Retour de Trump: “L’Europe doit se prendre en charge”, pour Bernard Delvaux (Etex)

Bernard Delvaux, CEO d'Etex.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Trends Tendances interroge des patrons belges au sujet du retour de Donald Trump. Bernard Delvaux (Etex) partage cette “certitude” : “l’Europe doit se prendre en charge, que ce soit en matière stratégique ou de défense. Nous avons besoin d’une Europe autonome et forte, ce qui nécessite une autre dynamique.”

Etex, l’entreprise dont Bernard Delvaux est le CEO, ne devrait pas être directement impactée dans son business par le changement de régime états-unien. Active dans le secteur des matériaux de construction, elle est présente partout dans le monde, fortement enracinée en Europe et profite pour l’instant d’une forte croissance en Australie. “Nous avons relativement peu de business aux États-Unis, ce qui est dû à l’historique de l’entreprise, acquiesce-t-il. Nous ne serons donc pas directement concernés. En revanche, il ne faut pas sous-estimer l’impact général que Donald Trump peut avoir sur l’économie mondiale. Il a reçu un mandat clair avec le Sénat et la Chambre aux mains des républicains, il a la capacité d’agir fortement.”  

Sa politique pourrait avoir un impact majeur pour l’industrie mondiale. “S’il concrétise ses menaces de mettre en place des barrières douanières importantes, cela ne restera pas sans conséquences, estime Bernard Delvaux. Si cela concerne la Chine, des flux importants de produits pourraient être redirigés vers l’Europe, comme ce fut le cas avec les voitures électriques. Sauf si nous réagissons en décidant de rétorsions similaires. Un autre exemple ? De nombreux producteurs se sont installés au Mexique : s’ils sont frappés comme Trump le promet, ils se tourneront vers l’Amérique latine. Avec, en retour, un impact important sur l’inflation aux États-Unis.”  

Si Trump concrétise ses menaces de mettre en place des barrières douanières importantes, cela ne restera pas sans conséquences.

Le deuxième effet majeur concernera la politique extérieure, craint Bernard Delvaux, à l’unisson de ses collègues CEO. “S’il met à exécution sa menace de stopper l’aide à l’Ukraine et d’arrêter rapidement la guerre avec des cessions territoriales, cela mettra l’Europe dans une situation compliquée. Ce sera perçu comme un soutien à cette première étape de l’agression décidée par Poutine. Le soutien des États-Unis à Israël et la confrontation possible avec le monde arabo-musulman pourraient provoquer également des dommages, ne fut-ce que sur le prix de l’énergie.”  

Combien de temps pourra-t-on encore compter sur les États-Unis?

Bernard Delvaux partage cette “certitude” : “l’Europe doit se prendre en charge, que ce soit en matière stratégique ou de défense. Combien de temps pourra-t-on encore compter sur les États-Unis? Dans le domaine industriel ou technologique, nous avons sous-investi depuis 50 ans. Nous avons besoin d’une Europe autonome et forte, ce qui nécessite une autre dynamique. S’il y avait encore un doute, avec cette élection de Trump, j’espère qu’il est définitivement levé.”  

L’économie européenne sort fortement affaiblie des différentes crises (covid, guerre en Ukraine, crise énergétique, inflation). “Plus grand monde ne conteste notre déclin, conclut-il. Charles Michel, président sortant du Conseil européen, a déclaré qu’il faut rebâtir un grand projet collectif et redessiner une vision d’avenir pour l’Europe. Évidemment !”

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