La filière d’orge brassicole belge comme tremplin pour d’autres céréales alimentaires
Une coopérative d’agriculteurs et d’agronomes, Cultivaé, s’attèle, depuis sa création il y a 5 ans, à constituer une filière d’orge brassicole.
D’une production de 200 tonnes en 2018, le cap des 3.000 tonnes devrait être atteint cette année. La coopérative souhaite désormais étendre ce modèle à d’autres cultures liées à l’alimentation humaine, comme le blé panifiable, l’épeautre, l’avoine, ou les pois secs. L’agro-industrie est demandeuse. Reste à réunir suffisamment d’agriculteurs.
Cultivaé a accueilli la semaine passée à Perwez des entreprises actives dans la transformation de céréales. Ces leaders européens dans leur secteur (moulins, malteries…) ont fait part de leur demande croissante en céréales et oléo-protéagineux issus de l’agriculture régénérative aux agriculteurs intéressés par ces nouvelles filières.
“La Belgique a cette force de disposer, sur un petit territoire, d’agriculteurs et d’agro-industries à la pointe aussi bien en Flandre qu’en Wallonie”, commente Catherine Marlier, cofondatrice de Cultivaé.
Les premiers efforts de la coopérative se sont portés sur la relance d’une filière d’orge brassicole en Belgique. Actuellement, 2% environ de l’orge transformé par les malteries belges proviennent du Plat Pays. Cultivaé, avec l’aide de Belgomalt, la filiale du malteur industriel Boortmalt, établie à Gembloux, souhaite rééquilibrer les choses.
Un projet qui plait
Plusieurs brasseries s’inscrivent dans ce projet comme Bertinchamps, Valduc et Jandrain-Jandrenouille ainsi que de plus gros acteurs comme Huyghe (Flandre orientale) et Lefebvre (Brabant wallon). Le Brussels Beer Project y prend part aussi et a dévoilé cette semaine une pils produite à partir d’orge uniquement issu de l’agriculture régénérative. Cette “régénération” est obtenue notamment en réduisant le travail du sol, et en disposant des couverts végétaux entre les cultures de rente afin de réduire le recours aux produits chimiques. La méthode a été reconnue comme une solution négative en carbone.
Aujourd’hui, 25% du malt d’orge nécessaire à la production totale du BBP, estimée à 20.000 hectolitres annuels, sont issus de cette agriculture. D’ici 2 ans, les responsables de la brasserie bruxelloise souhaitent faire porter cette proportion à 75%.
Cultivaé rassemble aujourd’hui les productions de plus de 60 agriculteurs produisant soit en agriculture biologique, soit en agriculture régénérative. La plupart d’entre eux sont établis en Wallonie. “Ça débute en Flandre”, ajoute Mme Marlier. “Nous espérons à court terme monter à 80-100 agriculteurs.”
Toute la production de bière en Belgique, estimée à 23 millions d’hectolitres l’an dernier, ne peut être réalisée à partir d’orge local, compte tenu du peu de superficies disponibles. La plupart de l’orge brassicole étant produit en Wallonie, le Collège des producteurs tablait, dans son plan de développement stratégique 2017-2027, sur un potentiel de 800.000 hl, soit 15.000 à 20.000 tonnes d’orge à produire sur 3.000 hectares.