LVMH marque le pas au premier trimestre mais se dit prêt à surmonter les droits de douane américains

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Le numéro un mondial du luxe LVMH a marqué le pas au premier trimestre, avec des ventes en baisse de 2% à 20,3 milliards d’euros, notamment aux Etats-Unis où le groupe, qui y réalise un quart de son chiffre d’affaires, se prépare à surmonter les droits de douane décidés par Donald Trump.

“Dans un contexte géopolitique et économique perturbé”, le groupe du milliardaire Bernard Arnault a indiqué lundi rester “à la fois vigilant et confiant en ce début d’année”. “Nous entrons en territoire inconnu avec la suspension de 90 jours (des droits de douane de 20% annoncés par le président américain) dont on peut espérer qu’elle permettra des négociations et peut-être une issue positive. Le pire n’est jamais certain”, a estimé la directrice financière de LVMH Cécile Cabanis lors d’un échange avec des analystes.

“Ceci étant dit, cela ne dépend pas de nous”, a-t-elle souligné.

Légères baisses des ventes aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, les ventes au premier trimestre ont connu “une légère baisse malgré une bonne performance en Mode et Maroquinerie, et en Montres et Joaillerie”, indique LVMH, sans donner de chiffre.

En présentant en février les résultats annuels de 2024, le PDG Bernard Arnault avait déclaré préférer “ne pas (s)’exprimer” sur les droits de douane. “Je préfère essayer d’agir tranquillement”, avait-il dit. Il rentrait alors tout juste des Etats-Unis où il avait assisté en bonne place avec sa fille Delphine, PDG de Dior et son fils Alexandre, directeur délégué de Moët Hennessy, à l’investiture de Donald Trump.

Bernard Arnault avait également expliqué que son groupe était “fortement sollicité” par les autorités américaines pour “continuer (ses) implantations” d’ateliers aux Etats-Unis. Et “dans l’environnement actuel, c’est quelque chose qu’on regarde sérieusement”, avait-il déclaré. LVMH possède trois ateliers Louis Vuitton et quatre ateliers de la marque américaine Tiffany aux Etats-Unis.

Mais entretemps, le président français Emmanuel Macron a appuyé sur le frein, en demandant aux entreprises de suspendre leurs investissements aux Etats-Unis, en attendant d’y voir clair dans la négociation commerciale avec Washington.

“Nous pouvons augmenter la capacité de production de Louis Vuitton et de Tiffany aux Etats-Unis”, a affirmé lundi Mme Cabanis. Louis Vuitton aux Etats-Unis assure une production couvrant “environ un tiers de besoins locaux” et “il y a encore de la capacité.”

Face aux droits de douane, LVMH pourrait aussi envisager des “hausses de prix”. “Il n’y aura pas de solution unique”, a expliqué la directrice financière, “cela peut varier considérablement selon les marques et les catégories au sein de celles-ci”.

Des stocks de vins et spiritueux expédiés

“Évidemment, on a plus de pouvoir de fixation des prix lorsqu’il s’agit de marques de luxe emblématiques, plutôt que dans les vins et spiritueux, où nous devons faire preuve de prudence, ou dans la beauté. C’est donc un travail très précis et important que nous devons faire avec discrétion”, a-t-elle dit. “Pour les vins et spiritueux, nous avons expédié un certain stock (aux Etats-Unis). Ce n’est pas une solution durable, mais cela nous donne un peu de temps pour réfléchir”, a ajouté Mme Cabanis.

En 2024, les Etats-Unis représentaient 34% des 5,86 milliards d’euros de ventes de vins et spiritueux de LVMH, avec des marques comme Moët, Dom Perignon, Hennessy… Au premier trimestre 2025, le chiffre d’affaires de cette division dirigée depuis février par l’ancien directeur financier du groupe Jean-Jacques Guiony, secondé d’Alexandre Arnault, chute de 8% à 1,3 milliard d’euros, tiré vers le bas notamment par les ventes de cognac.

“Le cognac est pénalisé par une demande plus faible en Chine et aux Etats-Unis”, a précisé LVMH, alors que “l’activité Champagne est en léger recul dans un contexte de normalisation continue de la demande”.

A l’échelle mondiale, les ventes de mode et maroquinerie (Louis Vuitton, Dior…), pilier principal de LVMH, ont baissé au premier trimestre de 4% à 10,1 milliards d’euros. Celles de la distribution sélective, qui comprend Sephora et DFS (le “duty free”) sont restées stables à 4,19 milliards d’euros, avec Sephora qui “poursuit sa progression” et dont le réseau de distribution “continue son expansion, notamment en Amérique du Nord”.

Les ventes de parfums et cosmétiques sont stables à 2,17 milliards d’euros, comme l’activité Montres et Joaillerie, à 2,48 milliards.

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