Lineas cherche des capitaux frais

Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Lineas, qui est l’ex-filiale de fret de la SNCB, mène une campagne pour se recapitaliser à hauteur de 100 millions d’euros, pour financer un plan de relance. Une première tranche a été levée.

Le premier opérateur de trains de fret du pays, Lineas, a conclu un premier accord pour lever du capital. Les actionnaires de l’entreprise, la SFPI (Etat fédéral) et le fonds européen Argo Wityu, qui possèdent respectivement 10% et 90% du capital, devraient avancer 20 millions d’euros sur les 100 millions visés. Le CEO du groupe, Bernard Gustin, conforme l’opération et le travail encore en cours de levée de fonds. « Elle vise à financer le plan de développement de Lineas » dit-il, « un plan qui a été annoncé il y a quelques mois. »

Améliorer la productivité

Le plan prévoit une restructuration des activités, une réduction du nombre de lignes régulières (corridor) pour contrôler la rentabilité. Lineas a souffert notamment de la hausse des prix de l’énergie. Il vise à améliorer la productivité.

Rentabiliser le transport de fret n’est pas aisé, malgré les bonnes paroles des autorités nationales, qui souhaitent encourager un mode de transport moins nocif pour l’environnement, peu émetteur en CO2. L’activité est hautement dépendante de l’infrastructure (rails, gares…), et sensible à ses crises. Les grèves en France, ces derniers mois, ont été particulièrement dommageables.

L’héritier de la SNCB Logistics

La SNCB n’était jamais parvenue à rentabiliser l’activité de fret et a été contrainte à la revendre, car les règles européennes ne lui permettaient plus de la renflouer. Elle l’avait filialisée, avec la société SNCB Logistics, dont le contrôle a été repris en 2015 par un fonds privé, Argo Soditic (devenue Argo Wityu), spécialisé en buy out,  et a changé de nom. La filialisation puis la revente ont permis de revoir le cadre de fonctionnement de l’entreprise, son personnel relève actuellement du secteur de la logistique, et plus du statut SNCB.

En principe le fonds Argo Wityu aurait dû, comme tous les fonds de private equity, revendre sa participation une fois l’entreprise relancée, mais les turbulences de ces dernières années ont manifestement changé ou retardé ses plans. Le groupe avait perdu 56 millions d’euros en 2020 (exercice clôturé fin juin), 4 millions en 2021. La hausse du coût de l’électricité a dû peser sur les résultats de 2022, pas encore publiés. L’homme de la reconstruction de l’entreprise, Geert Pauwels, a quitté le poste de CEO, où Bernard Gustin, ex-CEO de Brussels Airlines, lui a succédé en février 2022.

Doubler la part de marché

Le fret représente environ 8% de part de marché du transport de fret. Le ministre de la mobilité, Georges Gilkinet, espère que cette proportion doublera d’ici 2030. Pour y arriver, les pouvoirs publics financent des investissements d’infrastructure, via Infrabel en Belgique. Il y a du chemin à parcourir : le rail a été dépassé par le fluvial. Le camion reste de loin le mode de transport préféré des entreprises.

Bernard Gustin a l’habitude des dossiers difficiles. Il a travaillé à la reconstruction d’une compagnie aérienne après la faillite de la Sabena, qui est devenue Brussels Airlines, qu’il a dirigée. 

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