Les Wallons travaillent mais le cadre est déficient
Contrairement aux clichés, les Wallons sont productifs, créent des entreprises et innovent tant et plus. Dans certains domaines, ils supportent même la comparaison avec le nord du pays. Des raisons d’espérer, même si les problèmes structurels restent criants. Tour d’horizon en neuf affirmations.
Le Wallon est entrepreneur mais le cadre n’est pas aussi bienveillant qu’en Flandre. C’est la conviction de Pierre-Frédéric Nyst. “Prenez les contrôles fiscaux, dit-il. On ne vous y embête pas vraiment si vous engagez des gens de la région, si vous avez un rôle social, si vous sponsorisez l’une ou l’autre activité… Bien sûr, si vous ne rentrez pas votre déclaration ou si vous faites de la fraude, vous serez traqué et c’est très bien. Mais au nord du pays, on soutient les entreprises. Il y a aussi en Flandre une bienveillance politique plus forte. Il suffit de voir les aides qui ont été octroyées pendant la crise du covid: quand Bruxelles donnait 10, la Wallonie donnait 25 et la Flandre 120. Chez nous, on avait le sentiment que nos politiques devaient se saigner pour aider les entreprises.”
Pour Bernard Delvaux, le cadre économique est fondamental. “Ce que je remarque, c’est que quel que soit l’entreprise ou l’endroit, les gens réussissent quand ils participent à un projet commun, quand l’énergie de tout le monde est orientée vers le succès et la croissance. C’est cela qui fait la différence. La question que je me pose parfois, est la suivante: a-t-on ce projet commun pour la Région wallonne? La réponse est probablement négative. Peut-on encore le faire? Oui, mais c’est de plus en plus urgent. Et il est de plus en plus difficile de formuler une vision claire parce qu’il y a de plus en plus de volatilité sur le plan économique et que les Etats sont de plus en plus soumis à des contraintes et des pressions extérieures.”
Ces dernières années, certains messages politiques ont été destructeurs, soulignent plusieurs de nos interlocuteurs. “Le discours du PS et du PTB consiste à dire qu’il n’y a pas que le travail dans la vie, conclut Pierre-Frédéric Nyst. D’accord, je veux bien, je peux comprendre que l’on veuille lever le pied à un moment donné. Mais avant de lever le pied, il faut l’avoir enfoncé, non? Si l’on commence sa carrière par lever le pied, cela ne va jamais aller. Travailler n’est pas un gros mot, cela fait partie du contrat social: nous avons des droits et des obligations.”
“A force de dire que l’on va raser gratis, on fait d’énormes dégâts, commente un autre. Il faut, au contraire, dire aux gens qu’ils doivent se prendre en main même si c’est plus risqué politiquement. Pour pouvoir mener des politiques sociales, il faut créer de la valeur. L’image de la Wallonie est davantage abîmée par le monde politique que par le Wallon lui-même.”
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