Les Gazelles namuroises et luxembourgeoises
Elles sont 50 Gazelles à avoir été épinglées en province de Namur et 50 autres en province de Luxembourg. Les lauréats 2011 de chacune des catégories (petites, moyennes et grandes) sont respectivement SD Store, Transnam et Vanden Bergh (Namur) et Simon Jean-Luc, Pierret Distribution et Covalux (Luxembourg).
L’activité économique de la province de Namur se concentre principalement le long du sillon Sambre-et-Meuse et au nord de celui-ci. Sans surprise, c’est dans l’arrondissement de Namur qui compte pour plus de 70 % du PIB de la province que l’on retrouve la majorité de nos Gazelles – c’est le cas de nos quatre lauréats 2011. Le solde se répartit dans les deux autres arrondissements (Dinant et Philippeville). Comme le note l’Agence de développement économique durable en Province de Namur (BEP), “le tissu économique namurois se caractérise essentiellement par un nombre important de PME et d’indépendants. Le secteur tertiaire est le plus représenté (75 %), même si le secteur secondaire est très actif dans des domaines comme l’agroalimentaire, les carrières et les matériaux de construction, la mécanique et les constructions métalliques, la chimie et l’industrie verrière, l’informatique et les Tic, ainsi que le bois”.
Position centrale
Afin d’attirer d’éventuels investisseurs, la province insiste, entre autres, sur son positionnement au coeur de l’Europe. C’est exact mais c’est un atout qu’elle partage avec l’ensemble des provinces du pays. En revanche, elle occupe une position centrale en Wallonie. Ce n’est donc pas un hasard si nombre d’entreprises locales profitent de cette proximité avec le Brabant wallon, le Hainaut, Liège et le Luxembourg belge pour étendre leurs activités. Nos trois lauréats illustrent à merveille cette stratégie d’expansion. Que ce soit SD Store qui étend son réseau de magasins multiservices Sun7 presse à l’ensemble de la Wallonie, avec vues sur la Flandre, Vanden Bergh, le grossiste-distributeur en sanitaire et chauffage basé à Gembloux déjà actif dans le Hainaut, Bruxelles et les deux Brabant, ou la société de transport Transnam qui établit le lien entre les 11 BigMat du groupe Body qui sont implantés d’Orp-Jauche à Recogne.
D’autres Gazelles ont également tissé leur réseau au départ de la province comme JVP, qui depuis son premier magasin Night and Day à Namur, en a ouvert une cinquantaine, ou Menatam, pionnier en le domaine il y 30 ans et qui a déployé son réseau Eurocenter dans des lieux “où l’on ne trouvait que des sapins et des sangliers”, comme aime à le rappeler Philippe Taminiaux, patron du groupe. Toutefois, on ne peut réduire le dynamisme local à la distribution. La preuve avec notre Supergazelle Stûv, anciennement Concept & Forme, qui est accoutumée à occuper les premières places de nos classements. Même si l’on peut noter que les entreprises de production sont de moins en moins présentes dans nos tableaux par rapport aux sociétés de services.
Nouvelles technologies
Active dans un secteur traditionnel, la conception et la fabrication de poêles à bois, l’entreprise Stûv a conquis des parts de marché en misant sur l’innovation tant au point de vue technique qu’à celui du design – laquelle fait partie intégrale de la culture maison. Le chemin emprunté par les fondateurs de l’entreprise de Bois-de-Villers, Gérard Pitance et Benoît Lafontaine, s’est avéré fructueux au fil du temps. D’autres entreprises ont décidé également à des niveaux et dans des domaines divers de suivre cette voie. C’est le cas tant pour les nouvelles technologies que dans les secteurs les plus classiques. De Nanocyl, leader dans la fabrication de nanotubes de carbone, à la société Christian Lange qui a développé l’aspirateur de déchets urbains et industriels baptisé Glutton exportés aujourd’hui dans plus de 40 pays en passant par Père Olive (conditionnement d’olives), Medisoft (appareils de diagnostic médical pour l’exploration fonctionnelle cardio-respiratoire) ou encore Tilman (phytothérapie et aromathérapie), la province de Namur compte de nombreuses pépites souvent insoupçonnées et prometteuses.
