La Turquie, nouvelle manufacture de l’Europe ? Le pays traverse une vague de fermetures d’usines

Une usine de vêteements en Turquie, image d'illustration. (Photo by Serhat Cagdas/Anadolu Agency via Getty Images)

Les faillites sont en hausse dans le secteur manufacturier en Turquie, et notamment dans le textile, alors que le pays est une des zones phares pour le nearshoring : les entreprises européennes qui veulent de plus en plus produire leurs marchandises ailleurs qu’en Chine.

La Turquie est souvent pointée comme un des pays pouvant profiter d’une tendance de démondialisation et de nearshoring. Elle pourrait ainsi devenir la “nouvelle Chine” de l’Europe. Mais cela pourrait finalement s’avérer plus compliqué que cela : le pays traverse une vague de fermeture d’usines, notamment dans le textile. Domaine où le pays est la cinquième force productrice mondiale, abritant de nombreux sous-traitants de marques européennes.

C’est une crise aux origines multiples, rapporte Reuters. En résumé :

  • Une inflation monstre, provoquée par une demande élevée et alimentée par des politiques monétaires accommodantes (une méthode à l’opposée de ce que font les autres banques centrales).
  • Puis un virage à 180 degrés : en un an, le taux d’intérêt directeur a été augmenté de 41,5 points de pourcent, à 50%.
  • Avec l’inflation, les salaires augmentent aussi drastiquement.
  • Soit deux hausses des coûts importantes pour les entreprises, en plus des hausses énormes des prix de l’énergie.
  • Alors que de l’autre côté, la devise nationale, la livre turque, est surévaluée et que le pays perd en compétitivité face à d’autres acteurs en Asie du Sud-Est.
  • Un cocktail qui fait que les commandes et les exportations s’effondrent.

Vague de faillites

Conséquence : les entreprises ferment. Les faillites sont en hausse de 28% en un an, après de 15.000 sur les sept premier mois de l’année. Le nombre d’entreprises demandant d’être placées sous protection judiciaire (pour réorganiser la dette ou pour orchestrer la faillite) est quant à lui en hausse du double en un, à 928 sur les huit premiers mois de l’année.

Ce qui n’est pas sans impact sur l’économie du pays. Le chômage est an hausse. Toutes ces fermetures et demandes de réorganisation de dette ont impact sur les autres entreprises (fournisseurs, créditeurs, etc.), qui ne reçoivent pas leurs paiements et peuvent aussi être mises en difficulté.

Mais cette crise, relativement nouvelle, peut aussi mettre à mal l’un ou l’autre projet d’entreprises européennes et occidentales qui veulent produire ailleurs qu’en Chine ou en Asie, plus proche du marché de distribution (une tendance en hausse depuis la pandémie). Si l’industrie textile et manufacturière ferme en masse, il sera compliqué d’envisager d’y sous-traiter des activités, car l’entreprise choisie pourrait ne plus exister dans quelques mois. Voilà qui peut vite devenir une boucle infernale… si Ankara ne parvient pas à enrayer le phénomène.

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