Le retour du très controversé glyphosate

© Reuters

Les ventes de produits à base de glyphosate de Bayer ont considérablement augmenté ces derniers mois. Ils ont enregistré une hausse de 40,9 % par rapport à l’année dernière et affichent 685 millions d’euros de ventes au deuxième trimestre.

Les produits à base de glyphosate, comme le Roundup, semblent à nouveau avoir le vent en poupe, malgré les controverses sanitaires. Ainsi en 2015, le glyphosate a été classé comme un “cancérogène probable” par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). En Belgique, l’usage privé du glyphosate est interdit et en Europe, malgré les débats sur les dangers du glyphosate, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a récemment prolongé de 10 ans l’autorisation du glyphosate .

Manque d’analyses définitives

Pour cela, elle s’est basée sur une de ses études publiée en juillet 2023. L’EFSA n’a “pas identifié de domaine de préoccupation critique” du glyphosate chez les humains, les animaux et l’environnement. Pour qu’une préoccupation soit définie comme “critique”, il faut qu’elle affecte tous les usages proposés de la substance active évaluée. Cela n’empêche pas l’EFSA de relever “un risque élevé à long terme chez les mammifères” pour la moitié des usages proposés du glyphosate et reconnaît que le manque de données empêche toute analyse définitive.

Avant elle, l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) avait jugé que les preuves scientifiques disponibles ne permettaient pas de classer le glyphosate comme cancérogène. Les ONG environnementales reprochent aux agences européennes de travailler sur des données issues principalement d’études produites par les industriels, qui analysent la toxicité de leur produit avant leur mise sur le marché. Et elles ne prennent en compte que le risque de cancer, alors qu’il est probable que le glyphosate soit un potentiel perturbateur endocrinien et agir sur le microbiote intestinal.

Des effets sanitaires qui se sont matérialisés par des poursuites en justice. Bayer, via sa filiale Monsanto a ainsi du faire face à 172 000 plaintes liées au glyphosate, dont  rien qu’aux États-Unis. 114 000 ont été réglées à l’amiable, les autres sont en cours. La firme a aussi été citée dans 23 procès et neuf d’entre eux se sont soldés par une condamnation à verser des dommages et intérêts.

Bayer replonge dans le rouge, mais peut dire merci aux herbicides à base de glyphosate

Sous la houlette d’un nouveau patron depuis un an, le groupe de Leverkusen tente de sortir d’un long tunnel de difficultés causées notamment par le rachat en 2018 de Monsanto, fabricant du controversé du désherbant Round Up. Le groupe a fait état mardi d’une perte nette de 34 millions d’euros, pour le deuxième trimestre, principalement parce que les clients ont opté pour les produits les moins rentables dans un environnement de marché agricole difficile.

Au cours du premier semestre, le groupe a supprimé 3.200 emplois dans le monde (dont les trois quarts au sein de la direction) sur un total de 99.700 employés. Le groupe veut économiser 2 milliards d’euros en charges à partir de 2026 et 500 millions dès cette année.

Cela n’empêche pas son chiffre d’affaires d’augmenter de 3,1% à 11,1 milliards d’euros à taux de change constant. Et cette hausse doit beaucoup au glyphosate qui se révèle comme le grand succès des derniers résultats trimestriels. Ainsi dans sa division agrochimie, Bayer a vu ses ventes augmenter de 1,1%, grâce au succès d’herbicides à base de glyphosate, notamment en Amérique du Nord.  “La demande est revenue à des niveaux normaux”, précise-t-on laconiquement Bayer.

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