La maison d’édition Onlit ferme

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La maison d’édition Onlit a annoncé sa fermeture en raison d’un “contexte économique” qui “a déséquilibré (son) fragile modèle”. Le directeur Pierre de Mûelenaere s’est fendu d’une lettre ouverte dans laquelle il évoque la difficulté de poursuivre l’édition de création en Belgique francophone.

Un constat partagé par Benoît Dubois, directeur de l’Association des éditeurs belges (ADEB). “Plusieurs acteurs de la filière du livre sont en très grandes difficultés”, s’alarme-t-il auprès de l’agence Belga.

Fondée en 2012 et consacrée à la littérature contemporaine, la maison d’édition Onlit a proposé au cours de son existence plusieurs dizaines d’ouvrages d’autrices et auteurs belges francophones, parmi lesquels plusieurs d’entre eux ont remporté des prix (Marcel Thiry, Parlement de la FWB, finaliste du prix Rossel…). Mais la maison qui reposait “sur une petite équipe d’indépendants” a dû faire face à des années “particulièrement ardues financièrement”, explique le directeur Pierre de Mûelenaere par voie de communiqué.

Un effet de ciseau

Selon Benoît Dubois, directeur de l’ADEB, qui représente près de 130 éditeurs, le constat évoqué dans son mémorandum publié en décembre dernier se confirme. Onze grands éditeurs sur quatorze avaient alors confirmé avoir mis en place un plan de réduction des coûts. “Il y a un effet de ciseau : d’une part, la réalité des coûts toujours plus élevés en raison de l’indexation des salaires et de l’inflation, avec des coûts 30 à 100% supérieurs”, explique-t-il, “et la réalité du marché, d’autre part, avec des grands éditeurs français qui ont limité le prix de leurs livres à 5% d’augmentation entre 2022 et 2023 grâce à des capacités financières bien plus grandes qu’en Belgique, alors que la hausse devrait être autour de 15 à 20%.”

Selon le directeur de l’association, les grands éditeurs français profitent ainsi de leur position pour mener une politique de guerre des prix qui usent les plus petites maisons d’édition, dont les belges. “Le marché belge francophone est dicté par le marché français. Or, ces éditeurs ont les capacités de freiner les prix, mais les petites maisons ne peuvent pas suivre”, confirme-t-il.

Si en Belgique francophone, le numérique représente un quart du chiffre d’affaires des maisons d’édition (75 millions d’euros sur 310 millions), la fiction reste très marginale sur ce marché qui pourrait pourtant permettre une réduction de certains coûts. “En France, cela représente 100 millions d’euros par rapport aux 4,4 milliards d’euros que représente le secteur du livre en 2023”, calcule Benoît Dubois. “La fiction ne représente qu’une petite partie du marché, que ce soit en France ou en Belgique”.

Si des “petites solutions ponctuelles” sont proposées par la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’ADEB souhaite à court terme une indexation des moyens alloués au secteur du livre dans le prochain décret réorganisant les subventions existantes et qui devrait être adopté au printemps.

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