Chasse aux droits de douane les plus bas : comment les entreprises pourraient s’adapter à la guerre de Trump

Une usine en Chine. (Photo by Costfoto/NurPhoto via Getty Images)

Les droits de douane ne suffiraient pas à inciter la majorité des entreprises à implanter des usines aux États-Unis, selon un sondage. Celles-ci privilégieraient plutôt des pays où les droits de douane restent faibles, en guise d’alternative.

Au cours des 20 à 30 dernières années, l’économie mondiale a été marquée par l’essor de la mondialisation. L’un de ses aspects les plus visibles était la délocalisation de la production vers l’Asie, où les coûts étaient bien inférieurs à ceux de l’Occident. Mais ces dernières années — notamment depuis la pandémie, qui a constitué une rupture nette — la tendance a commencé à évoluer. Elle prend désormais la forme d’un mouvement de relocalisation: les entreprises ramènent leurs productions plus près du marché où elles vendent leurs produits, pour éviter ou réduire les risques des longues chaines d’approvisionnement.

Mais ce visage pourrait maintenant de nouveau changer. En cause : les droits de douane de Trump, parfois très élevés pour certains pays… où de nombreuses entreprises occidentales produisent de nombreux biens. Le président des États-Unis espère ainsi ramener la production au pays, booster le travail, les investissements et les exportations. Mais la réalité sera peut-être autre : les entreprises cherchent maintenant à relocaliser la production vers les pays où les taxes douanières sont les moins élevées, montre un sondage de CNBC. Une tendance qui a déjà un nom : le “low-tariff globe hopping”.

Mais il reste à voir si cela ne va pas créer un jeu du chat et de la souris : Trump pourrait davantage taxer ces pays si de nombreuses entreprises y produisent leurs marchandises (comme sa boussole pour les droits de douane est la balance commerciale entre les États-Unis et le pays visé).

Production locale : trop chère

61 % des entreprises déclarent qu’elles préfèrent déplacer leur production vers un pays où les droits de douane sont faibles, plutôt que de la rapatrier aux États-Unis. D’autres indiquent qu’elles maintiendront leur production là où elle se trouve actuellement. Le rapatriement complet de la production vers le territoire américain est jugé trop coûteux : un iPhone, par exemple, pourrait alors atteindre un prix de 3.500 dollars.

Parmi les entreprises interrogées, 57 % affirment qu’elles n’installeront pas leur production aux États-Unis en raison de ces coûts, cités comme principal obstacle. Certaines craignent même un doublement de ceux-ci.

Mais les coûts ne sont pas la seule préoccupation : une entreprise sur cinq invoque en priorité le manque de main-d’œuvre qualifiée sur le territoire américain. Depuis la pandémie, la pénurie de personnel s’est accentuée. Les politiques migratoires restrictives de Donald Trump — notamment les expulsions massives et la limitation de l’immigration — laissent craindre un rétrécissement encore plus marqué du vivier de travailleurs.

Pour alléger la facture, Trump promet des réductions fiscales aux entreprises. Toutefois, seules 14 % d’entre elles citent la fiscalité comme un facteur déterminant dans leur décision de ne pas relocaliser. Une baisse des impôts pourrait donc avoir un impact limité sur leurs choix stratégiques.

D’autres éléments freinent également les 380 entreprises sondées, toutes membres d’associations sectorielles telles que la Chambre de commerce américaine. Parmi eux : la confiance et la demande des consommateurs, le prix et la disponibilité des matières premières, ou encore ce que certaines décrivent comme “l’incapacité de l’administration actuelle à fournir une stratégie cohérente”. Enfin, 61 % des entreprises ayant répondu à cette question estiment être victimes de harcèlement de la part de l’exécutif.61% des entreprises disent qu’elles vont plutôt déplacer leur production vers un pays où les droits de douane sont bas que de la déplacer aux États-Unis (et d’autres vont simplement rester là où elles sont actuellement). Car ramener la production entièrement au pays est trop cher : un iPhone coûterait alors 3.500 dollars, par exemple. 57% des entreprises indiquent qu’elles ne vont pas installer leur production aux États-Unis à cause des coûts (cités comme première raison). Ces coûts pourraient doubler, craignent-elles.

Mais il n’y a pas que les coûts : une entreprise sur cinq cite comme première raison un manque de personnel qualifié aux États-Unis. Il y a, en plus, eu une pénurie de main d’oeuvre depuis la fin de la pandémie. Trump expulse des immigrés, en masse, et limite l’immigration ; le pool de travailleurs disponibles devrait donc encore empirer.

Pour réduire ces coûts, Trump a promis des réductions d’impôt aux entreprises. Mais elles ne sont que 14% à citer la taxation comme une raison de ne pas retourner au pays. Une baisse des impôts pourrait ainsi ne pas aider les entreprises à changer d’avis.

D’autres facteurs encore dissuadent les 380 entreprises sondées, membres de différentes associations sectorielles (comme la Chambre de commerce américaine). Comme la confiance et la demande des consommateurs, le prix et la disponibilité de matières premières et “l’incapacité de l’administration actuelle à fournir une stratégie cohérente.” 61% des entreprises (parmi celles qui ont répondu à la question) estiment qu’elles sont harcelées par l’exécutif américain.

Déjà un impact

Les entreprises indiquent d’ailleurs qu’elles ressentent déjà un impact de la part des droits de douane. 89% des entreprises voient des commandes annulées. 75% d’entre elles s’attendent à ce que les consommateurs réduisent leurs dépenses et 61% des entreprises indiquent augmenter les prix de leurs produits.

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