Les batteries qui prennent feu, une plaie des centres de tri
Il semblerait qu’en France les incendies se multiplient dans les décharges et les sites de recyclage. En cause? Les batteries et autres piles lithium-ion qui libèrent de l’hydrogène quand elles sont endommagées. Or cet hydrogène, lorsqu’il est en contact avec de l’eau, s’enflamme.
Dans le quotidien français Les Echos, l’association des entreprises de recyclage en France (Federec) s’alarme: “Les recycleurs constatent une augmentation considérable du nombre d’incendies sur des installations de traitement et de recyclage des déchets”, en soulignant de lourdes conséquences comme “la perte des bâtiments et des machines, arrêts de production, risque humain, grandes difficultés à faire assurer les installations, sanctions administratives”.
Le problème vient surtout des fameuses piles lithium-ion que l’on trouve partout, y compris dans des cartes d’anniversaires musicales… C’est dire s’il est difficile de clairement les identifier et ainsi de pouvoir les mettre de côté une fois arrivées en fin de vie.
De nombreux incendies
Pour qu’il y ait un départ de feu à partir de ce type de piles, il faut qu’elles soient endommagées et en contact avec l’eau. De la durée de stockage bien plus longues par que par le passé (la crise sanitaire est passée par ici) aux conditions d’acheminement pas toujours optimales (les chocs pouvant endommager la batterie), voilà les principaux critères pointés du doigt par la Federec qui rendent ces piles et batterie “explosives”. Et Olivier François, président de la commission internationale de Federec, de surenchérir, dans le quotidien français, à propos de l’année 2021: “il ne se passe plus un jour sans notification d’un incendie, et partout en Europe les recycleurs font le même constat”.
En Belgique?
En France, le président de la Federec, Olivier François, pense que les cas de départs de feu à cause des batteries au lithium-ion dépassent cette année la centaine de cas, mais reconnait que son estimation est faite en l’absence de statistiques nationales. Mais nous n’avons pas constaté, à première vue, de sinistres de cette ampleur en Belgique.
Et notre pays est logé à la même enseigne que son voisin français, et ce malgré le fait que la Belgique semble être un bon élève en matière de recyclage. En 2016, grâce à Bebat (l’ASBL en charge de la collecte, du tri et du recyclage), la Belgique était numéro 1 en Europe de la collecte de piles usagées. De plus Bebat est membre de Reneos, une nouvelle plateforme européenne de collecte et de recyclage de batteries, à laquelle sont également affiliés les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Italie et la Norvège. Lors du traitement, il est possible de choisir entre la réutilisation de la batterie, sa reconversion ou son démantèlement pour recyclage.
Une expertise que Bebat met également au service des piles lithium-ion. Concernant l’inflammabilité de ce type de piles, Céline Tellier, ministre de l’Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal, répondait, l’an passé, dans l’hémicycle du Parlement wallon qu'”afin de limiter les risques d’incendie, liés au caractère instable des piles au lithium, notamment lorsqu’elles sont endommagées, Bebat a réalisé différentes études qui ont conduit à la confection de conteneurs de collecte mieux adaptés et plus sûrs. Bebat délivre aussi toute une série de conseils, sur son site Internet et via les réseaux sociaux pour conserver les piles et les batteries en toute sécurité à la maison.”
Et de donner finalement comme conseil: “Il conviendrait aussi de faciliter le retrait des batteries incluses dans les appareils électriques et électroniques avant le recyclage, à travers des campagnes de communication renforcées, mais surtout plus en amont, en favorisant ou en imposant l’écoconception de certains appareils, idéalement au niveau européen.”
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