Le patronat britannique précipité dans la crise par des accusations de viol

Tony Danker
© Getty Images

La principale organisation patronale britannique a annoncé vendredi qu’elle suspendait ses activités politiques jusqu’en juin, précipitée dans la crise par des accusations de viols qui ont entrainé le départ de ses rangs de nombreuses grandes entreprises.

La Confédération des industries britanniques (CBI) a annoncé vendredi dans un communiqué la tenue d’une assemblée générale extraordinaire en juin. “Nous avons pris la décision difficile mais nécessaire de suspendre toute activité politique (…) jusqu’à la tenue” de cette assemblée, a annoncé l’organisation dans un communiqué. 

La CBI présentera alors à ses membres “des propositions” pour définir le futur rôle de l’organisation.  “Nous savons qu’il faudra du temps pour rétablir la confiance” des membres, a reconnu la CBI dans ce communiqué.  

Vendredi a marqué une journée noire pour l’organisation patronale, avec des annonces en cascade de départs de la part de grandes entreprises. 

Unilever (agroalimentaire), BMW (automobile), EY (conseil), Virgin Media O2 (télécoms), NatWest (banque) ou encore les grands magasins John Lewis font partie des sociétés se joignant à l’hémorragie qui a touché la CBI.

Cette déroute est intervenue après une nouvelle accusation de viol révélée par le quotidien The Guardian vendredi. “Une femme affirme avoir été violée par deux collègues masculins quand elle travaillait à la Confédération des industries britanniques (CBI)”, écrit le journal. “C’est la deuxième femme à affirmer avoir été victime de viol à la CBI, après une autre employée qui dit avoir été violée par un responsable en 2019 lors d’une fête l’été sur un bateau sur la Tamise”, ajoute le quotidien.

La CBI a qualifié dans un communiqué ces nouvelles allégations d'”horribles”. L’organisation patronale dit ne “pas avoir été au courant auparavant des accusations les plus sérieuses, et il est vital qu’elles fassent l’objet d’enquêtes complètes”, ajoutant collaborer activement avec la police.

L’organisation est prise dans une descente aux enfers depuis qu’ont commencé en mars les révélations sur le comportement de ses employés dans la presse. Il s’agissait d’abord de présumés “contacts non sollicités” de son ex-directeur, puis début avril d’allégations d’agressions sexuelles et même d’un viol de la part de dirigeants de l’organisation lors d’événements mis en place par la CBI.

La police avait alors ouvert une enquête.

Le gouvernement avait déjà annoncé qu’il interrompait sa collaboration avec la CBI, qui dit représenter 190.000 entreprises de toutes tailles et de tous secteurs au Royaume-Uni et a déjà dû annuler son dîner de gala annuel, événement réunissant habituellement le gratin économique et politique britannique prévu en mai. 

Limogeage

En plus d’un viol supplémentaire, l’article du Guardian vendredi fait état d’accusations séparées de harcèlement qui auraient eu lieu en 2018, émanant d’une employée qui notamment aurait été suivie chez elle par un collègue, et traquée en ligne.

“Nous reconnaissons la substance de l’article en ce qui concerne les accusations faites et examinées en janvier 2018”, réagit le CBI dans son communiqué, ajoutant que les faits de harcèlement ont été “avérés et qu’une sanction a été imposée”. 

Le communiqué conclut en soulignant que la CBI examine actuellement “sa culture interne pour réparer les dommages et réformer notre lieu de travail”.

Les allégations de viol précèdent l’arrivée à la tête de l’organisation de l’ex-dirigeant Tony Danker, limogé la semaine dernière.

Dans un entretien à la BBC diffusé mercredi, il estimait être un bouc émissaire et injustement limogé, insistant sur le fait qu’il n’était en aucun cas incriminé dans les accusations de viol. Il a toutefois reconnu avoir mis certains collègues “mal à l’aise” et s’est excusé.

M. Danker avait été visé un mois plus tôt par des allégations de “contacts non sollicités” considérés comme du “harcèlement sexuel” sur son lieu de travail.

Le président de la CBI Brian McBride avait qualifié sa version des faits de “sélective”, soutenant que des arguments conséquents avaient été retenus pour justifier son renvoi.

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