Les savons artisanaux Habeebee veulent séduire les hôtels

Alexia Van Innis a lancé la savonnerie artisanale Habeebee en 2016.

La savonnerie artisanale Habeebee souhaite développer ses activités grâce au B to B. Alexia Van Innis, sa fondatrice, s’est entourée pour l’occasion de deux nouveaux associés : Léonard Pollet et Quentin Berge, qui viennent insuffler un vent de renouveau à la savonnerie bruxelloise.

“Le B to B nous a vraiment aidé à nous redévelopper”, explique Alexia Van Innis, fondatrice de la savonnerie artisanale Habeebee. Après avoir vendu exclusivement aux particuliers pendant près de huit ans, l’entreprise a décidé de se réinventer grâce à des partenariats avec des hôtels belges. “Le retail est extrêmement énergivore”, déplore-t-elle.

Il y a deux ans encore, les produits Habeebee étaient vendus dans plus de 400 points de vente en Belgique. Ce nombre est réduit aujourd’hui à 250. “Il y a énormément de magasins qui ont fermé et certains ont arrêté de commander, car ils ont dû faire des choix également, analyse-t-elle. La concurrence est assez rude.” Si la fondatrice ne renonce pas à la vente au consommateur – les produits Habeebee sont disponibles en ligne (environ 8% du chiffre d’affaires) et en vente directe dans les ateliers situés à Watermael-Boitsfort –, elle n’en fait plus une priorité “pour le moment”.

“Nous souhaitons nous concentrer sur le B to B“, pointe-t-elle. En ligne de mire ? Les hôtels belges qui vont devoir se conformer à l’interdiction, en 2030, des produits cosmétiques et hygiéniques miniatures emballés dans du plastique à usage unique. “Nous sentons notamment que le secteur de l’hôtellerie commence à anticiper cette interdiction”, note la responsable.

Hôtels, salles de gym et entreprises

Habeebee a d’ailleurs développé un premier savon liquide créé pour ces établissements. “L’idée est de vendre sous notre marque et pas en marque blanche”, précise Quentin Berge, nouvel associé d’Alexia Van Innis. “Cela permettra de faire connaître davantage la marque, mais aussi de faire du volume, ce qui est très important.”

Les produits Habeebee sont disponibles dans 12 établissements hôteliers, dont le Mix ou le Made in Louise à Bruxelles, et d’autres nouveaux partenariats seront bientôt annoncés, assurent les responsables. “D’ici trois ans, nous voulons ajouter 2.000 nouvelles chambres, dont 600 rien que pour cette année.” En plus de ce canal, l’entreprise souhaite également développer le créneau des salles de gym premium. Celle qui mettent à disposition des produits de douche pour leurs clients, ainsi que les cadeaux d’entreprise. “Les volumes et la récurrence qu’offre le B to B vont également permettre de financer le développement marketing.”

1.056 savons par jour

Dans son atelier, Habeebee réalise quotidiennement 1.056 savons en huit fournées. “Nous pouvons augmenter nos volumes très facilement puisque nous avons encore la possibilité de tripler notre capacité de production”, ajoute Alexia Van Innis. Le stock est également entreposé dans ce même atelier. “L’avantage est que rien n’est périssable.”

Aujourd’hui, l’entreprise se distingue en deux pôles. La savonnerie, pour laquelle Alexia Van Innis a décidé de s’entourer de deux nouveaux associés, Léonard Pollet et Quentin Berge, afin d’”accélerer”. Ensuite, la HabeebeeCoop, qui vise à développer une filière apiculture durable belge et sur laquelle la fondatrice va se concentrer. “Je pense avoir fait le tour de la savonnerie, explique-t-elle. Il faut pouvoir s’ouvrir à d’autres idées et Leonard et Quentin sont deux personnes idéales pour m’aider à développer Habeebee.”

L’entreprise vient d’ailleurs de boucler une nouvelle levée de fonds de 230.000 euros. Et ce grâce à deux privés qui ont décidé d’investir dans la savonnerie. “Cela va permettre de développer nos deux entités.” Il y a quatre ans, Habeebee avait déjà levé 350.000 euros via un crowdfunding, des business angels et finance&invest.brussels. “Nous avons la chance de pouvoir compter sur un réseau d’apiculteurs passionnés et engagés qui croient en notre projet.”

