Les multiples casquettes 
de GuiHome

GuiHome
Guillaume Wattercamps, alias GuiHome : un entrepreneur 
qui a su bien s’entourer. © D.R.

De son vrai nom Guillaume Wattecamps, GuiHome n’est pas que l’humoriste qui croque nos tranches de vie dans des capsules désopilantes : il est aussi producteur, fondateur d’un festival du rire, patron d’une agence de pub et d’une marque de mode et propriétaire d’un resto à gaufres. Portrait d’un entrepreneur avisé qui se décrit comme un vrai zinzin.

Ce mercredi 20 mars débutera à Namur la troisième édition de “Namur is a joke“, un festival du rire qui va envahir toute la ville avec une quarantaine de spectacles et de concerts. A côté de vedettes confirmées comme Alex Vizorek, Jarry, Anthony Kavanagh, Laurence Bibot ou Ahmed Sylla, il donne une place essentielle à des artistes émergents. Lancé au printemps 2022, à la sortie de la pandémie, le festival a rapidement trouvé son public. L’an dernier, 12.000 festivaliers ont assuré un taux de remplissage de 90 % aux différents spectacles proposés. Derrière cette réussite se cache le régional de l’étape : Guillaume Wattecamps, alias ­GuiHome, né dans la capitale wallonne en 1992. Toujours affublé, depuis son plus jeune âge, d’un bonnet ou d’une casquette, l’homme n’est pas qu’un petit comique dont les capsules collectionnent les millions de vues et dont les spectacles se jouent à guichets fermés : il est aussi devenu au fil du temps un entrepreneur avisé qui a su bien s’entourer.

Des gaufres… à la tour Eiffel

Au sortir de ses études secondaires au collège d’Erpent, GuiHome souhaite s’orienter vers le théâtre mais l’école namuroise qu’il a choisie doit fermer faute de subsides. Le voici donc parti pour Paris… “J’ai été accepté dans plusieurs cours de théâtre et de cinéma, raconte GuiHome. J’avais dit à mes parents que j’allais me débrouiller tout seul pour survivre. Et je me suis retrouvé, pour gagner ma vie, à faire des gaufres et des crêpes dans un kiosque au pied de la tour Eiffel. Je bossais tellement que je n’allais plus aux cours. A quoi bon rester, alors ? Au bout d’un an et demi, je suis rentré en Belgique et j’ai entamé des études en communication à l’ISFSC, à Bruxelles. Il n’y avait aucun but précis à ces études, juste la promesse faite à ma maman d’avoir un diplôme.”


Comme pendant ses humanités, Guillaume Wattecamps, assez rétif à l’autorité, s’embêtait ferme dans la haute école. Il lui fallait un truc en plus. Pour déconner, il a commencé, sur sa page Facebook, à faire des vidéos qui se moquaient des études. “Au départ, c’était destiné à mes copains de classe, se souvient-il. Mais ce truc a pris une tournure de malade dans toutes les écoles. J’étais le mec qui disait tout haut ce que tous les étudiants pensaient tout bas. J’ai découvert que ma voix était particulière et que mon look, avec mon bonnet ou ma casquette, plaisait. GuiHome s’est construit en quelques mois. J’ai eu mon diplôme quand même ! Après, je suis parti en tournée avec le premier spectacle.”

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GuiHome vous détend sur scène s’est joué à guichets fermés de 2015 à 2017. La captation télé a réalisé la meilleure audience TV de l’année 2017. Plus dure fut ensuite la chute… “Nous, les artistes, nous aimons bien nous angoisser et nous taper la tête contre les murs, sourit GuiHome. Et j’ai, de fait, entamé une longue période de réflexion. Il fallait que je sorte du personnage de l’étudiant. En attendant, j’ai créé une société avec un ami d’enfance. Nous fournissions des bars à cocktails pour des événements publics, comme des festivals corporate pour les entreprises et même, privés. Les gens qui me croisaient se demandaient ce que faisait derrière un bar le mec qui les avait fait rire sur scène. C’était l’image parfaite de ma propre confusion.”

Communication digitale

Guillaume Wattecamps émerge de son brouillard en 2019. Il lance d’abord avec sa sœur No Pictures Please, une agence de communication digitale et événementielle. Elle existe toujours aujourd’hui, même si elle a fortement évolué. “A l’origine, l’idée était de soutenir les influenceurs dans leur conquête du digital, se souvient-il. Aujourd’hui, nous accompagnons les entreprises dans leur organisation d’événements et dans la gestion de leur image digitale. Il ne faut pas se voiler la face, la réussite de cette agence s’est nourrie du succès de GuiHome. En même temps, je dis toujours que tu as beau être Johnny Depp, si tu ne fournis pas ce que tu as promis, tu te feras jeter quand même. Cela relativise ton influence et souligne l’importance des pros que tu as engagés pour travailler avec toi.”


Avec l’agence et les bars, le personnage de GuiHome était amené à mourir de sa belle mort. Mais la pandémie va tout changer. “Ma sœur m’a dissuadé. Elle affirmait qu’à minima, je devais encore faire un spectacle différent de l’autre. J’ai craqué et je me suis mis à écrire. Parallèlement, une collaboration avec la RTBF pour des capsules vidéo s’est mise en place. Et puis patatras !, le covid s’est pointé et la tournée prévue a été annulée. Je me suis retrouvé seul face à moi-même et j’ai appris à me connaître. Le confinement m’a permis de trouver ce que je voulais pour moi-même. L’étudiant a fait place au citoyen lambda qui réagit face au monde qui l’entoure, aux décisions politiques, etc. Certaines vidéos ont dépassé les trois millions de vues ! Il n’était plus question de tuer GuiHome.”

