Entreprises belges: les 20 plus importantes levées de fonds en 2023
La fédération technologique Agoria a recensé 151 tours de table afin de lever des fonds pour les entreprises cette année (données au 28 décembre), contre 192 en 2022.
Si les entreprises technologiques belges ont levé un montant record de 1,4 milliard d’euros d’investissements cette année-là, 2023 atteindra approximativement les niveaux de 2019. Alors qu’en 2022, 701 millions d’euros de capitaux ont été injectés dans les entreprises technologiques belges, en 2023, ces levées de fonds s’élèvent à 733 millions d’euros.
Le fournisseur de logiciels de gestion pour PME Odoo, basé dans le Brabant wallon, a participé au plus gros tour de table, suivi par la société de technologie agricole Aphea.Bio, basée à Gand, et par la société de cybersécurité Secure Code Warrior, basée en Flandre occidentale.
Moins de grands tours de table
Tous ceux qui suivent le monde des start-up s’attendaient à ce que la tendance à la hausse de ces dernières années soit stoppée et à ce que moins de capitaux soient levés cette année. L’inflation, la hausse des taux d’intérêt et l’incertitude générale, y compris celle engendrée par les guerres, ont fait qu’il était beaucoup plus difficile de convaincre les investisseurs les plus réticents.
Le déclin belge s’inscrit dans une vaste tendance européenne et mondiale. Les capitaux levés en Europe, comme en Belgique, ont diminué de moitié entre l’année dernière et cette année, passant de 100 milliards d’euros à 45 milliards d’euros. Ces chiffres figurent dans le rapport annuel “State of European Tech” du fonds d’investissement Atomico.
Ce sont principalement les grands tours de table de plus de 100 à 250 millions d’euros qui sont à l’origine de cette forte baisse. Ceux-ci ont été beaucoup moins nombreux en Europe. En Belgique, il y a eu trois tours de ce type en 2022, contre un seul en 2023.
Des financements moins importants
“Ici aussi, on ne constate pas tant une baisse spectaculaire du nombre d’entreprises capables d’obtenir un financement de croissance, mais simplement que les financements sont moins important”, explique Frederik Tibau, expert en innovation numérique & croissance à la fédération technologique Agoria.”D’ailleurs, notre champion pour 2023, Odoo, est un cas particulier, car il ne s’agissait pas d’un tour de table classique de capital-risqueurs, mais d’un investissement stratégique de l’acteur américain du private equity General Atlantic, et ou certains actionnaires belges ayant réduit leur participation.”
Il y a donc eu moins de grands tours de table, mais les investissements de départ dans les jeunes entreprises en croissance sont restés relativement stables. Les investisseurs américains se sont quelque peu retirés d’Europe, ce qui a renforcé l’importance des fonds d’investissement locaux. Le marché des capitaux pour les jeunes entreprises technologiques a cherché et trouvé un nouvel équilibre, en mettant davantage l’accent sur la rentabilité de l’entreprise que sur une croissance rapide. Les investisseurs ont gardé leur billes ou les ont utilisées principalement pour les entreprises de leur portefeuille.
Valorisation au rabais
Il est donc plus difficile pour les fondateurs de scale-ups de lever des fonds. “En 2022, quarante entreprises de croissance numérique ont encore levé au moins 10 millions d’euros en Belgique. En 2023, elles n’étaient plus que dix-sept, soit moins de la moitié”, explique Frederik Tibau d’Agoria.”Ici, nous suivons également la tendance européenne, où les entreprises se battent davantage pour, in fine, lever moins d’argent, et ce à des valorisations plus faibles.”
En conséquence, un certain nombre d’entreprises connaissent des temps difficiles et certaines ont même dû avaler un “downround”, c’est-à-dire qu’elles ont réussi à lever des fonds, mais ont vu la valorisation de leur entreprise chuter lors de ce tour par rapport au tour précédent. Selon Frederik Tibau, il n’y a pas lieu de s’inquiéter : “En se concentrant davantage, on peut réaliser des gains d’efficacité. Mettre l’accent sur la rentabilité rend votre entreprise moins vulnérable”.
Les grands tours ne reviendront peut-être pas de sitôt, mais Frederik Tibau voit l’année 2024 d’un œil plutôt positif. Selon lui, les entreprises technologiques actives dans des domaines traditionnels tels que les technologies médicales, les technologies propres et l’industrie manufacturière auront à nouveau le vent en poupe, surtout si ces entreprises y associent l’intelligence artificielle. Frederik Tibau : “Les fonds de capital-risque belges et européens ont encore beaucoup d’argent qu’ils devront faire fructifier dans un délai acceptable.”
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