La sororité au cœur du leadership féminin: comment briser le syndrome de la “Reine des abeilles”

Leïla Rebbouh, Senior Manager chez Delaware BeLux, évoquera lors du Woman and AI Day le thème du leadership féminin et comment s’en faire un allié dans le secteur de la tech.  

La première édition du Woman and AI day est organisée par le MIC (Meet Innovate & Create), avec le soutien de Microsoft et Digital Wallonia, en partenariat avec le Réseau Diane et Womanly. Cet événement proposera des ateliers pratiques destinés à aider les femmes entrepreneures à intégrer l’IA dans leur quotidien, alléger leur charge administrative, ou encore, développer leur leadership dans le secteur de la tech. Leïla Rebbouh, Senior Manager chez Delaware BeLux sera l’une des conférencières.

Qu’allez-vous aborder comme thématique lors du Woman and AI day ?

Je propose un exposé court en mode TED sur le thème du leadership des femmes dans la tech et la raison pour laquelle il y a finalement si peu de femmes dans ce domaine. Bien sûr, cela englobe l’IA. J’aurais pu aborder des sujets comme le syndrome de l’imposteur ou d’autres obstacles, mais je souhaite me concentrer sur un point essentiel, souvent négligé dans le développement personnel des femmes et le leadership. Il s’agit de la notion de sororité.

Pouvez-vous expliquer ce que vous entendez par “sororité” en entreprise ?

On a souvent tendance à privilégier, soutenir et s’entourer de personnes qui nous ressemblent. C’est pourquoi le leadership se perpétue de manière similaire de décennie en décennie. Ce sont toujours les mêmes personnes qui détiennent le pouvoir. C’est pour cette raison que les femmes ont du mal à percer, car depuis des années, on reproduit les mêmes schémas : les gens se choisissent entre eux. La sororité, c’est l’idée que chaque femme, à son niveau, peut être un rôle modèle et aider d’autres femmes à progresser.

Malheureusement, les rôles modèles sont souvent ce que l’on appelle des “Queen Bees”. Ces “Reines des abeilles” produisent en réalité l’effet inverse de ce que l’on attendrait d’un rôle modèle féminin. Il faut casser cette image et créer un espace authentique d’aide et de valorisation des autres femmes dans le secteur.

Qu’est-ce que précisément ce phénomène de la “Reine des abeilles”?

Lorsque des femmes ont réussi à briser le plafond de verre, elles deviennent très dures avec d’autres femmes, reproduisant ce qu’elles ont subi. Des études universitaires le prouvent. Elles ont peur d’être accusées de favoritisme et s’entourent souvent d’hommes, ce qui ne favorise pas l’émergence de nouvelles figures féminines.

Pourquoi ces femmes agissent-elles ainsi ?

Parce qu’elles ont dû travailler extrêmement dur pour atteindre leur position actuelle. Elles sont brillantes, et ce qu’elles font, c’est reproduire ce qu’elles ont elles-mêmes subi. Elles ont tendance à faire subir aux autres femmes les mêmes épreuves qu’elles ont traversées pour arriver à un niveau supérieur. Finalement, elles s’entourent aussi d’hommes parce qu’elles craignent qu’on les accuse de favoritisme.

Comment la sororité peut-elle aider à changer les choses ?

En étant conscientes de ce phénomène, nous pouvons tracer un chemin plus facile aux générations futures. Nous devons tirer les autres femmes vers le haut et leur ouvrir la voie vers le sommet. Ce que je plaide, c’est que chacune d’entre nous, à tous les niveaux, devrions être un rôle modèle avec ses propres compétences et expériences.

Pensez-vous que les quotas sont nécessaires pour augmenter la représentation des femmes dans le secteur de la tech et dans d’autres secteurs en général ?

Les quotas ont permis l’émergence de figures politiques féminines, mais il est important de rester attaché à la méritocratie et à la justice basée sur les compétences et l’expérience. Lorsque je travaillais chez NRB, j’étais responsable du département  de l’intelligence artificielle et de data science. j’étais très  fière d’avoir 37 % de femmes dans mon département.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content