Le plan de rémunération de 50 milliards de dollars d’Elon Musk annulé en justice : quel impact pour Tesla?

Elon Musk, CEO de Tesla, menaçait il y a deux semaines de quitter Tesla pour développer des produits d’IA s’il ne recevait pas plus de droits de vote (via un nouveau plan de compensation). Ce mardi, la justice a annulé un plan de compensation octroyé il y a quatre ans… créant des doutes sur la possibilité d’offrir un nouveau plan de rémunération à Musk.

Mauvaise nouvelle pour Elon Musk : ce mardi soir, un tribunal du Delaware a annulé un package de rémunération qui lui était promis octroyé en 2018, suite à la plainte d’actionnaires que c’était trop élevé. C’est ainsi une rémunération de plus de 50 milliards de dollars (au prix de clôture de l’action de ce mardi) qui passe entre les doigts du CEO de Tesla.

Il s’agit notamment de stock options lui donnant le droit d’acheter 303 millions d’actions de Tesla au prix de 23,34 dollars (contre un cours de 191,59 dollars ce mardi à la clôture). Elon Musk ne reçoit pas de salaire de base, mais est rémunéré avec de telles options. Ce plan de 2018 lui était ainsi versé par tranches, 12 au total, lorsqu’il a atteint des objectifs avec Tesla, dans les mois et années qui ont suivi. Les options courent jusqu’en 2028 et il ne les aurait pas encore exercées.

Il avait exercé un autre plan d’options, donné en 2012, à la fin de l’année 2021 (et cela avait fait grand bruit dans le monde boursier, à l’époque), pour mémoire.

Jugement

Le procès s’était tenu en novembre 2022, mais il a fallu attendre jusqu’à aujourd’hui pour avoir le verdict. Selon les plaignants, le plan était “excessif”. Ils estiment aussi que les objectifs à atteindre pour l’obtenir étaient simplement les objectifs classiques de croissance que Tesla présentait au marché, mais que Tesla les justifiait comme quelque chose de plus ambitieux encore lors du vote. Ils accusent aussi le conseil d’administration (CA) d’être trop proche de Musk et de ne pas protéger les intérêts des actionnaires.

La juge Kathaleen McCormick leur a donc donné raison. “Musk et le CA de Tesla devaient prouver que la rémunération était juste, mais ils ont échoué à le faire”, justifie-t-elle, relayée par CNN. Pour les avocats de Tesla, elle était juste, se défendaient-ils, et elle n’a pas empêché l’enrichissement des actionnaires – la valeur de Tesla ayant augmenté de plus de 1.000% depuis l’octroi du plan. Cette montée en puissance serait à imputer à Musk, précisent-ils, et il méritait donc son “salaire”. Somme qui a d’ailleurs été autorisée par la majorité des actionnaires, lors du vote, ont-ils aussi faire savoir. Mais les arguments n’ont visiblement pas convaincu la juge.

Musk menaçait d’aller voir ailleurs

Musk a réagi au jugement en critiquant l’Etat de Delaware, où Tesla est constitué. “Ne jamais constituer une société dans l’État du Delaware”, écrit-il sur X, avant d’ajouter : “Je vous recommande de vous constituer en société au Nevada ou au Texas si vous préférez que les actionnaires décident”. Plus tard il ajoute aussi un sondage portant sur la question si “Tesla doit changer d’État d’incorporation pour s’établir au Texas, où se trouve son siège social”, et partage également un article du Wall Street Journal qui rapporte que l’État du Delaware fait fuir les entreprises.

Mais une autre question pend dans l’air. Il y a deux semaines, Musk se plaignait de ne pas avoir assez d’influence au sein de Tesla pour avancer le volet de l’intelligence artificielle. Il voulait donc avoir plus de droits de vote (25%, contre environ 13% aujourd’hui), ce qui ne serait possible que via un nouveau plan de rémunération. Faute de quoi, il menace de quitter Tesla pour développer ces produits d’IA ailleurs.

Mais si même ce plan de rémunération octroyé par le passé est supprimé, c’est un mauvais signe pour un nouveau plan… Ou un argument de plus de quitter le Delaware. Dans un autre Etat, Musk pourrait changer la configuration des droits de vote par action et ainsi avoir plus de pouvoir (ce qui est impossible au Delaware, expliquait-il lors de ces plaintes sur les droits de vote).

Mais en tout cas, ce jugement tombe à un mauvais moment pour Tesla. Comment les investisseurs vont-ils interpréter le jugement ? Vont-ils craindre que Musk se donne moins pour Tesla ? L’action est déjà en chute de 23% sur le mois, notamment à cause de résultats trimestriels jugés décevants et à cause de l’absence de vision claire sur la stratégie future de Tesla, dans un contexte de baisse de la croissance et de ralentissement des ventes. Ce flou pourrait la tirer encore plus vers le bas. Réponse à 16 heures, à la cloche d’ouverture de Wall Street.