“Les centres-villes plus attractifs grâce aux commerces de niche”
La longue agonie des centres urbains toucherait-elle à sa fin ? C’est ce qui ressort d’une étude de l’Association du management de centre-ville qui pointe l’arrivée de nouveaux commerçants. Trois questions à Jean-Luc Calonger, président de l’AMCV.
Selon l’étude menée par l’AMCV, quel est le profil de ces nouveaux acteurs au coeur de nos cités ?
Il y a d’abord ceux qui viennent du digital, qui disposent de nombreux followers et veulent créer une vitrine qui leur permettra d’augmenter leur zone de chalandise virtuelle. Ils ouvrent un magasin mais n’ont pas les mêmes contraintes de rentabilité que quelqu’un qui n’est que dans le commerce physique. Une deuxième catégorie est constituée d’artisans qui vendent des produits de qualité généralement nettement au-dessus des prix de ceux de la grande consommation. Que ce soit des boulangers, des pâtissiers, des gens qui travaillent le cuir, etc., ils ont une clientèle prête à faire de la route pour les trouver. La troisième grande catégorie est constituée de commerçants davantage actifsdans le commerce de niche. Ils passent souvent par des magasins éphémères et des baux de courte durée pour lancer leur activité, qu’ils pérennisent ensuite.
La grande distribution ouvre des magasins de proximité à tour de bras, des acteurs comme Decathlon ou Ikea créent de nouveaux concepts urbains. Ce sont tout sauf des indépendants et des commerces de niche…
En distribution, ces petites formats d’enseigne sont souvent des franchisés. Donc oui, ce sont des indépendants. Ceci dit, ils sont plus dans une logique défensive, alors que les autres acteurs que j’évoquais procèdent davantage d’une logique offensive. Je m’explique. Quand un boulanger s’installe et propose du pain artisanal, il est dans une logique offensive, peut-être même sans le savoir. Par contre, lorsque Carrefour essaie de tisser un réseau de commerces de proximité, le groupe tente d’abord de maintenir sa part de marché. Quant à Decathlon, il ne s’agit peut-être pas d’indépendants, mais l’enseigne vient en centre-ville avec des magasins très spécialisés, centrés sur l’un ou l’autre sport.
Un complexe commercial de périphérie serait-il moins ” dangereux ” aujourd’hui qu’hier pour les centres-villes situés à proximité ?
Pour le moment, mises à part des villes comme Namur ou Waterloo qui pourraient être très fragilisées par une telle politique de shopping-centers, le développement de périphérie est a priori une guerre qui ne concerne que des commerces de périphérie. Avec le type d’activités qui se développent dans les centres-villes, cela ne devrait plus poser problème. Exemple : que peut-il arriver au centre-ville de Tournai ? Si vous construisez un deuxième shopping-center à côté de celui des Bastions, ce sont les Bastions qui souffriront, et pas le centre-ville. Parce que toutes les grandes enseignes susceptibles de s’implanter dans un centre commercial ne sont plus au centre de Tournai. Le gain d’attractivité des centres-villes se fait bien aujourd’hui sur des produits de niche et des segments de clientèle très précis qui ont tendance à déserter le marché de masse.
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