Des tonnes de vêtements

L’annulation de la tournée en ­raison de la pandémie a eu une conséquence inattendue : ­Guillaume Wattecamps s’est retrouvé avec des caisses et des caisses de t-shirts, casquettes et autres sweat-shirts sur les bras. Du matériel promotionnel pour une tournée qui n’aurait pas lieu. De cette situation est née Oui&Non, une marque de vêtements éthiques gérée par l’artiste avec Maya, sa plus fidèle collaboratrice. L’initiative a commencé comme un site de vente du matériel promotionnel et poursuit, depuis, un joli bonhomme de chemin avec deux collections par an. Celle de l’été 2024 sera disponible le mois prochain. A l’issue de la pandémie, l’artiste est reparti sur les routes et son deuxième spectacle, GuiHome vous détend LeGrand, s’est joué à guichets fermés jusqu’à la fin de l’année dernière. Dans l’intervalle, l’émission Comme à la ­maison est née sur Tipik. ­GuiHome s’y moque des situations de colocation et en profite pour mettre en avant de jeunes artistes émergents. Parallèlement, il se lance dans la production puisqu’il accompagne d’autres artistes comme Nicolas Lacroix ou le DJ A.R.T. dans leur développement. Prochaine destination ? La France et le reste de la francophonie. “La France n’a jamais été une obsession même si je peux comprendre que pour d’autres, elle s’apparente à une consécration. A cause d’une vidéo sur les attentats de Bruxelles que Laurent Ruquier a diffusée dans On n’est pas couché, j’ai fini par me retrouver aux Enfants de la Télé puis aux Grosses Têtes de RTL. Je suis un invité permanent aujourd’hui et d’ici à la fin juin, je vais faire trois ou quatre émissions par mois. Cet automne, je lance une tournée du deuxième spectacle dans toute la francophonie, en commençant par le Canada. On a effectué une vingtaine de dates tests, notamment à La Cigale à Paris ou au Sébastopol à Lille et tout a toujours été complet. Nous, les artistes issus des réseaux, nous n’avons jamais eu de problèmes à remplir des salles vu le public qu’on touche. Je n’en ai que plus de respect pour les comédiens qui réussissent en commençant par le stand-up. Toute cette tournée est coproduite par le Français Jérémy ­Ferrari. C’est une coproduction car comme je suis rétif à l’autorité, j’aime garder une part d’indépendance. Mais faire appel à un pro qui connaît bien les rouages de la France, c’est essentiel. Jérémy et moi, et je dis cela pour les fans, nous ne nous projetons sur rien à deux au-delà de cette tournée.” 
Comme si tout cela ne suffisait pas déjà, Guillaume Wattecamps s’est aussi lancé dans l’horeca à la fin de l’été dernier. Via l’agence de pub, il accompagnait Guillaume Gersdorff dans ses développements. La famille Gersdorff est bien connue dans l’horeca namurois avec, entre autres, un hôtel de luxe à la Citadelle (NE5T), un restaurant étoilé (La Plage d’Amée) et un bistrot axé sur la durabilité au Delta, la nouvelle maison de la culture (La Table de Demain). Les deux Guillaume ont décidé de lancer un établissement appelé Ta Mère La Gaufre.

Des gaufres… à Namur

“Nous sommes deux Guillaume qui avons fait des gaufres dans notre jeunesse !, sourit GuiHome. Lui, c’était avec son papa dans le pavillon belge de l’Exposition universelle de Shanghai. L’idée était de faire un truc fun qui fasse briller notre ville natale. Nous avons imaginé un moule qui représente la confluence et l’entrée de la Sambre dans la Meuse. Guillaume a créé une recette qui se rappro­che de la gaufre de Bruxelles, mais en plus moelleuse et capable d’accommoder le sucré et le salé. C’est LA gaufre de Namur, nom de dieu ! (rires) Quant au nom, il est un hommage à nos mamans et à nos grands-mères mais aussi une référence à cette expression bien connue chez nous : ‘rentre chez toi, ta mère a fait des gaufres !’” A peine installé, le concept fait un tabac et un deuxième établissement devrait ouvrir sous peu dans le Brabant wallon. Vu le côté durable et locavore (local et de saison, Ndlr) de la démarche, les deux associés n’entendent pas aller au-delà de quelques établissements dans les grandes villes wallonnes.

En compagnie de Guillaume Gersdorff, son associé dans le concept horeca “Ta mère La Gaufre” à Namur.

Artiste en tournée, producteur, cheville ouvrière d’un festival, directeur d’une agence de pub et d’une marque de mode, animateur télé, patron d’un concept horeca, GuiHome semble transformer en or tout ce qu’il touche. Car, oui, toutes les sociétés nées de ses initiatives sont rentables et occupent 40 personnes, dont 10 salariés. “Je dirais plutôt ‘tout ce que NOUS touchons’, conclut Guillaume Wattecamps. Je suis un vrai zinzin et je le revendique. J’ai une idée par jour et si elle me reste en tête pendant une semaine, il faut la réaliser. Mes équipes vivent au rythme de mes idées et pulsions. Elles apportent le cadre et le côté raisonnable. Mais comme j’ai la main dans tout, il faut s’organiser. Chaque société a un code couleur dans mon agenda et on utilise mon temps de la meilleure manière possible. J’ai un responsable dans chaque activité et je communique tous les jours. Par WhatsApp si c’est urgent, à défaut, par mail. Quant aux réunions, c’est du digital le plus souvent. Si toute ma vie avait dû dépendre de ma gueule et de la scène, je serais devenu taré. Ces autres projets diminuent les risques et démontrent qu’on n’est rien tout seul.”

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