Le site de Caterpillar pour un euro symbolique, un cadeau empoisonné ?
La Région wallonne va récupérer le site de Caterpillar pour un euro symbolique. Elle peut maintenant avancer sur le dossier de la reconversion.
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Le site de 93 ha de Caterpillar-Gosselies était valorisé à 143 millions d’euros dans les comptes de l’entreprise. Pourquoi donc le céder à la Région wallonne pour un euro symbolique ? “Pour une multinationale, un accord à l’amiable est souvent meilleur qu’un long conflit juridique avec un Etat”, répond le ministre-président Paul Magnette (PS), qui convient en souriant avoir usé d’un “mélange de bâtons et de carottes” pour convaincre Caterpillar.
N’y aurait-il pas malgré tout un vice caché ? La pollution par exemple. En reprenant le site, la Région reprend en effet aussi la responsabilité des possibles pollutions et de leur assainissement. “La SPAQUE (entreprise publique spécialisée dans la réhabilitation des friches industrielles) a examiné le terrain et elle a conclu que l’état de pollution était globalement très faible”, assure Paul Magnette (PS), qui ajoute que Caterpillar s’est engagé à réserver une enveloppe de 5 millions d’euros pour d’éventuels travaux de dépollution. Il signale enfin que Caterpillar conserve la responsabilité de l’impact environnemental sur le personnel. Si d’anciens travailleurs devaient développer des maladies professionnelles à l’avenir, c’est bien l’entreprise américaine et non le gouvernement wallon qui devrait le cas échéant les indemniser.
Autre piste: le geste sur le site contribuerait-il à adoucir les autorités au moment de parler du traitement social de la fermeture ? “Nous n’avons discuté du transfert de propriété qu’après la conclusion du plan social, répond le ministre de l’Economie Jean-Claude Marcourt (PS). Nous ne voulions pas que cela pèse sur les négociations sociales.” Admettons qu’il n’y a pas eu de coïncidence de calendrier. Cela n’a pas empêché les éléments de trotter dans les têtes de part et d’autre de la table des négociations sociales…
10.000 emplois en 10 ans ?
Grâce à cet accord avec Caterpillar, le gouvernement wallon peut maintenant passer au stade suivant, et crucial, de la reconversion du terrain. “Il était vital de récupérer le site, confie Paul Magnette. Il arrive hélas souvent qu’une multinationale refuse de céder les terrains qu’elle abandonne, simplement pour éviter qu’un concurrent ne puisse s’y installer.” Deux investisseurs étrangers, dont l’un est déjà présent en Belgique, ont manifesté des marques d’intérêt pour le site, a annoncé Jean-Claude Marcourt. Des visites devraient avoir lieu prochainement, sans attendre le transfert effectif de propriété. Rappelons que le terrain de Caterpillar vient d’être classé en zone franche, ce qui signifie que les emplois créés y sont exonérés de 25% du précompte professionnel.
L’intention est d’avancer rapidement. Pour preuve, dès ce vendredi le groupe d’experts mandaté par le gouvernement wallon présentera son plan CatCh (CATalyst 4 Charleroi). Selon les éléments révélés en début d’année par Le Soir, ce plan invite à miser sur les secteurs suivants : l’industrie manufacturière de pointe, le transport et la logistique, la santé et les industries du vivant, la créativité et le numérique. En d’autres termes, on rebâtirait en s’appuyant sur ce qui se développe déjà à Gosselies. Cela permettrait, selon Paul Magnette, de créer 10.000 emplois en dix ans.
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