La robotisation menace près de la moitié de l’emploi wallon
Près de la moitié de l’emploi existant dans le sud du pays “serait menacé” d’ici “une à deux décennies” par la digitalisation et la robotisation de l’économie, selon une estimation de l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps), qui a réalisé une étude sur le sujet à la demande du gouvernement régional.
L’ensemble de l’emploi wallon actuel serait impacté à des niveaux différents: 11% avec un risque très élevé, 50% avec un risque élevé et 39% avec un risque modéré. Au total, 564.000 emplois seraient menacés à l’horizon de 10 à 20 ans, précise l’Iweps dont l’étude a été publiée en primeur par L’Echo.
Selon l’institut, les postes d’employés administratifs sont les plus menacés par la robotisation (116.500 emplois). Suivent les travailleurs des services directs aux particuliers, les commerçants et les vendeurs (105.000 emplois); les métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat, d’une part, et les professions élémentaires, d’autre part, qui comptabiliseraient chacune environ 80.000 emplois menacés par la digitalisation. Les managers wallons ne représenteraient quant à eux que 2% de l’emploi potentiellement affecté par la robotisation dans la région alors que 2/3 des emplois occupés par des femmes se trouveraient au contraire parmi les professions les plus exposées.
Ces chiffres ne sont qu’une “évaluation brute” basée sur l'”éventualité statistique d’une substitution d’emplois existants par des machines”, l’analyse ne tenant pas compte de la création d’emplois nouveaux, liée à la numérisation, nuance toutefois l’institut.
Afin d’exploiter cette numérisation comme levier de croissance, le rapport de l’Iweps préconise, avant tout, d’identifier les secteurs impactés et leurs besoins en ressources spécifiques (financières, infrastructures, compétences). Il plaide en outre pour la mise en place de nouvelles filières de création d’emplois branchées sur les nouvelles technologies.
Quant aux politiques publiques en la matière, elles doivent permettre de renforcer les compétences par l’enseignement et la formation; soutenir à la fois l’offre et la demande de services et produits digitaux; prévenir les inégalités socio-économiques portées par la numérisation, notamment en repensant la fiscalité et adapter les cadres normatifs en matière de travail. La dimension territoriale doit enfin être incorporée dans la politique d’adaptation au numérique (smart cities, dynamiques territoriales évitant les risques de décrochages sous-régionaux, …), plaide l’institut.