L’Italie, un tissu de PME organisées en “districts” spécialisés
Mutti pour les tomates, Alessi et Kartell dans le design, Illy pour le café… Le “Made in Italy” est avant tout véhiculé à travers le monde par des entreprises de taille moyenne ou intermédiaire, symboles d’un tissu économique italien composé essentiellement de PME.
Selon MonitoraItalia, seules 164 entreprises italiennes dépassent le milliard d’euros de chiffre d’affaires. “Les entreprises ayant un chiffre d’affaires inférieur à 50 millions d’euros — généralement autour de 20 millions– sont très nombreuses en Italie et sont présentes dans pratiquement tous les secteurs, de la mécanique à la fabrication de machines”, explique à l’AFP Andrea Sianesi, doyen de l’école de commerce de Polytechnique (MIP Politecnico) à Milan.
Mais ce sont essentiellement les entreprises de taille intermédiaire, avec un chiffre d’affaires compris entre 50 millions et 1 milliard, qui “font connaître le Made in Italy à travers le monde”, note-t-il.
Mutti, leader italien de la tomate transformée, affiche des ventes autour de 300 millions d’euros, Alessi de 60 millions et le torréfacteur Illy de près de 500 millions annuels.
Selon l’Institut national des statistiques (Istat), sur les 4,39 millions d’entreprises que comptait la péninsule en 2016, 95,2% étaient des micro-entreprises avec moins de neuf employés, 4,7% des sociétés de petite et moyenne taille, tandis que les entreprises de plus de 250 salariés – comme le constructeur automobile Fiat Chrysler (FCA) ou le groupe pétrolier Eni – constituaient seulement 0,1% du total.
Les filières en Italie s’organisent généralement autour d’une entreprise donneuse d’ordre: celles-ci “ont une intégration verticale très faible, ce qui fait qu’elles ont énormément de petits fournisseurs”, ajoute M. Sianesi.
– Distretto” –
Souvent, ceux-ci sont situés dans la même zone géographique, créant ainsi un “distretto” industriel, un district spécialisé dans telle ou telle compétence.
Autour de Bologne s’est ainsi développée une filière autour de la mécanique avec les constructeurs automobiles Ferrari et Lamborghini. Autour de Florence, c’est le monde du cuir avec Gucci et Prada, dans la région des Marches, les meubles modulables, tandis que la Vénétie s’enorgueillit du district de la lunette, autour de Luxottica et Safilo.
“Le district permet d’avoir une certitude sur la qualité, puisque s’y est développé un savoir-faire depuis des décennies”, note M. Sianesi.
Autre avantage: les synergies et la confrontation continue, qui stimule l’innovation, tandis que la taille limitée des entreprises leur permet d’être plus flexibles et de s’adapter plus rapidement que les grandes.
Mais dans le même temps, “leur taille limitée pénalise les projets d’internationalisation. Cela signifie en effet avoir peu de capital pour aller vendre des produits en Chine ou en Amérique du Sud, ou pour décider de construire une usine à l’étranger”, note le doyen, alors même qu’un seul “district peut réaliser un chiffre d’affaires de 1, 2 ou 3 milliards d’euros”.
De même, ce type d’organisation complique la prise de décision, d’autant que les Italiens peinent à s’allier, au contraire des Français, note M. Sianesi, qui plaide pour que les associations patronales les convainquent à travailler davantage ensemble.
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