Les tarifs des voitures électriques ne reculent pas, au contraire

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Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Depuis leur émergence voici une décennie, les véhicules électriques sont toujours aussi onéreux. Les constructeurs préfèrent travailler les performances que les tarifs. Telle est la conclusion d’une étude britannique.

L’automobile électrique est-elle condamnée à rester un véhicule de niche ? C’est la crainte avancée par le bureau britannique Jato, qui a publié une étude relevant qu’en huit ans, contrairement aux espoirs, les modèles à batteries n’avaient pas diminué de prix. Les tarifs ont même parfois augmenté. Ces voitures restent donc plus chères que des véhicules à carburant équivalents.

Jato note ainsi qu’une Renault Zoe, commercialisée à 22.500 euros en France (hors bonus et location de batteries) en 2012, revenait à 26.580 euros en 2019, avec toutefois une meilleure performance. ” La situation est identique pour l’e-Golf en Allemagne et la Nissan Leaf au Royaume-Uni. ”

” Si les fabricants et les gouvernements ne trouvent pas une solution à ce problème, les voitures électriques continueront à jouer un rôle secondaire par rapport à celles à carburant “, conclut le document. Il semble que les constructeurs aient profité du recul du coût des batteries pour donner la priorité à une augmentation de l’autonomie, élément jugé prioritaire pour attirer les clients. La Renault Zoe actuelle propose ainsi une autonomie de 395 km, soit le double de celle du modèle de première génération.

La situation est identique en Europe et aux Etats-Unis. Seule la Chine fait exception. Les prix ont reculé de près de moitié depuis 2011, en moyenne. Grâce ” en grande partie aux incitants financés par le gouvernement central, le lancement de micro-voitures électriques urbaines et de modèles très bon marché “, note l’étude.

L’aide limitée des Etats

L’élargissement de l’offre et les meilleures performances des voitures électriques expliquent la poussée de leurs ventes, tirée, en Belgique, par l’arrivée de la Tesla Model 3. Cette dernière se vend toutefois environ 50.000 euros l’unité. Pour s’imposer, l’automobile électrique devrait proposer un tarif nettement plus bas et se rapprocher du prix de vente moyen de chaque marché (25.939 euros selon Jato, un niveau calculé dans 43 pays). C’est nécessaire pour quitter la part encore très symbolique de ces véhicules dans les immatriculations (environ 1% en 2019 en Belgique). Jato note aussi que l’offre électrique ne compte guère de SUV, alors que ce type de modèle est plébiscité.

Les constructeurs espèrent que les Etats développeront les coups de pouce fiscaux nécessaires pour supprimer l’écart de prix avec les automobiles à carburant. L’Allemagne va augmenter son aide de 4.000 à 6.000 euros par véhicule et prévoit une exemption de la taxe de circulation de 10 ans. La Norvège, très généreuse, applique un éventail de mesures dont aussi une exemption de la taxe de circulation, mais aussi de la TVA. Ces mesures permettent aux véhicules électriques d’être vendus à des tarifs plus compétitifs que partout ailleurs en Europe. Mais le pays dispose des revenus des puits de pétrole. Dans les autres contrées, les finances publiques sont nettement plus limitées. La balle est donc surtout dans le camp des constructeurs.

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