Le Luxembourg belge est à la fois la plus grande province du pays (15 % du territoire national) et la moins peuplée (quelque 260.000 habitants). C’est également l’une des plus entreprenantes. Les PME et TPE qui constituent à plus de 95 % le tissu économique luxembourgeois reflètent l’esprit d’entreprise local. Ce sont essentiellement des entreprises familiales à l’image de nos ambassadeurs 2011 et de la Supergazelle. Outre ces sociétés du cru, on recense quelques grandes entreprises belges et internationales qui se sont implantées depuis une quarantaine d’années dans la région et ont permis de réorganiser sa structure économique qui était, il y a un demi-siècle, basée pour l’essentiel sur le secteur primaire avec une activité sidérurgique localisée en Lorraine belge (Athus). L’arrivée de groupes comme L’Oréal, Exxon Mobil Chemical, Magolux, Ampacet Europe, Ferrero Ardennes, Burgo Ardennes, Spanolux ou encore Autover Distribution, a fortement contribué à transformer l’économie locale en une économie industrielle et de services.
Des Gazelles familiales
Une grande majorité des Gazelles est composée d’entreprises familiales. C’est vrai globalement à l’échelle de la Wallonie, cela l’est encore plus en Luxembourg belge. Si nombre d’entre elles en sont à la première génération, et encore voit-on souvent se dessiner dans l’ombre le profil d’un parent entrepreneur, la plupart en sont déjà à la deuxième, voire troisième génération. L’arrivée du fils ou de la fille dans ces entreprises a souvent un effet positif. C’est notamment ce que nous dit Jean-Luc Simon, notre lauréat pour les petites entreprises qui attribue une part de la croissance à l’apport de son fils, lequel a rejoint la société à l’issue de ses études. Le retour des enfants au bercail contribue, pour nombre de Gazelles, à apporter du dynamisme, de l’enthousiasme et de nouvelles idées. Encadrées par des anciens expérimentés, les qualités des plus jeunes peuvent clairement être bénéfiques pour l’entreprise.
En cas de conflit de générations, on constate que nombreux sont ceux qui décident de créer leur propre entreprise. Car c’est là une autre caractéristique des Luxembourgeois : ils sont assez indépendants et autonomes. En d’autres termes, ils n’attendent pas que l’on vienne les aider ou les assister pour entreprendre. Même si les moyens de communication sont aujourd’hui plus développés qu’il y a un siècle, les entrepreneurs luxembourgeois pourraient se plaindre d’un relatif éloignement des centres de décision politico-économiques régionaux et nationaux. Mais ce n’est pas le genre de la maison luxembourgeoise. Au contraire, et le dynamisme local est certainement l’un des meilleurs atouts de la province pour attirer des investisseurs.
Des parcs économiques dynamiques
Des investisseurs, notamment du nord du pays, qui sont de plus en présents. Soit en rachetant les fleurons locaux comme la brasserie d’Achouffe (Duvel-Moortgat), soit en investissant directement comme dans le cas de Spanolux à Vielsalm. Un autre atout que peut mettre en avant le Luxembourg est l’espace. La province compte une petite cinquantaine (48) de parcs d’activités économiques qui sont autant de “sites pour entreprendre” selon l’intercommunale de développement économique de la province de Luxembourg, Idelux, qui les gère. Outre cet acteur économique de premier plan dans la province, il faut souligner le rôle que joue la chambre de commerce et d’industrie du Luxembourg belge, qui a fêté l’année dernière ses 150 ans d’existence. Avec plus d’un millier de membres, elle est le partenaire incontournable des entreprises locales.
Guy Van den Noortgate
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