La Smala fête ses 4 ans et vise grand: réinventer les PME pour un impact durable

ESG concept of environmental, social and governance. Sustainable corporation development. A hand flips a wooden block with the abbreviation ESG onto the target icon. on a green background.. © Getty Images
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Grâce à son modèle coopératif et son approche mêlant réseautage, entraide, stratégie et impact, la coopérative La Smala accompagne les entrepreneurs dans leur transition pour avoir plus d’impact positif. Rencontre avec une communauté en pleine expansion qui veut prouver qu’un autre modèle est possible.

Face aux enjeux environnementaux, sociétaux et économiques, les PME jouent un rôle crucial. Si elles doivent elles-mêmes s’adapter aux changements, elles peuvent aussi et surtout devenir des moteurs de transformation. C’est précisément pour les accompagner dans cette voie qu’a été fondée, voici quatre ans, la coopérative wallonne La Smala. À sa tête, une série de spécialistes chevronnés de l’entrepreneuriat comme Olivier Mallue (Newpharma), Luc Pire, Florence Trokay (Magasins d’Ici) ou Bernard Surlémont. La Smala accompagne les entreprises et les aide à se réinventer pour générer un impact positif sur l’environnement, la société et leurs employés.

Grâce à une méthode novatrice qui combine réseautage, consultance, stratégie et entraide, La Smala a déjà créé une communauté de 150 patrons et entrepreneurs, et aidé pas moins de 50 entreprises à repenser leur manière de fonctionner. “Nous ne proposons pas un accompagnement classique, explique d’emblée Sophie Joris, directrice de La Smala. Notre approche repose sur le partage d’expériences entre pairs et la construction de stratégies qui touchent au cœur même des entreprises.”

“L’approche de La Smala repose sur le partage d’expériences entre pairs et la construction de stratégies qui touchent au cœur même des entreprises.” – Sophie Joris, directrice de La Smala

Les mains dans le cambouis

De fait, La Smala ne ressemble pas vraiment à une autre initiative : ce n’est ni un cercle d’affaires ni un cabinet de consultance ni un organisateur d’événements. Mais c’est un peu de tout cela à la fois. “L’idée est de rassembler des entrepreneurs pour démontrer qu’un autre modèle est possible, poursuit la responsable de La Smala. En mutualisant les expériences et en s’appuyant sur des pairs qui ont déjà mis des choses en place, nos membres gagnent du temps et vont plus vite, plus loin.”

L’approche de la coopérative repose sur deux axes majeurs. D’un côté, une sorte de “club” ou de réseau d’entraide pour inspirer, rassurer et dynamiser les dirigeants, au travers d’événements et de partages d’expériences. Cela se fait au travers de cercles d’accompagnement ou d’événements spécifiques. De l’autre côté, La Smala propose également des services structurés pour construire et déployer une stratégie d’impact, intégrant des entrepreneurs expérimentés dans chaque mission. Là, la coopérative s’appuie sur une dizaine d’experts qui agissent comme des consultants.

Sur ce volet, La Smala propose différents services d’accompagnement en vue de construire une nouvelle stratégie d’impact. L’une des pierres angulaires de l’accompagnement proposé par La Smala est “la pyramide”, un programme structuré en quatre étapes conçu pour aider les PME à construire une stratégie d’impact sur mesure. Ce parcours démarre par une réflexion sur la raison d’être personnelle du dirigeant, “afin d’ancrer la démarche dans des motivations profondes et authentiques”, expliquent les responsables de la coopérative. Ensuite, les participants définissent les missions et valeurs de leur entreprise à impact, avant de bâtir une vision réaliste tenant compte des enjeux spécifiques de leur secteur. La dernière étape consiste à fixer les priorités stratégiques et à élaborer un plan d’action annuel concret.

Cette méthode, Vanessa Gohy, fondatrice de l’agence de communication Ribbon, l’a suivie avec une grande satisfaction. “Je suis entré dans La Smala avec une idée très précise qui n’était pas d’être simplement inspirée par d’autres. Je voulais vraiment avoir un accompagnement en pratique pour intégrer la vision d’impact dans mon entreprise. Je ne voulais pas que cela soit des valeurs et des rêves mais je voulais que cela se reflète dans mon business.”

Dans le cadre de cet accompagnement payant par la coopérative, l’entrepreneuse a suivi des workshops individuels pour se confronter à sa vision de dirigeante avant d’enchaîner sur des workshops collectifs, puis une mise en pratique à l’aide d’analyse Swot et de la méthode des OKR (méthode de gestion pour le suivi des objectifs).

Fournir des comités d’accompagnement

La pyramide n’est pas la seule proposition concrète faite par la coopérative. Elle organise aussi, pour des entrepreneurs désireux d’avoir un impact spécifique, des comités d’accompagnement, au-delà du conseil d’administration. Concrètement, La Smala trouve trois entrepreneurs de confiance qui entourent l’entrepreneur pour l’accompagner dans sa stratégie d’impact.

Jonathan Bouhy, CEO d’Elneo, l’a mis en pratique. “J’ai voulu créé un comité stratégique qui n’a pas le pouvoir de décider pour l’entreprise, mais dont le but est d’avoir un œil extérieur et qui puisse challenger nos décisions. La Smala a pu identifier des personnes qui partagent mes valeurs et sont complémentaires. Je n’aurais pas pu rêver mieux. Je suis désormais entouré dans ce comité par trois chefs d’entreprise qui ont le même genre de souci au quotidien, même dans des secteurs différents”.

