Le titre de Manager de l’Année, un prix qui rejaillit sur toute une entreprise
Quatre anciens lauréats reviennent sur l’impact d’un prix dont on leur parle encore, parfois bien des années plus tard.
“Ce n’est pas tous les jours que nous avons l’honneur d’avoir un Manager de l’Année à bord.” C’est par ces mots que Sébastien Dossogne a récemment été accueilli par le chef d’équipage d’un vol à destination de Santiago (les actionnaires de Magotteaux sont chiliens). Cette anecdote illustre l’impact de ce prix qui transforme ces chefs d’entreprise, qui vouent parfois un culte à la discrétion, en des personnalités connues et reconnues. “Quand on me présente à quelqu’un, ce n’est pas rare qu’on ajoute encore le titre de Manager de l’Année, confie Eric Everard, fondateur et désormais président d’Easyfairs. Cela reste toute la vie.” “Le prestige du prix du Manager de l’Année m’a ouvert quelques portes en Belgique, ajoute Jean-Pierre Lutgen, fondateur et CEO d’Ice-Watch. Quand vous êtes installés à Bastogne, vous n’avez pas forcément beaucoup de networking sur l’ensemble du pays. J’ai rencontré du monde grâce au prix. Ce n’est peut-être pas indispensable pour le business – Ice-Watch réalise 90% de son chiffre d’affaires à l’exportation – mais c’est très agréable. Ce prix, on m’en parle encore aujourd’hui.” Cette notoriété soudaine a-t-elle un impact sur la carrière du lauréat? Nos interlocuteurs ne le pensent pas. Même Sébastien Dossogne qui a annoncé, durant son mandat de Manager de l’Année, qu’il quittait Magotteaux pour rejoindre Carmeuse. “Les premières discussions étaient antérieures à ma nomination, assure-t-il. Ce n’est pas ce prix qui a donné l’idée à mon nouvel employeur.” Pour Pierre De Muelenaere (à l’époque CEO d’Iris), la récompense a prolongé son bail à la tête d’Iris. “Le fait de recevoir ce prix met la pression sur le manager pour qu’il fasse son job plus longtemps qu’il ne le pensait, dit-il. Iris avait été fondée en 1987 sur ma thèse de doctorat. Mais il y a des moments où l’on se remet en question, où l’on a envie de ralentir le rythme.” Iris a été rachetée par Canon en 2013. Pierre De Muelenaere y est resté jusqu’en 2015.
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Un prix qui donne du crédit
Les anciens Managers de l’Année sont unanimes pour pointer l’impact positif sur la vie de l’entreprise. “Ce n’est pas un résultat personnel mais celui de toute l’entreprise, insiste Jean-Pierre Lutgen. Il faut le partager avec ses équipes.” Le fondateur d’Ice-Watch avait parfois l’impression d’être regardé avec un peu de circonspection par l’establishment belge. “Pour certains, Ice-Watch, c’était des petites montres en couleur, dit-il. Après le prix, on nous a pris un peu plus au sérieux. Cela nous a donné du crédit, dans tous les sens du terme…” “Il y a eu un avant et un après dans mes relations avec les banquiers, les avocats, le monde des affaires en général, abonde Eric Everard. Souvent, on ignore qui est derrière tel ou tel salon. Subitement, nous avions de la visibilité et de la crédibilité. Même à l’étranger, c’est un gage de confiance et de qualité.” Sébastien Dossogne pointe toutefois un petit bémol: le prestige du titre attire aussi toute une série de consultants et autres vendeurs qu’il faut pouvoir recaler poliment. Mais a priori, un bon manager sait gérer ce genre de choses… “Mis à part cette face obscure, c’est vrai que les dialogues s’établissent plus facilement après le prix et même la nomination, ajoute-t-il. Les gens ont lu votre portrait dans la presse, ils vous ont entendu à la radio ou à la télé.” Il souligne l’importance de “la visibilité positive” amenée par le prix, y compris pour les entreprises de celles et ceux qui ne gagneront pas. “Lire les profils des cinq nominés, c’est très rafraîchissant”, dit-il.
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Pierre De Muelenaere a même constaté un impact sur les clients de l’entreprise. “Dans le business d’Iris (reconnaissance de caractères et gestion documentaire, Ndlr), le client aime bien l’histoire qu’on lui raconte, dit-il. Cela le met en bonne condition pour nous écouter, mais avant tout, il teste, évalue le produit. L’impact du prix sur les clients a été formidable, tout comme sur les équipes.” “Quand j’ai reçu le prix, c’était le début de la guerre des talents, ajoute Eric Everard. La visibilité du Manager de l’Année nous a aidés à recruter les candidats dont nous avions besoin. Depuis 2012, nous avons triplé le chiffre d’affaires, l’emploi et les profits. Souligner un potentiel puis avoir un tel résultat 10 ans plus tard, c’est ce que souhaite Trends-Tendances, non?” “Un prix, c’est pour ce que vous avez fait, pas pour ce que vous pouvez encore faire. Alors, c’est très bien de gagner mais après, c’est compliqué d’aller plus haut. C’est peut-être mon message à ceux qui ne gagneront pas le prix: c’est très bien, vous avez encore des projets à développer!” On pourrait croire que Jean-Pierre Lutgen invite à relativiser le sprint final en vue de l’obtention du prix. Détrompez- vous! Compétiteur dans l’âme, il a préparé son entretien devant le jury avec le coaching de deux spécialistes de la communication. C’est finalement le propre d’un bon manager: anticiper les échéances importantes pour son entreprise. “Je crois que le prix du Manager de l’Année, je l’avais mieux préparé que les élections communales à Bastogne”, glisse-t-il en souriant.
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Sébastien Dossogne invite, lui, les nominés à bien activer leurs réseaux pour récolter les votes des internautes. “Il ne faut pas partir du principe que cela va aller de soi, dit-il. Vos amis qui auront lu votre portrait dans Trends-Tendances n’auront pas forcément le réflexe de se connecter sur le site pour voter pour vous. Il faut être actif pour obtenir les votes du public.” Pour l’entretien décisif, il suggère de prendre le temps de bien réfléchir à son projet managérial pour l’entreprise et à la manière de l’exprimer car, conclut-il “le jury est sensible à la sincérité et à la cohérence des propos”.
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