Cette obsession qui a contraint Carlos Tavares à la démission “immédiate” chez Stellantis
Le CEO du groupe automobile a porté toute la croissance de Stellantis jusqu’à ce qu’il devienne un monstre mondial, à coup de réductions de coûts et de marges plantureuses. Son obsession des deux chiffres aurait finalement eu raison de lui.
Quelque chose a définitivement changé dans le secteur automobile. La démission “immédiate” et contrainte de Carlos Tavares, CEO de Stellantis, le symbolise plus que tout.
Cet homme autoritaire aura accompagné la croissance de ce groupe en un monstre mondial. Après avoir dirigé Renault, il prend la tête de PSA en 2014, un groupe moribond et secoué par la crise des subprimes qu’il redresse d’une main de fer.
Suivent le rachat d’Opel en 2017, puis la naissance de Stellantis après la fusion avec Fiat Chrysler en 2021, pour former Stellantis, le monde est à ses pieds.
Rien ne semble pouvoir l’arrêter. Sauf cette invasion de véhicules électriques chinois qui déferlent sur l’Europe. En septembre 2024, le conseil d’administration prépare sa succession, mais Carlos Teveres était bien déterminé à mener un “sprint” jusqu’à sa retraite, début 2026.
Le conseil d’administration n’a pas attendu jusque là et l’a forcé à une démission “avec effet immédiat”, annoncée dimanche soir.
Un “obsession” dépassée
Ces derniers mois, sa “méthode” à base de réduction des coûts et d’hyperperformance, qui avait fait les beaux jours de Stellantis, était de plus en plus critiquée, singulièrement en France, mais aussi en Italie où les relations étaient tendues avec le gouvernement de Giorgia Meloni.
Face au “sprint” de Carlos Tavares, John Elkann, président du groupe et héritier de la famille Agnelli, juge nécessaire que le comité exécutif temporaire privilégie autrement “l’intérêt à long terme de Stellantis et de l’ensemble des parties prenantes”. Une façon d’apaiser les choses.
Alors que le contexte du secteur était difficile, des “divergences de vue” sont apparues entre la direction générale et les actionnaires. Les trois premiers détenteurs d’actions Stellantis sont la famille Agnelli, fondatrice de Fiat, avec 14,2 % du capital, la famille Peugeot, avec 7,1 % et Bpifrance, la banque publique détenue par l’Etat et la Caisse des dépôts, avec 6,1 %.
L’obession de Carlos Tavares à réduire encore et toujours les coûts pour obtenir des marges à deux chiffres aura eu raison de lui. “Stellantis confirme ses objectifs présentés à la communauté financière le 31 octobre 2024”, indique le communiqué. Mais les marchés ont été prévenus: la marge retombera “entre 5,5% et 7%.
Désormais, place au “long terme” et à la désignation de son successeur. John Elkann assurera l’interim.
Selon Le Monde, deux personnalités sont pressenties en interne: le Français Maxime Picat, directeur des achats, après avoir dirigé les activités européennes du groupe, et l’Italo-Brésilien Antonio Filosa, le patron de Jeep, nommé directeur des activités en Amérique du Nord en octobre.
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