un peu naïfs, et ensuite nous manquons de pragmatisme, oui.” Il est vital de propager ses vertus tout en veillant à défendre ses intérêts, estime-t-il. “La population ne pourra pas adhérer à un projet européen, dont je suis intimement convaincu, si l’on ne propose que du sang et des larmes ! Il faut de la prospérité. On a toujours dit que l’Europe offrait de la stabilité et protégeait de la guerre, mais elle est à nos portes. L’Union a échoué dans ce défi sécuritaire. Elle doit se rattraper et proposer une vision pour le futur.”  

La solution, c’est “plus d’Europe”, dit Fabrice Brion. Le CEO se déclare “éternel optimiste” et trouve des raisons d’espérer dans l’élection de Donald Trump. “Mon rôle de CEO, c’est d’adapter ma société le plus rapidement aux changements du monde. Il y a eu celui chez les Américains sur lequel je ne pouvais pas peser. Mon objectif, c’est d’en tirer le meilleur profit possible.”

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