Laurent Jacquet, directeur des prix à la Creg: “Il faut relativiser l’impact de la hausse du prix de l’électricité sur la facture”
Les prix de l’électricité et du gaz naturel s’emballent. Mais l’impact sur la facture n’est pas automatique, affirme cet expert du régulateur fédéral du secteur de l’énergie.
1. Comment expliquer ces hausses de prix?
La première raison, ce sont les prix historiquement bas en 2020. L’électricité a vraiment atteint un prix plancher l’an dernier suite à la baisse des volumes consommés. Aujourd’hui, avec la reprise économique, la demande croît et cela engendre des augmentations de prix. Ensuite, le prix de la tonne de CO2 a doublé sur les marchés par rapport à l’année dernière. Nous sommes maintenant à plus de 50 euros la tonne. Etant donné que l’on utilise du gaz pour produire de l’électricité, on retrouve une composante CO2 dans le prix de l’électricité. Cette hausse du prix du CO2 fait suite à une politique européenne destinée à redresser ce marché. La Commission a revu à la baisse les quotas gratuits alloués aux entreprises, ce qui a provoqué une lente remontée du prix du CO2, nécessaire si on veut mettre en oeuvre des politiques de réduction des gaz à effet de serre.
2. Quel sera l’impact de ces augmentations sur notre facture?
Pour les contrats fixes, le tarif ne bouge pas. Tant que le contrat ne vient pas à échéance, vous n’êtes pas impacté. Par contre, si vous avez un contrat variable, cette hausse des prix pourra être répercutée. Après, il faut voir si cette augmentation se maintient et faire la moyenne sur 12 mois. Par ailleurs, il est important de noter que dans le prix de l’électricité, les électrons à proprement parler représentent environ 25 à 30% de la facture. Le reste, ce sont des tarifs de réseau, des taxes et surcharges qui ne changent pas. Il faut donc relativiser l’impact sur la facture.
3. Qu’en est-il pour les entreprises?
Pour les petites entreprises, c’est similaire aux ménages. Une majorité de ménages et d’entreprises (environ 60%) optent d’ailleurs pour des contrats fixes. Pour les entreprises de taille plus élevée, c’est le système de “clics” qui prévaut. Elles doivent émettre cinq “clics” sur un an, et peuvent choisir à quels moments elles prennent la référence de prix sur le marché pour leur facturation. Soit elles ont déjà fait les “clics” nécessaires avant la remontée des prix, soit il leur en reste encore et il vaut alors peut-être mieux attendre. Il est difficile de donner un conseil général. Il faut analyser la situation au cas par cas. Acheter maintenant ou attendre quelques mois avant de cliquer? Cette période n’est clairement pas très propice au “clic”, mais il est clair que si l’entreprise doit réaliser des “clics” entre août 2020 et août 2021 et qu’il lui reste par exemple deux “clics”, elle va devoir examiner la situation au jour le jour et choisir le bon moment, tout en sachant qu’elle sera, quoi qu’il arrive, dans une tendance plutôt à la hausse comme on la constate encore en juillet. Le marché s’attend à des prix encore plus élevés, mais peut-être que le contexte sera différent dans deux mois. Nous ne savons pas le prédire aujourd’hui.
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