Autonomie des matières

Cela fait huit ans qu’Habeebee développe des produits de soin comme des savons, des huiles, des baumes, des bougies à base de propolis et de cire d’abeille dans le respect de l’environnement et de l’humain. Alexia Van Innis précise “laisser le miel aux abeilles”. Afin de développer ses produits, l’entreprise s’appuie sur son réseau d’apiculteurs en herbe, les HabeebeeCulteurs, à qui elle propose un accompagnement complet afin qu’ils deviennent autonomes avec leurs propres ruches, allant jusqu’à placer chez les particuliers des abeilles élevées en Belgique.

Les HabeebeeCulteurs, soit déjà près de 200 familles actuellement, s’engagent à donner à la savonnerie la cire et la propolis, que l’on peut récolter sans déranger le cycle de la colonie, en contrepartie de réductions sur les produits de l’entreprise. “Et de pouvoir profiter de leur miel, même si le rendement est moins élevé qu’en apiculture traditionnelle”, ajoute Alexia Van Innis.

Apiculture naturelle

Contrairement à une production classique, l’apiculture naturelle pratiquée par Habeebee laisse les abeilles se nourrir de leur miel. Celui-ci n’est donc pas remplacé par du sucre, qui peut nuire à la santé des abeilles. “Les abeilles surstockent heureusement du miel que l’on pourra récolter sans les priver de nourriture”, précise Alexia Van Innis. Dans l’apiculture naturelle, le rendement moyen annuel passe de 40 à 15 kilogrammes de miel par ruche, ce qui laisse tout de même largement de quoi profiter.

Le réseau d’HabeebeeCulteurs permet aujourd’hui à l’entreprise de subvenir à 30% de ses besoins en cire et propolis.

L’apiculture promue par Habeebee utilise des ruches kenyanes, dites horizontales. Celles-ci sont non seulement moins invasives pour l’abeille puisqu’elles requièrent peu d’intervention humaine, mais leur principal avantage est qu’elles ne contiennent pas de cire gaufrée, ce sont les abeilles elles-mêmes qui produisent leur cire.

“Une apiculture plus naturelle contribue à la survie des abeilles, à réaliser des produits de qualité et à donner plus de sens à cet élevage, que ce soit pour les abeilles ou pour les hommes.” Ce type d’apiculture s’avère beaucoup plus sain pour les abeilles, selon elle, puisque 80% d’entre elles survivent à l’hibernation dans une ruche kenyane, soit bien plus que dans l’apiculture traditionnelle ou intensive.

Réseau d’HabeebeeCulteurs

Le réseau d’HabeebeeCulteurs permet aujourd’hui à l’entreprise de subvenir à 30% de ses besoins en cire et propolis. Pour le reste, l’entreprise est contrainte de s’approvisionner en partie dans les pays voisins. “La demande pour nos produits augmentant, nous avons décidé de développer encore davantage notre propre filière d’apiculture naturelle en Belgique”, lance Alexia Van Innis. L’ambition ? Devenir complètement autonome tout en développant intelligemment son réseau de ruches. “Mettre 500 ruches sur un terrain mènerait à des problèmes de biodiversité”, prévient Alexia Van Innis, qui estime qu’il faut compter une ruche par hectare pour que la colonie se développe correctement. “L’idée serait de pouvoir développer la filière grâce à des entreprises qui veulent améliorer les choses.”

Pour atteindre son objectif de circularité, Habeebee vient de nouer un partenariat avec Tero, qui allie expérience et gastronomie. “Le groupe met à disposition les jardins des lodges et fermes de Tero afin d’installer de nouvelles ruches.” Objectif ? Installer 130 ruches – soit six millions d’abeilles – qui compléteront les 200 déjà en travail. “En contrepartie, Tero utilise le miel pour ses restaurants”, poursuit la responsable. Ce partenariat permettra à Habeebee d’atteindre 50% de circularité. 

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