Le nomadisme numérique, le nouvel eldorado des télétravailleurs
Travailler au bord de la plage ou au milieu de la jungle : tel est la nouvelle tendance. Le télétravail, qui a explosé pendant la pandémie, a élargi le champ des possibles pour les travailleurs désireux de changer d’air sans changer d’emploi.
Près de 42 millions de personnes ont télétravaillé dans l’Union européenne en 2021. Cette année-là, deux salariés européens sur dix pratiquaient le télétravail. C’est deux fois plus qu’en 2019, selon un rapport d’Eurofound (Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail). Les confinements sont bien entendu à l’origine de ce bond en avant. Des chiffres qui n’auraient probablement pas été atteints avant 2027 si la pandémie n’avait pas eu lieu selon l’agence.
Une situation qui a changé la culture professionnelle et qui a eu un impact significatif sur l’organisation du travail. Bien qu’un léger déclin ait été constaté en 2022, l’agence européenne affirme que cette tendance à la hausse du télétravail devrait reprendre, entraînée par le développement technologique qui fait augmenter le nombre d’emplois télétravaillables.
Pour Eurofound, dans l’ensemble, la pandémie a démontré l’énorme potentiel du télétravail en améliorant les conditions de vie et de travail des travailleurs, leur permettant d’équilibrer leur temps de travail autour de leur vie privée et familiale. Les travailleurs ont également bénéficié d’une réduction du temps de trajet entre leur domicile et leur lieu de travail, ainsi que d’une autonomie et d’une flexibilité accrue.
Cependant, cela a entraîné d’autres difficultés, comme le sentiment d’isolement chez les travailleurs et l’allongement des horaires. Des difficultés que certains surmontent en partant vivre à l’étranger, le lieu de travail n’ayant plus d’importance pour ceux qui sont 100% en télétravail. On les appelle les “nomades numériques“, et ils sont de plus en plus nombreux. Imaginez-vous exercer votre métier au bord de la mer ou dans un pays exotique. Tentant n’est-ce pas ?
Les pays d’Europe de l’Est à l’avant-garde
Selon Statista, c’est l’Union européenne qui délivre le plus grand nombre de visas aux nomades numériques, principalement des ressortissants de pays tiers comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et le Canada. Parmi ceux qui se disent nomades numériques, près de 60% n’ont travaillé à distance qu’au cours des deux dernières années, depuis la pandémie donc.
Certaines économies, après avoir souffert de la pandémie et de l’inflation, ont flairé le bon filon et ont facilité la venue de ces travailleurs nomades grâce au visa nomade digital. En principe, lorsque l’on travaille dans un pays, il faut un visa de travail. Sauf que, souvent, le nomade digital n’est pas dans le pays pour travailler pour une entreprise locale. Le visa nomade digital vise également à offrir davantage de stabilité aux travailleurs qu’un visa touristique et pour une plus longue période de temps. Il est présent dans plusieurs dizaines de pays, mais devrait se développer rapidement dans les autres.
Les conditions d’obtention de ce visa diffèrent selon les pays, mais en général il faut disposer d’une assurance, d’une preuve de revenus et d’activité. Des blogues de nomades numériques indiquent même quels pays sont les mieux adaptés en termes de connexion internet, d’espace de coworking, de qualité et de faible coût de la vie.
En Europe, ce sont les pays de l’Est et du Sud qui sont les plus plébiscités (Pologne, Bulgarie, République tchèque, Croatie, Portugal, Espagne). L’Asie attire également beaucoup de nomades pour le faible coût de la vie. En Amérique du Nord, le Canada est une destination privilégiée également.
Eurofound appelle néanmoins à une réglementation à l’échelle européenne pour garantir la protection des travailleurs mais surtout l’égalité des conditions de concurrence, car le nombre de télétravailleurs et de nomades numériques ne va sans doute faire qu’augmenter.
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