Tomber malade pendant ses congés n’est plus une fatalité : depuis 2024, les jours de vacances perdus peuvent être récupérés. Loin d’être anecdotique, ce dispositif connaît un succès particulier en Wallonie, où il concerne déjà quatre PME sur dix, soit le double par rapport à l’année dernière. Mais attention, la récupération est soumise à des règles strictes.
En Wallonie, 12% des travailleurs ont dû replanifier leurs congés en 2025 à cause d’une maladie survenue pendant leurs vacances. Un chiffre deux fois supérieur à la Flandre (6%) et quatre fois plus élevé qu’à Bruxelles (3%). Selon une enquête menée par SD Worx auprès de 523 PME belges en septembre dernier, 39% des PME wallonnes ont déjà été confrontées à cette situation, contre seulement 30% en Flandre et 27% à Bruxelles. Un écart significatif qui suggère que les travailleurs wallons se sont particulièrement approprié ce nouveau droit.
L’évolution est d’autant plus spectaculaire qu’elle représente pratiquement le double par rapport à septembre 2024, lorsqu’une PME sur cinq seulement était concernée. La Wallonie semble ainsi particulièrement friande de ce système de récupération.
Des disparités marquées selon les secteurs
Au-delà des différences régionales, les écarts entre secteurs sont tout aussi frappants. Dans les PME employant majoritairement des ouvriers, près d’une entreprise sur deux (47%) a déjà dû gérer ce type de cas, contre seulement 27% pour celles ne comptant que des employés. La taille de l’entreprise joue également un rôle déterminant : dans les structures de plus de 50 salariés, plus de sept PME sur dix sont concernées.
En moyenne, les travailleurs récupèrent cinq jours de vacances. En Wallonie, cette moyenne se maintient à cinq jours, contre seulement trois à Bruxelles. Dans les entreprises à forte proportion d’ouvriers, le chiffre grimpe même à huit jours. “Cinq jours peuvent sembler peu, mais pour une PME avec une planification du personnel serrée, cela peut vite devenir un casse-tête”, souligne Tulay Kasap, conseillère juridique PME chez SD Worx.

Des conditions strictes à respecter
Si le principe du report semble généreux, sa mise en œuvre obéit à des règles précises. D’abord, seuls les congés légaux et les fermetures collectives sont concernés. Les jours de RTT et les jours fériés en sont donc exclus.
Le travailleur doit impérativement prévenir son employeur dès le début de sa maladie et fournir un certificat médical. Contrairement à la maladie ordinaire, la tolérance du premier jour sans certificat ne s’applique pas ici. L’employeur conserve par ailleurs son droit d’envoyer un médecin contrôleur, y compris à l’étranger. Il est donc crucial de préciser sa localisation exacte si l’on ne séjourne pas à son adresse habituelle.
Lire aussi| Malade ? Voici les règles à respecter
Concrètement, les jours de vacances initialement prévus sont convertis en jours d’incapacité de travail. Le salarié perçoit alors un salaire garanti, comme s’il était tombé malade un jour de travail normal. Ces jours perdus devront être repris dans les 24 mois suivants, toujours en accord avec l’employeur. Il est néanmoins fortement déconseillé de les accoler directement à la fin des vacances initiales, une pratique généralement très mal perçue.
Un phénomène qui n’est plus marginal, surtout au sud du pays
“La mesure sur les jours de maladie pendant les congés n’a pas été instaurée par hasard : les vacances doivent rester un véritable moment de repos”, rappelle Tulay Kasap. Il n’empêche que cela n’a plus rien d’anecdotique. Et les PME ont tout intérêt à établir des règles claires en interne et doivent désormais l’intégrer pleinement dans leur gestion des ressources humaines. Une concertation rapide avec le travailleur et l’équipe s’avère d’autant plus essentielle que l’année avance et que les marges de manœuvre se réduisent. Si ce n’est pas le cas, leur organisation risque d’être des plus chahutée en fin d’année.