Le parti communiste s’en prend à la guerre des prix de BYD et des constructeurs de véhicules électriques

Showroom de BYD, image d’illustration. REUTERS/Siphiwe Sibeko © REUTERS
Charly Pohu

Une publication du Parti communiste chinois s’attaque à la guerre des prix que se livrent les constructeurs de véhicules électriques. Le président Xi Jinping a lui-même participé à une réunion consacrée à cette problématique. Faut-il désormais s’attendre à des mesures concrètes ?

La guerre des prix dans le secteur des véhicules électriques a déjà fait couler beaucoup d’encre. Sur un marché en difficulté, ralenti par l’inflation et la hausse des taux d’intérêt ces dernières années, les constructeurs réduisent leurs tarifs pour stimuler la demande. Une stratégie qui pèse toutefois lourdement sur leurs marges. Et lorsque l’un d’eux casse les prix, les autres sont contraints de suivre ou de surenchérir pour ne pas perdre de parts de marché, au risque d’entrer dans une spirale destructrice.

Le phénomène est particulièrement marqué en Chine. Une situation qui n’est pas sans inquiéter les autorités, lesquelles ont exprimé à plusieurs reprises leur désapprobation. Mercredi dernier, Qiushi, une publication officielle du Parti communiste chinois, a publié une nouvelle mise en garde contre cette guerre des prix. Selon Reuters, il s’agirait de « l’avertissement le plus sévère émis jusqu’à présent par le Parti communiste ».

Critiques… et avertissement ?

L’article publié dans Qiushi, une revue officielle du Parti communiste chinois, ne vise pas uniquement le secteur des véhicules électriques. Il s’attaque également aux filières des panneaux solaires, des batteries et de l’e-commerce. Rédigé sous pseudonyme, le texte dénonce une « compétition involutionnaire » : entreprises et collectivités locales investiraient massivement pour conquérir des parts de marché dans un contexte de demande limitée, sans accroître leurs revenus.

Selon la revue, cette course effrénée à la compétitivité se ferait au détriment de la qualité. Les acteurs concernés réduiraient leurs coûts en rognant sur l’innovation et la recherche-développement, au détriment des consommateurs. Autre accusation : certaines entreprises augmenteraient leurs capacités de production sans disposer des liquidités nécessaires pour honorer leurs paiements auprès des fournisseurs, mettant ainsi en péril l’ensemble de la chaîne industrielle.

Face à ce constat, Qiushi appelle les autorités à une régulation renforcée. Le développement rapide de nouvelles industries et de nouveaux modèles économiques n’aurait pas été suivi d’un cadre réglementaire adapté, affirme la revue. Les mécanismes de faillite seraient également insuffisants, empêchant de limiter les excès de production. Des réformes du côté de l’offre sont ainsi jugées nécessaires pour réduire les surcapacités industrielles et renforcer la demande intérieure — un enjeu crucial pour une économie encore largement tournée vers l’exportation, vulnérable en cas de ralentissement mondial ou de tensions commerciales.

La revue reconnaît toutefois que la résolution de ces déséquilibres prendra du temps. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à s’inquiéter. La veille de cette publication, le président Xi Jinping a participé à une réunion de la Commission centrale des affaires économiques et financières, consacrée à une meilleure gouvernance des prix bas et à la lutte contre la concurrence désordonnée.

Faut-il y voir un avertissement supplémentaire ? Pékin a déjà démontré, ces dernières années, sa capacité à intervenir brutalement dans certains secteurs jugés problématiques. Dans l’immobilier, le gouvernement a restreint l’endettement des promoteurs, précipitant la chute de certains d’entre eux. Dans la tech, il a brusquement limité le temps d’écran des jeunes, affectant lourdement les développeurs de jeux vidéo. Le secteur des véhicules électriques pourrait-il être la prochaine cible d’un durcissement réglementaire, quitte à sacrifier quelques acteurs en cours de route ?

Selon le cabinet Dunne Insights, cité par CNBC, certaines marques pourraient effectivement disparaître à terme. « BYD, Xiaomi et Geely sont les mieux placés pour survivre à une consolidation chaotique du secteur », estime le cabinet.

État du marché : des performances contrastées

Qu’en est-il, concrètement, du marché chinois des véhicules électriques ? Les chiffres de juin livrent un tableau nuancé. XPeng tire son épingle du jeu, avec 34.611 unités vendues – son huitième mois consécutif au-dessus du seuil des 30.000 véhicules.

Nio affiche une légère hausse, frôlant les 25.000 unités, tout comme Xiaomi, qui franchit également ce cap. D’autres constructeurs peinent davantage : Zeekr, avec 16.700 ventes, recule de 17 % sur un an. Li Auto, malgré 36.300 unités vendues, enregistre une baisse mensuelle de 11 % et une chute de près de 30 % par rapport à il y a six mois. Ces données incluent les véhicules hybrides.

BYD, le géant du secteur, poursuit sa croissance avec près de 380.000 unités écoulées en juin, ce qui porte ses ventes à plus de deux millions sur le premier semestre.

Côté bourse, peu de mouvements notables ont suivi ces annonces. Seuls XPeng, en hausse de 2 %, et Li Auto, en baisse de plus de 1 %, se démarquent.

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