“Un véritable accélérateur”
Dirigeant d’Elneo – PME spécialisée dans l’air comprimé, qui emploie 100 personnes et génère quelque 26 millions de chiffre d’affaires –, Jonathan Bouhy a trouvé en La Smala un partenaire clé pour mettre en place l’actionnariat salarié au sein de son entreprise. Confronté à des changements d’actionnaire, le CEO d’Elneo a dû rapidement restructurer son actionnariat et a voulu implémenter le concept d’actionnariat salarié, pas aussi répandu qu’on ne le pense. Il s’est alors tourné vers la coopérative. Alors qu’un tel projet peut prendre plusieurs années, il a réussi, avec l’aide de La Smala, à passer d’une “page blanche” à un modèle opérationnel en six mois seulement. “La Smala nous a aidés à structurer la communication et à trouver de bonnes idées, précise Jonathan Bouhy.
En quelques semaines seulement, j’ai été mis en contact avec plusieurs entrepreneurs ayant déjà expérimenté l’actionnariat salarié, comme Laurent Provost d’Automation & Robotics. Ce partage d’expérience, avec des personnes qui ont vécu concrètement les choses et ont dû l’expérimenter, m’a permis de gagner un temps précieux et d’éviter les erreurs. En ce sens, La Smala est un véritable accélérateur, un écosystème où l’on trouve les réponses et les soutiens nécessaires pour avancer.” À son tour, le patron d’Elneo se met à disposition pour aider d’autres entreprises qui cherchent de l’aide. “Je fais des présentations et rencontre avec plaisir des entrepreneurs en one-to-one, se réjouit-il. Cela fait partie des valeurs de la coopérative et c’est très enrichissant.”

Le jeune patron confirme qu’il n’aurait pas réussi à trouver ces profils dans son propre réseau ou que cela lui aurait pris du temps. Depuis lors, “ce comité est aligné dans le projet de l’entreprise et s’implique, précise Jonathan Bouhy. Ils ne sont pas là pour une réunion avant de repartir”.

La Smala a aidé Jonathan Bouhy (Elneo) à trouver les profils qu’il n’aurait pas trouvés dans son propre réseau.

La coopérative propose également d’autres mécanismes d’aide et d’accompagnement, comme le “Safari” qui permet de partir à la rencontre d’entrepreneurs aguerris (qu’ils fassent ou non partie de La Smala) sur des sujets précis et pour échanger en petit groupe avec lui (ou elle). “Dans tout ce qu’on fait, on aime s’appuyer sur l’expérience des uns et des autres. Parler à des entrepreneurs qui ont déjà mis des choses en place permet d’aller plus vite et plus loin. Il est important que cette approche repose sur des échanges concrets et ancrés dans la réalité, loin des modèles purement théoriques.”

Patron d’Automation & Robotics, une entreprise de 170 personnes spécialisée dans le contrôle de qualité des verres de lunettes, Laurent Provost est coopérateur et “utilisateur” de La Smala, un projet qu’il affectionne tout particulièrement et dans lequel il est impliqué.

“Là-bas, je sais que j’ai un endroit où je peux trouver un écosystème où je peux confronter pas mal de mes défis sur des réflexions stratégiques ou même personnels. Il m’est arrivé de faire appel à La Smala pour m’aider à y voir plus clair au moment de relever des challenges importants. J’ai ainsi demandé de regrouper 10 entrepreneurs pendant une après-midi. J’ai fait le pitch de mes défis devant eux et on a fait des tours de table sur le partage et l’expérience durant lesquels tous expliquaient ce qu’ils feraient. C’est très précieux.”

Une micro-structure qui doit être rentable

Côté business, La Smala n’a rien de caritatif. Cette micro-structure de trois personnes est une coopérative qui fonctionne selon un modèle participatif : ses membres, clients et coopérateurs peuvent s’impliquer activement dans les décisions stratégiques.

Toutefois, La Smala vise clairement la rentabilité et l’autonomie financière. Les cotisations annuelles pour accéder à son réseau et participer aux activités de partage d’expérience oscillent entre 800 et 2.000 euros. Quant aux accompagnements stratégiques sur mesure, conçus en plusieurs étapes, ils démarrent à 12.000 euros et peuvent inclure des dispositifs, tels que les comités d’accompagnement ou le rôle de copilote. Son ambition est de réaliser un peu plus de 500.000 euros de chiffre d’affaires l’année prochaine, dont 450.000 provenant de l’accompagnement, le reste étant généré avec les activités de réseautage.

Depuis son lancement, voici quatre ans, La Smala a attiré 150 entrepreneurs. Et 50 entreprises ont d’ores et déjà réalisé un chemin d’impact. Pour l’avenir, la coopérative a une ambition claire : La Smala projette d’augmenter son impact avec un objectif d’avoir accompagné, d’ici 2028, 150 entreprises dans leur transition. Le tout, en multipliant les initiatives innovantes et en renforçant sa communauté d’entrepreneurs. Et de se positionner comme l’un des acteurs incontournables de la transition des PME en Belgique.

Vanessa Gohy (Ribbon) témoigne : “Je voulais vraiment avoir un accompagnement en pratique pour intégrer la vision d’impact dans mon entreprise.”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content