C’est l’ultime argument de Luc Hindryckx, du mouvement « Stop aux nuisances de l’aéroport de Charleroi ». Il relève que le déficit commercial des voyages de la Belgique s’est creusé pour atteindre 16 milliards d’euros en 2024. Il incrimine l’aéroport wallon.
L’exécutif de la Région wallonne doit encore examiner le renouvellement du permis d’environnement de l’aéroport de Charleroi. Luc Hindryckx, l’animateur du mouvement « Stop aux nuisances de l’aéroport de Charleroi », lui a envoyé une missive électronique pour détailler un argument différent de ceux qui sont habituellement formulés, et qui tournent autour des nuisances sonores.
Luc Hindryckx a fouillé les statistiques de la Banque Nationale et a relevé que le déficit commercial de la Belgique pour les voyages se creuse. Il atteignait 16,2 milliards d’euros en 2024, contre 13,2 milliards en 2023 et 11,2 milliards en 2022. Il attribue cette évolution en partie à la croissance du trafic à l’aéroport de Charleroi. « L’aéroport contribue activement au creusement du déficit de la balance des paiements liée aux voyages » écrit-il. Annexant un graphique où les courbes du déficit commercial des voyages et le nombre de passagers sont plus ou moins parallèles.
L’aspirateur des vols low cost
Il est difficile de dire quelle est la part de l’aéroport de Charleroi dans ce déficit, mais le succès des vols low cost ne doit pas y être étranger. Ryanair et d’autres ont joué un rôle important pour encourager les city trips, voyages au soleil, sans parler des échanges Erasmus, de la tendance au télétravail à l’étranger (workation) et du développement de l’achat de résidences secondaires, boosté par les multiples destinations pas chères.
Par ailleurs, il s’agit d’un déficit. Il se peut aussi que la Belgique ait perdu de l’attrait pour les visiteurs, qu’elle manque de compétitivité, avec un horeca dont les tarifs sont plus élevés que ceux de nos voisins, reflet des coûts d’opération plus importants. Le retour très lent des voyageurs d’affaires depuis le covid, à Bruxelles, doit aussi jouer un rôle.
Les Pays-Bas et l’Allemagne connaissent eux aussi un déficit commercial pour les voyages, la France, elle, est en excédent.
Luc Hindryckx conclut : « Il est plus que jamais urgent de revoir nos priorités économiques, et de cesser de promouvoir le développement d’un modèle qui nuit à notre tissu économique local et à la santé de milliers de Wallonnes et Wallons. »
Un rêve de croissance
Tous les transporteurs et les exploitants d’infrastructures aéroportuaires poursuivent une logique de croissance, ne serait-ce que pour préserver leur rentabilité.
C’est le cas de Brussels Airlines, qui a augmenté le nombre d’avions cet été pour transporter les voyageurs. Eurostar promet de transporter 30 millions de passagers d’ici 2030, contre 19,5 millions l’an dernier. L’aéroport de Charleroi vise, dans sa demande de renouvellement de permis d’environnement, les 16,2 millions de passagers en 2045, contre 10,5 millions en 2024.
Permis avant le 25 juillet
Le renouvellement du permis d’environnement de l’aéroport de Charleroi est dans la dernière ligne droite. Il devrait être délivré avant le 25 juillet. Les fonctionnaires technique et délégué ont remis un rapport favorable, avec quelques propositions de restriction, principalement un plafond du nombre de vols à 72.833 vols et non 80.000 comme demandé, à l’horizon 2041.
Déçu de ce projet de permis, Luc Hindryckx joue l’argument économique à contre-courant : le gain économique annoncé par l’aéroport sur son activité serait effacé par le déficit commercial des voyages.