Hydrogène: John Cockerill en pointe

Illustration © BelgaImage

Le groupe liégeois est un spécialiste des électrolyseurs, outil indispensable à la production de la grande source d’énergie de demain.

Les électrolyseurs, ces machines nécessaires à la production d’hydrogène, le groupe liégeois John Cockerill connaît : “Nous utilisons depuis longtemps l’électrolyse pour fabriquer de l’acier galvanisé, nous maîtrisons les procédés physicochimiques le traitement de l’eau, du gaz… Tout cela fait partie de notre coeur de métier”, observe Matthieu Jehl, ancien CEO d’Arcelor Mittal en Belgique qui dirige depuis juin la branche énergie du groupe John Cockerill.

Mais si le secteur de l’hydrogène intéresse tant le groupe, c’est pour deux raisons. D’abord, John Cockerill veut construire les “stations-services” à hydrogène de demain. Un projet pilote lancé l’an dernier avec l’aéroport de Liège présentera bientôt un exemple de chaîne de valeur complète, depuis un champ de panneaux photovoltaïques pour produire l’électricité, un électrolyseur pour produire l’hydrogène et une station de distribution pour permettre aux véhicules roulant à l’H2 de faire le plein.

Mais l’autre champ de développement du groupe, ce sont les électrolyseurs, dont John Cockerill est un des principaux fabricants mondiaux. “Nous avons créé avec un partenaire chinois une joint-venture en 2019, CJH, dans laquelle John Cockerill détient 56%, et qui met sur le marché (en Asie et puis progressivement en Europe) des électrolyseurs de grandes capacités, explique Matthieu Jehl. Cette opération nous permet de disposer d’une avancée technologique de près de deux ans en matière d’électrolyse alcaline. CHJ est aujourd’hui le seul à commercialiser des électrolyseurs de 5MW, prochainement de 7,5MW et bientôt de 10MW.”

Voici quelques jours, John Cockerill a d’ailleurs annoncé qu’il allait fournir un ensemble de 25 mégawatts (cinq “briques” de cinq mégawatts chacune) à Taiwan, pour servir l’industrie des semi-conducteurs.

De l’Alsace à Seraing

Actuellement, cette activité chinoise représente un chiffre d’affaires annuel d’une quinzaine de millions. Mais avec les plans hydrogène européen, allemand, français, etc., le marché potentiel est énorme. “Tout se met en route très vite, avertit Matthieu Jehl. L’enjeu est de voir où nous allons nous retrouver dans les trois ans. Nous réfléchissons à augmenter les capacités pour produire davantage d’électrolyseurs de grandes tailles, mais aussi pour développer des appareils offrant de meilleurs rendements.”

Et surtout, le groupe liégeois, qui envisage de rassembler dans une unité toutes ses activités liées aux énergies renouvelables, va créer une unité de fabrication d’électrolyseurs sur son site alsacien, à Aspach- le-Haut. L’usine devrait être opérationnelle fin 2021. Il est encore trop tôt pour chiffrer précisément l’investissement (on parle de dizaines de millions d’euros) et le nombre d’emplois créés, mais l’activité aura des retombées positives à Liège. “A Seraing, nous avons les ponts roulants, les grands halls industriels nécessaires à la manutention de ces électrolyseurs qui sont des pièces très lourdes”, souligne Matthieu Jehl qui estime que le premier grand électrolyseur sortira des halls liégeois avant la fin de l’année.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content