Le Belge n’aime pas s’éloigner de chez lui et s’expatrier
Si, par le passé, l’expatriation rimait avec pays lointains et salaire très largement revu à la hausse, il semblerait que la donne ait changé, et que ce package ne fasse plus autant rêver. Une étude révèle que la préférence va aux pays plus proches et que le style de vie est désormais bien plus important que la rémunération et les primes.
Selon la huitième édition de l’enquête sur le bien-être de la société mondiale de services de santé Cigna, menée auprès de 11 922 personnes dans le monde, l’expatriation n’a plus le vent en poupe. Cette étude montre également que ce sont les employés belges qui sont le moins susceptibles de partir à l’étranger.
Plus un rêve à cause du stress
Le rapport de Cigna souligne ainsi que les niveaux de stress des expatriés ont atteint un niveau record : 90% d’entre eux se déclarent stressés, contre 77% pour les personnes vivant sur leur marché d’origine. Le burn out guette également la quasi-totalité d’entre eux vu qu’ils sont 98% à avoir ressenti des symptômes d’épuisement professionnel. Le rapport met finalement en lumière le fait que “les expatriés éprouvent en outre un sentiment d’isolement accablant, 87% d’entre eux déclarant se sentir impuissants, piégés ou vaincus et 86% se sentant détachés ou seuls.”
Gilles Nyssens, un employé belge de Cigna, vivant Afrique du Sud dans le cadre d’une mission, confirme ces tsunamis émotionnels pour y avoir été confronté : “C’est certainement vrai. Le stress et la solitude sont un gros problème“. Et souligne l’importance de ne pas sous-estimer l’impact de ce déracinement sur sa santé mentale. “Les problèmes de bien-être quotidiens peuvent rapidement dégénérer s’ils ne sont pas correctement pris en charge, déclare-t-il. Dans l’ensemble, l’expérience d’expatriation est formidable et c’est quelque chose que je referais. La clé pour gérer ces défis est de s’assurer que l’employé dispose d’un réseau de soutien local combiné au soutien de son employeur.”
Missions de moins en moins lointaines
Cette enquête sur le bien-être nous apprend encore que près des trois quarts (73%) des personnes interrogées disent avoir “réévalué les priorités de leur vie” depuis la pandémie. Et il y a de fortes chances qu’à l’avenir employeurs et employés devront revoir le regard qu’ils portent sur l’expatriation.
En effet, si par le passé, le salaire que touchait un expatrié (et les primes s’y ajoutant) pouvait avoir une influence dans la décision d’un déménagement professionnel à l’étranger, il n’en est plus tout à fait de même à l’heure actuelle.
Si, selon l’étude, près d’un tiers (29%) de la population expatriée est préoccupée ou incertaine quant à sa situation financière, la grande majorité des personnes interrogées privilégient désormais le “style de vie”, en termes de raisons principales de départ pour l’étranger, reléguant les finances à un plan inférieur. L’importance accordée au “style de vie” a également une autre conséquence pour les expatriés : ils souhaitent désormais être envoyés dans des endroits beaucoup plus proches de chez eux. Pour ceux qui vivent depuis 3 ans loin de leur pays, être plus proche de la famille devient même une considération de plus en plus importante. Quant à ceux qui sont basés à l’étranger depuis 5 ans et plus, la proximité de la famille est sur le même pied d’égalité que de bénéficier d’un meilleur style de vie, en tant que motivation principale.
“Le fait que les employés belges soient plus casaniers ajoute au fait que le “rêve de l’expatrié” a clairement changé et que davantage de personnes donnent la priorité au style de vie, à la famille et aux amis lorsqu’elles planifient un déménagement, confirme Arjan Toor, PDG de Cigna Europe. Par conséquent, les employeurs pourraient être confrontés à d’énormes difficultés pour remplir des missions à l’étranger à l’avenir.”
Défi pour les employeurs
Il est clair que tout ceci change quelque peu la donne pour les employeurs qui vont au-devant de nouvelles difficultés lorsqu’ils voudront recruter du personnel pour l’étranger. Car cette volonté de proximité avec leur famille et le bénéfice d’un meilleur style de vie vont de pair avec une forte régionalisation au sein de la communauté des expatriés, ce qui rend à nouveau plus difficile pour les employeurs d’envoyer des employés à l’étranger.
“À partir de maintenant, il est probable que les organisations devront réévaluer la façon dont elles structurent les affectations des expatriés, conclut Arjan Toor. Compte tenu de l’augmentation de la fatigue virtuelle et du fait que la plupart des entreprises continuent de voir un intérêt à envoyer des employés à l’étranger, les employeurs devront trouver des solutions telles que des missions d’expatriation plus courtes, des procédures de sélection et de préparation adaptées, et devront reconsidérer les avantages (liés à la santé mentale) qu’ils offrent, créant ainsi un système d’expatriation plus hybride“.
Tout cela conduit à un nouveau défi pour pourvoir les missions à l’étranger à l’avenir.
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