L’homme d’affaires tyrolien René Benko a été inculpé mardi pour “faillite frauduleuse” à la suite du placement fin 2023 de son empire immobilier Signa en redressement judiciaire, la plus grande insolvabilité de l’histoire de l’Autriche.
“Dans cette affaire, une première mise en examen pour faillite frauduleuse a été notifiée à René Benko”, a indiqué le parquet anti-corruption (WKStA) dans un communiqué. Les procureurs soupçonnent le magnat de 48 ans, à la fortune estimée avant la faillite par le magazine Forbes à 5,6 milliards d’euros, d’avoir délibérément soustrait 660.000 euros d’actifs aux dépens des créanciers au moment où s’accumulaient les difficultés financières.
Selon les enquêteurs, l’investisseur aurait transféré 360.000 euros à une entreprise propriétaire de sa villa, quelques semaines seulement avant l’ouverture de la procédure de restructuration. Une donation de 300.000 euros a aussi été faite à des proches.
René Benko, qui est placé en détention provisoire à Vienne depuis janvier 2025, risque entre un et dix ans de prison. La date du procès, qui aura lieu à Innsbruck d’où il est originaire, n’est pas encore fixée. Cette première inculpation n’est qu’un aspect des 12 volets de ce dossier tentaculaire.
Les charges
Abus de confiance, escroquerie aggravée, favoritisme, détournement de subventions: une douzaine de prévenus sont dans le viseur du parquet, pour qui le montant total des dommages s’élève à environ 300 millions d’euros. Les enquêtes concernant également l’Italie et l’Allemagne.
Fondé en 2000 par René Benko, Signa avait connu une ascension spectaculaire au point de devenir copropriétaire du célèbre Chrysler Building à New York et de plusieurs prestigieuses chaînes de grands magasins en Europe.
Croulant sous les dettes, le groupe s’est toutefois effondré en 2023 avec la brusque remontée des taux d’intérêts. Sa chute a révélé des failles dans la gestion et des pratiques potentiellement frauduleuses sur lesquelles le parquet est penché.
Signa a été démantelé en vue de rembourser au moins partiellement ses créanciers, originaires d’Europe mais aussi des Emirats arabes unis ou de Thaïlande.