A quoi ressemblera la vie en prison d’Elizabeth Holmes, star déchue de la Silicon Valley ?

Elizabeth Holmes, ex-CEO de Theranos.

Elizabeth Holmes, fondatrice de la start-up Theranos, va bientôt quitter son confortable domicile californien pour un établissement pénitentiaire pour femmes du Texas. La BBC dévoile ce à quoi pourrait ressembler son quotidien en prison.

Sur son site, la BBC dévoile le quotidien d’Elizabeth Holmes, 39 ans, dans la prison fédérale à sécurité minimale pour femmes du Texas (Federal Prison Camp Bryan) où elle sera bientôt incarcérée. Celle qui était jadis considérée comme une étoile montante de la biotech de la Silicon Valley a été condamnée à plus de 11 ans de prison (135 mois exactement). L’année dernière, elle a été reconnue coupable d’avoir escroqué les investisseurs de sa start-up Theranos spécialisée dans les tests sanguins.

Cette semaine, un juge a rejeté la dernière tentative d’Holmes de rester en liberté tout en faisant appel de sa condamnation. Elle doit commencer sa peine le 30 mai. Holmes n’a pas encore passé un seul jour sous les verrous depuis l’éclatement du scandale.

Levé tous les jours à 6 heures

L’établissement qu’elle intégrera s’étend sur 37 hectares. Il accueille plus de 500 détenues, la plupart sont des “délinquantes en col blanc”, qui purgent une peine pour des délits non violents.

La vie dans l’établissement fédéral est centrée sur le travail et les programmes extrascolaires, selon le manuel de la prison que la BBC a consulté.  L’ex-femme d’affaires aura des colocataires en prison. Les détenues sont en effet généralement logées dans des dortoirs à deux lits superposés et dans des cabines de quatre à huit personnes, selon Pink Lady Prison Consultants, un groupe de conseil sur les prisons dirigé par d’anciens détenus.

Toutes les détenues sont censées travailler. Elles gagnent entre 12 cents et 1,15 dollar (1,07 euro) de l’heure. Nombre d’entre elles travaillent dans les services de restauration et dans les usines du réseau pénitentiaire (UNICOR). En dehors de leur travail, les détenues peuvent suivre des cours de commerce et de langues étrangères, regarder la télévision, faire du sport ou assister à des offices religieux, selon le manuel.

Le lever se fait tous les jours à 6 heures du matin. Holmes disposera d’une heure pour chaque repas dans l’établissement. Le menu standard du Bureau fédéral des prisons (BOP) est composé d’aliments tels que du poulet, des hamburgers, des hot-dogs, des tacos ou encore, des macaronis.

Niveau vestimentaire, son style sera aussi fortement différent de celui qu’elle avait dans la vie civile, sans toutefois rappeler l’uniforme orange de l’ « inmate » Piper Chapman, l’héroïne de la série à succès Orange is the new Black qui se déroule dans l’univers carcéral.

Holmes troquera ses tailleurs élégants contre un uniforme complètement kaki fourni par l’administration pénitentiaire.  Le manuel stipule que l’uniforme « doit être maintenu de manière soignée et professionnelle ». On peut encore y lire à ce sujet qu’« il est interdit à tous les détenus de porter des vêtements qui ne sont pas fournis par le gouvernement ou achetés à l’économat. Aucun détenu ne peut se voir remettre ou d’avoir en leur possession des vêtements ou des articles en tissu bleu, noir, rouge ou de camouflage (…) Seuls les vêtements vert pastel, gris et/ou blancs peuvent être vendus dans les établissements pour femmes. »

Des règles strictes

Conformément au règlement interne, Holmes pourra parler à sa famille par le biais d’appels vidéo de 25 minutes maximum. Les détenues sont également autorisées à recevoir des visiteurs pendant les week-ends et les vacances. Mais, comme les autres détenues, Elizabeth Holmes ne pourra avoir qu’un contact physique limité avec son partenaire et ses jeunes enfants.

Les règles de l’établissement réservé aux femmes sont assez strictes. Les détenues peuvent faire l’objet de mesures disciplinaires, notamment pour le fait de ne pas garder leur cellule ou leur chambre propre, de dormir après 6 heures, l’heure de réveil général prévue chaque matin, de partager leur forfait téléphonique avec d’autres détenues, ou encore, de quitter une zone pendant l’appel officiel des détenues, qui a lieu cinq fois par jour.

Holmes avec son compagnon.

Le quotidien en prison d’Elizabeth Holmes contrastera grandement avec la vie confortable qu’elle a menée jusqu’à présent. Pour rappel, Holmes a créé la société Theranos à 19 ans en 2003, peu après avoir abandonné ses études à l’université de Stanford. L’entreprise développait une technique d’analyse sanguine très rapide, où une simple goutte de sang prélevée au bout d’un doigt suffit, sans seringue, pour réaliser une analyse sanguine complète. Le concept a paru tellement révolutionnaire que Theranos a attiré des centaines de millions de dollars de capital auprès d’investisseurs de premier plan, dont le magnat des médias Rupert Murdoch.

En 2014, elle avait même fait la une de Forbes, Business Week et Fortune et était régulièrement comparée à Steve Jobs, le fondateur d’Apple. Tout s’est écroulé quand le Wall Street Journal a révélé en 2015 que la technique mise au point par Theranos ne fonctionnait pas et que les déclarations de l’entreprise étaient trompeuses.

Le 3 janvier 2022, elle a été condamnée pour escroquerie envers des investisseurs et condamnée à 135 mois de détention.

452 millions de dommages aux victimes

Outre sa peine de prison, Elizabeth Holmes doit verser 452 millions de dollars aux victimes de son escroquerie. Elle partage cette somme avec l’ex-CEO de Theranos, Ramesh “Sunny” Balwani, qui est également son ex-compagnon. Ce dernier a commencé à purger une peine de 13 ans de prison en avril en Californie.

Jusqu’à 150 ans de prison

Les CEO qui vont en prison pour fraude ne sont pas rares aux Etats-Unis. Le plus connu est Bernard Madoff (décédé en avril 2021), condamné à 150 ans de prison pour avoir trompé des investisseurs et épargnants. Bernard Ebbers, CEO de Worldcom, deuxième opérateur mondial de telecom, a lui aussi été condamné à 25 ans de prison. Il est décédé en 2020. L’entreprise avait annoncé un chiffre d’affaires fictif pour flatter son cours. Dennis Kozlowski, de Tyco International, a lui, fait 25 ans sous les barreaux, pour détournements.

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