Celui qui pilote depuis 10 ans les finances de Puratos succède à Koen Stickers (Aliaxis) qui avait remporté l’an dernier cet award décerné par les magazines Trends et Trends-Tendances. Le jury a également distingué Xavier Deedene (Gantrex) et Mathias Christiaens (Pollet Group), qui remportent le prix du CF’Hope of the Year. Et les trois Deals of the Year récompensent des opérations signées World of Talents, Team.blue et Cluepoints.
Pour sa 14e édition, le prix du CFO of the Year 2025 a distingué Jean-Philippe Michaux, directeur financier de Puratos depuis 2014. Il s’est finalement imposé devant Davy Vreys (Brussels Airport) et Fabien De Jonge (CFE), qui étaient eux aussi deux sérieux candidats au titre. Il succède ainsi à Koen Stickers (Aliaxis) qui avait remporté l’an dernier cet award.
Plusieurs éléments ont motivé la décision du jury, présidé par Isabelle Van Iseghem (CEO de Securitas Technology), et parmi eux, il y a la très large dimension que Jean-Philippe Michaux a donnée à sa fonction.
De 1 à 5 milliards
Jean-Philippe Michaux rejoint Puratos en 2010, et dès son arrivée, il occupe le poste de directeur de l’audit interne, une fonction qui lui offre une immersion profonde dans les rouages de ce groupe familial plus que centenaire, spécialisé dans les ingrédients et les services pour l’industrie de la boulangerie, de la pâtisserie et du chocolat. Pendant deux ans, il parcourt les 65 pays où Puratos était alors implanté (aujourd’hui, le groupe est présent dans 84 pays). Une expérience qu’il qualifie de “très belle aventure”. Ce rôle lui permet de prendre le pouls des spécificités des marchés locaux et de tisser des liens avec les équipes internationales, une richesse qu’il mettra à profit par la suite.
En 2014, il devient le directeur financier ou plus exactement Group Director of Finance, ICT & Legal Affairs. Ses responsabilités dépassent donc largement le strict cadre financier : il supervise les départements de développement durable, juridique, fiscal, transformation numérique et informatique, orchestrant une équipe d’environ 180 personnes en Belgique, dont une trentaine en finance, et plus de 600 collaborateurs à travers le monde. Une fonction qui est également essentielle pour développer le plan stratégique très ambitieux qui vise à faire passer son chiffre d’affaires de 1 à 5 milliards entre 2010 et 2030. “L’entreprise est aujourd’hui en phase avec cette trajectoire (elle a atteint 3 milliards en 2023), portée par une croissance moyenne annuelle de 8% (6% de croissance organique, 2% de croissance externe)”, se réjouit le CFO.
Un partenaire plutôt qu’un contrôleur
La stratégie gagnante de Puratos repose sur l’innovation, la durabilité, la santé et la digitalisation. Et naturellement, le CFO en est un moteur essentiel. Jean-Philippe Michaux se décrit d’ailleurs comme un business partner accompagnant les autres départements dans leurs projets plutôt qu’un contrôleur financier.
Puratos se distingue ainsi par un effort marqué sur l’innovation : sur les 11.000 employés du groupe, 1.300 sont attachés à la R&D. “Cette force créative est très importante, souligne Jean-Philippe Michaux, car elle permet au groupe de proposer des solutions inédites, comme des pâtisseries à teneur réduite en sucre ou des produits à base végétale diminuant l’impact environnemental. La finance soutient ces initiatives en mesurant non seulement leur rentabilité, mais aussi leur empreinte écologique.”
Par ailleurs, Jean-Philippe Michaux joue également un rôle actif dans Sparkalis, le fonds foodtech lancé par Puratos en 2021. Ce véhicule d’investissement, créé pour soutenir des start-up dans l’innovation alimentaire, la durabilité et la digitalisation, reflète sa capacité à penser hors des sentiers battus. Depuis son lancement, Sparkalis réalise trois à quatre acquisitions par an.
Jean-Philippe Michaux a également piloté une transformation numérique significative au sein du département finance. En adoptant des outils comme le process mining, Puratos a optimisé ses flux financiers, réduisant les tâches répétitives grâce à l’automatisation.
Des projets sociétaux win-win
Et cette stratégie vise à allier performance et durabilité. Car Jean-Philippe Michaux est spécialement attentif à la durabilité, à l’engagement environnemental et à l’importance sociétale qui anime le leader belge. Sous son impulsion, Puratos adopte des objectifs ambitieux, comme la neutralité carbone annoncée dès 2016, bien avant que les enjeux climatiques ne dominent le débat public.
“Depuis quelques années, par exemple, nous offrons des produits qui permettent de réaliser un cake ou une brioche en réduisant de 45 ou 50% l’impact environnemental de cette production. Nous remplaçons les œufs par des solutions végétales, nous diminuons la teneur en sucre pour améliorer la santé et le bien-être. Et le département finance s’amuse à mesurer tout cela.”
Le programme Cacao-Trace illustre l’engagement de Puratos. Lancé il y a une décennie, ce projet a pour objectif d’améliorer les conditions de vie des producteurs de cacao, qui vivent dans une telle précarité qu’ils songent à délaisser leurs exploitations. Cacao-Trace, initié il y a 10 ans, est donc un programme qui soutient 23.000 fermiers dans 10 pays via des primes qualité et un “Chocolate Bonus” de 10 cents par kilo de chocolat Cacao-Trace vendu. Ce dernier est versé directement aux agriculteurs.
“Ce choco bonus représente trois à quatre mois de salaire supplémentaire pour ces fermiers, heureux de donner en héritage leur plantation à leur famille, explique Jean-Philippe Michaux. Grâce à ce programme, nous avons lancé un marché nouveau, celui du chocolat durable, poursuit-il. Et ce qui est une fierté pour nous, c’est que ce programme est durable et robuste face aux crises. Pendant le covid, les ventes des producteurs du programme n’ont pas chuté. Même l’année passée, malgré les fortes fluctuations du prix du cacao, ce marché a continué à grandir.”
Écoles de boulangerie
Une autre initiative marquante de Puratos est la création d’écoles de boulangerie permettant à des jeunes vivant dans des pays pauvres de trouver un travail et de sortir de l’extrême pauvreté.
“L’idée nous est venue en 2012 sur le chemin de l’aéroport de Mumbai, en voyant ces familles vivant dans des conditions indécentes, explique Jean-Philippe Michaux. Nous visitions un client emballé par nos solutions de boulangerie, mais qui n’avait personne pour les mettre en œuvre : il n’y avait pas d’école de boulangers. Nous avons alors eu l’idée de créer une école pour donner un futur à ces jeunes, changer leurs conditions de vie, et en même temps aider nos clients à développer leur business.”
“Notre objectif, d’ici 2030, est d’avoir 20 écoles de boulangerie qui permettront de former 1.000 étudiants par an.” – Jean-Philippe Michaux (Puratos)
L’initiative a fait des petits. Puratos a désormais créé 13 écoles de boulangerie, dans 12 pays aussi différents que l’Inde, l’Éthiopie ou les Philippines, “et notre objectif, d’ici 2030, est d’avoir 20 écoles qui permettront de former 1.000 étudiants par an”, souligne le CFO, témoignant ainsi que, pour lui et Puratos, la vision financière dépasse largement l’horizon des lignes d’un tableau Excel.