La collection de printemps/été sera-t-elle là à temps ?
Avec les attaques en mer Rouge, les navires font de longues déviations entre l’Asie et l’Europe. Le secteur du vêtement, mais aussi de meubles, de décorations et autres produits spécifiques à la saison, craignent de voir des rayons vides et la collection printemps/été arriver en retard.
Encore une attaque en mer Rouge, ce mardi. “L’UKMTO (Opérations du commerce maritime du Royaume-Uni, cellule de communication de la marine britannique pour le monde du commerce, NDLR) a reçu des rapports d’un incident à environ 50 miles nautiques à l’ouest d’Al Hudaydah. Plusieurs rapports d’activité de systèmes aériens sans équipages (UAS ou drones, NDLR), les forces de la coalition interviennent, aucun blessé ou dommage n’a été signalé”, indique la cellule sur son fil des alertes. 20 drones environ et 3 missiles ont été abattus.
Signe que la situation n’est toujours pas sûre, malgré la présence militaire. L’immense majorité des porte-conteneurs ne prend plus la route Océan Indien – Mer Rouge – Méditerranée pour aller de l’Asie vers l’Europe, mais contournent le continent africain. Soit 9.000 kilomètres et dix jours de voyage de plus. Le prix des conteneurs explose (il a plus que doublé depuis la mi-décembre), en plus des coûts de transport qui augmentent (un million de dollars en plus rien que pour le carburant). Voilà un risque d’inflation. Mais pour le secteur de la mode et du vêtement, c’est, en plus, un véritable casse-tête.
Rayons vides ?
C’est que les collections printemps/été sont censées arriver dans les rayons dans les semaines à venir. Et comme bon nombre de vêtements vendus en Europe sont produits en Asie, les livraisons risquent d’être impactées par les déviations des navires – qui touchent aussi la disponibilité des bateaux. Mais ce n’est pas tout : il faut aussi prendre en compte le Nouvel An chinois, périodes de congés de deux semaines ou plus en Asie, dans cette équation. Il faut idéalement tout envoyer avant cette date, qui tombe le 10 février cette année.
Le secteur s’inquiète donc de voir des rayons vides, selon un tour de table de Reuters. C’est vrai pour la mode, mais aussi pour d’autres biens de consommation liés aux saisons, comme des décorations, des jouets ou des meubles. Le problème de la saisonnalité, c’est que si les produits arrivent trop tard dans les rayons, toute la collection peut être perdue.
Quelles alternatives ?
Les entreprises réfléchissent donc à d’autres pistes. Mais il n’y a pas d’alternatives magiques. Le rail, de l’ouest de la Chine à l’Europe de l’Est, par exemple, est une option. Mais là aussi, en conséquence des soucis du commerce maritime, les tarifs augmentent rapidement. Le train, de base, est déjà plus cher : le prix pour un conteneur de 40 pieds coûte environ deux fois plus que sur un bateau. Et un train transporte beaucoup moins de marchandises qu’un porte-conteneurs (il faudrait 100 trains pour un bateau environ). Il peut donc être compliqué de trouver des disponibilités à bord d’un train.
Par avion, sinon. Mais c’est plus cher aussi, et les volumes transportés sont encore moins importants. Le Britannique Next et le Polonais LPP disent en tout cas réfléchir à s’appuyer en partie sur le transport par avion, du moins pour les pièces les plus importantes de la collection. Une leçon qui avait déjà été apprise durant le covid. Tout comme le fait d’envoyer les livraisons plus tôt, ce que les entreprises font aussi dans ce contexte-ci. Mais cela reste une course contre-la-montre. Aldi Nord par exemple retarde ses campagnes de publicité pour différents produits saisonniers, le temps d’être sûr qu’ils soient en stock. Tout en s’attendant à des délais de livraison plus longs.
Autre piste, pour ceux qui le peuvent, c’est de s’appuyer davantage sur d’autres sites de production, comme la Turquie. Ces dernières années, dans un contexte de tensions économiques, de nombreuses entreprises occidentales diversifient déjà leurs sites de production, pour être moins (ou plus du tout) dépendantes de la Chine. La Turquie, entre autres, profite de cette tendance de “relocalisation”. Et au vu de cette nouvelle crise des chaines d’approvisionnement, la tendance pourrait encore s’accélérer.
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