La société française Samabriva s’implante en région liégeoise
L’entreprise française va produire de manière industrielle des molécules végétales, utilisées par l’industrie pharmaceutique.
Trente pour cent des médicaments sont basés, directement ou indirectement, sur des molécule naturelles issues de plantes comme la quinine, la colchicine ou la vinblastine. Pour obtenir ces molécules, il faut cultiver, parfois de manière très extensive, les plantes qui les génèrent. L’inconvénient est triple : ces cultures accaparent des terres agricoles, l’empreinte carbone du processus n’est pas négligeable (insecticides dans les champs, exportation de la production) et, surtout, les aléas d’une culture en champ (pluies, sécheresse, insectes…) ne permettent pas toujours d’obtenir une récolte d’une qualité aussi constante que ne le souhaiterait l’industrie pharmaceutique.
Etape industrielle
Immunologiste à l’université d’Amiens (France), Marina Guillet a centré ses recherches sur la production en laboratoire de ces molécules, qui ne sont pas synthétisables chimiquement, afin de pouvoir proposer une alternative aux cultures en champs. Ce travail entamé depuis plus de dix ans est maintenant prêt à passer à l’étape industrielle. Et cette étape se concrétisera en région liégeoise, a fait savoir Marina Guillet, qui a fondé la société Samabriva en 2011 dans le but de valoriser ses recherches.
Pourquoi la Belgique plutôt que la France ? En raison bien entendu de l’importance des écosystèmes en biotechnologies et en bioproduction, que Samabriva connaît très bien puisque le président de son CA n’est autre que Pascal Lizin, ancien directeur des Affaires publiques chez GSK et ancien président de la SFPI. « Ce n’est pas très loin d’Amiens, où restera localisée notre R&D, précise Marina Guillet. Nous avons par ailleurs déjà des partenariats avec des sociétés belges. » Noshaq et Investsud ont participé à la levée de 4 millions d’euros destinée à financer la construction d’une unité de production industrielle. L’investissement est également soutenu par des Business Angels, la Banque publique d’investissement (France) et par la Région wallonne, à travers les aides du SPW.
Un système complètement naturel
Le procédé développé par Samabriva part d’un système complètement naturel : la vie en symbiose de la plante et de certaines bactéries. Quand elle est infectée par cette bactérie, la plante développe un « cheveu racinaire », lequel produit la fameuse molécule recherchée. Les recherches de Marina Guillet ont permis d’isoler ce cheveu racinaire et de le développer ensuite en milieu liquide où il peut pousser de manière récurrente. Ce cheveu racinaire peut ensuite être isolé, puis cultivé en milieu liquide où il peut pousser de manière récurrente. « Ce n’est pas de la modification génétique mais du génie génétique, explique la CEO de Samabriva. Lorsque nous produisons des molécules naturelles de plantes, nous modifions l’expression de gènes qui existent naturellement dans, la plante, nous n’injectons rien. »
Cette technologie est aujourd’hui maîtrisée et passera donc en mode industriel, pour générer les molécules particulières qui intéressent ses clients (les entreprises pharmaceutiques, y compris les plus grandes). « Le gros avantage, c’est que nous amenons la prédictibilité des approvisionnements et la qualité du produit final, ajoute Pascal Lizin. C’est un atout essentiel pour l’industrie. Nous pouvons produire toute l’année, avec une pureté constante. »
Le travail en milieu confiné et stérile, plutôt qu’en champs peut multiplier la productivité par un facteur… 1000. De quoi, effectivement, attirer l’industrie pharmaceutique et compléter ainsi l’écosystème belge, et demain international, de production de médicaments
L’unité de production de Samabriva en Belgique devrait être opérationnelle d’ici la fin 2024 ou le début 2025. Elle devrait porter les effectifs de l’entreprise de 10 à 25 ou 30 personnes.
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