L’ancien CEO de Jumbo, Frits van Eerd, condamné à deux ans de prison ferme

Frits van Eerd © Belga
Muriel Lefevre

Frits van Eerd, l’ancien CEO de Jumbo, a reçu une moto de cross et du matériel coûteux en échange de contrats de sponsoring. Pour pas d’arrangement à l’amiable, mais une peine deux ans de prison. La justice néerlandaise a choisi de frapper fort l’ancien golden boy du retail hollandais.

Le tribunal néerlandais de Groningue a condamné Frits van Eerd, ex-directeur général de la chaîne de supermarchés Jumbo, à une peine de deux ans de prison ferme. Il a été reconnu coupable de blanchiment d’argent, de corruption et de falsification de documents.

 Le juge a estimé que van Eerd, l’un des entrepreneurs les plus emblématiques du retail néerlandais, avait entretenu durant plusieurs années des liens étroits avec des individus du milieu criminel, notamment Theo Eggens, un concessionnaire automobile déjà condamné par le passé, et coaccusé dans cette affaire. Eggens a été, quant à lui, condamné à trois ans et demi de prison.

Une moto de cross et des coffres à outils de luxe

L’affaire a débuté en septembre 2022, après une perquisition menée dans les bureaux de van Eerd par la police et le service fiscal FIOD. L’enquête a révélé que le dirigeant aurait utilisé sa position à la tête de Jumbo pour faciliter des contrats de sponsoring opaques, en échange de cadeaux personnels (notamment une moto de cross et du matériel de valeur). Le tribunal estime que van Eerd a intentionnellement conservé des liens avec Theo Eggens, un intermédiaire issu du milieu des sports mécaniques, lui-même condamné à 42 mois de prison. Plus qu’un simple abus de pouvoir, la justice néerlandaise a mis en évidence un système de financement parallèle, mêlant sponsoring sportif, fausses factures et espèces non déclarées. Une somme de 450.000 euros en liquide, retrouvée au domicile de van Eerd, n’a jamais pu être justifiée de manière crédible.

Le tribunal a jugé qu’il avait abusé de sa position de dirigeant pour commettre ces délits.

Ancien golden boy du secteur de la distribution

Cette affaire suscite des interrogations, car van Eerd était considéré comme un entrepreneur à succès. À la tête de Jumbo depuis le début des années 2000, il a transformé une petite chaîne régionale en numéro deux du marché néerlandais, notamment grâce à des acquisitions majeures (Super de Boer en 2009 et C1000 en 2011).

Si van Eerd a été contraint de quitter la direction de Jumbo en 2022, il reste actionnaire à hauteur d’un tiers du groupe, dont les deux sœurs détiennent le reste du capital. Avec un chiffre d’affaires annuel de près de 10 milliards d’euros, Jumbo constitue le numéro deux de la distribution alimentaire aux Pays-Bas, juste derrière Albert Heijn.

Un coup dur pour l’image de Jumbo

Son incursion dans le sponsoring sportif, avec la célèbre équipe cycliste Jumbo-Visma, lui avait offert une visibilité internationale. L’arrivée du coureur belge Wout Van Aert visait même à soutenir les ambitions d’implantation de Jumbo sur le marché belge. Mais les pratiques mises au jour dans ce dossier jettent aujourd’hui une ombre sur cette stratégie de branding agressive.

Une jurisprudence symbolique ?

La justice néerlandaise a choisi de frapper fort, sans recourir à une transaction à l’amiable, montrant ainsi sa fermeté face à la criminalité en col blanc. La condamnation est même plus sévère que celle requise par le ministère public, qui avait demandé deux ans de prison, dont huit mois avec sursis.

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