Hub.Brussels: entreprendre, c’est s’émanciper
L’agence bruxelloise hub.brussels rationalise l’aide aux entrepreneurs bruxellois et mise sur les accélérateurs de croissance. “Nous voulons accompagner l’entreprise pendant toutes ses phases de développement “, expliquent les managers.
L’Auberge Espagnole renoue pour une cinquième saison à Etterbeek, une des 19 communes bruxelloises. Cet espace commercial, sorte de pépinière, situé chaussée de Wavre, non loin de la place Jourdan, offre la possibilité à quatre entrepreneurs d’ouvrir un magasin pop-up contre un loyer raisonnable, tout en bénéficiant d’un accompagnement intensif. Parmi les dernières recrues, on compte notamment des fabricants de tapis, chaussures et bijoux artisanaux. Le concept a manifestement trouvé son public puisqu’en mars, une deuxième Auberge Espagnole ouvrira ses portes au Tri Postal, l’ancien centre de tri à la gare de Bruxelles-Midi.
Les 1.340 m2 du Tri Postal, l’ancien centre de tri situé gare du Midi, sont inoccupés depuis 1998. Plus pour longtemps. A moyen terme, la compagnie des chemins de fer SNCB voudrait rassembler tous ses travailleurs, qui sont actuellement dispersés entre plusieurs sites, dans les bâtiments autour de Bruxelles-Midi. En attendant les travaux de rénovation, ce bâtiment est mis à la disposition de Communa. L’ASBL fait le nécessaire pour que l’espace soit utilisable par les organisations socioéconomiques qui vont s’y établir temporairement. Cela va du fablab, où les gens peuvent utiliser des appareils tels qu’une imprimante 3D ou une découpeuse laser, à la pépinière pour entrepreneurs débutants en passant par une association organisant des formations qui permettent aux femmes sans-abri de retrouver leur autonomie. Pour financer cet aménagement temporaire, Communa a lancé une action de crowdfunding auprès de Growfunding. L’objectif est de lever 30.000 euros.
L’Auberge Espagnole est l’un des quatre accélérateurs de croissance de hub.brussels, l’Agence bruxelloise pour l’accompagnement de l’entreprise. Ces accélérateurs ou incubateurs proposent des parcours de développement intensif s’étendant sur quelques mois, au cours desquels les entrepreneurs bénéficient d’un encadrement professionnel : de l’idée à l’entreprise pour les incubateurs, de l’entreprise à l’entreprise en croissance pour les accélérateurs. En janvier, par ailleurs, a démarré la cinquième édition d’un autre accélérateur de hub.brussels : le MedTech Accelerator, destiné aux start-up qui créent des équipements ou logiciels pour dispositifs médicaux innovants. Dans le tout nouveau MedTech Atelier, les entrepreneurs peuvent fabriquer des prototypes au moyen d’appareils ad hoc.
Kokotte a ouvert ses portes en septembre. Tout comme l’Auberge Espagnole, cet incubateur consacré à l’horeca fonctionne avec des pop-up. Dans la célèbre rue des Bouchers, à Bruxelles, qui est en train de changer radicalement, les entrepreneurs désireux d’ouvrir un restaurant peuvent louer la cuisine professionnelle et le restaurant de Kokotte pour mettre leur concept à l’essai pendant quelques mois. Le premier testeur a été le bar à chocolat Chocolero’s.
Le quatrième incubateur de hub.brussels, greenlab.brussels, est un accélérateur pour start-up durables.
Une porte d’entrée pour les entrepreneurs
Hub.brussels relève des compétences des secrétaires d’Etat bruxellois Pascal Smet (one.brussels) et Barbara Trachte (Ecolo). Pascal Smet gère notamment le portefeuille des Relations internationales, Barbara Trachte celui de la Transition économique. Le service public, qui existe depuis un an et demi, est né de la fusion de trois initiatives d’aide aux entrepreneurs bruxellois : impulse.brussels, Brussels Invest&Expert et Atrium. Mais il était difficile de se retrouver dans tous les services proposés. C’est désormais hub.brussels qui assume le premier rôle pour tout ce qui touche à l’accompagnement. Les entrepreneurs peuvent s’adresser à un guichet unique, le service 1819, où ils peuvent obtenir une information sur mesure pour la création ou le développement de leur affaire. Le 1819 les dirige vers le service bruxellois adéquat, de sorte qu’ils ne doivent plus chercher eux-mêmes.
Nous devons nous intéresser à tous les quartiers et tous les profils.
Un nouveau tandem est à la tête de hub.brussels, qui emploie 320 personnes : la CEO Isabelle Grippa et son adjointe Annelore Isaac. Les deux managers, l’une francophone, l’autre néerlandophone, ont élaboré une nouvelle vision pour hub.brussels, assurant une nouvelle dynamique et une meilleure visibilité. ” Avec 1819, nous offrons une porte d’entrée unique pour les entrepreneurs, explique Isabelle Grippa. Nous voulons accompagner l’entreprise pendant toutes ses phases de développement. Cela ne signifie pas que hub.brussels va aider tout le monde. Nous avons un rôle de coordination. La Région bruxelloise a prévu trois piliers : accompagnement, financement et établissement. Nous assurons nous-mêmes certaines tâches d’accompagnement ; pour d’autres, nous renvoyons vers des tiers. Il peut s’agir de services publics, mais aussi de partenaires privés, comme Unizo et Beci. ” Pour aider les entreprises à s’internationaliser, hub.brussels collabore avec les agences à l’exportation régionales Flanders Investment & Trade (FIT) et l’Awex (Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers).
Tous les quartiers
L’année dernière, l’agence publique a travaillé d’arrache-pied à l’amélioration de sa visibilité, notamment avec la première édition des hub.awards, qui récompensent des entrepreneurs ayant un impact. La deuxième édition aura lieu le 25 juin. Elle lance également des projets réservés à des groupes cibles bien déterminés. ” Au sein de 1819, la plateforme Women in Business s’efforce, pour sa part, d’encourager davantage de femmes à devenir entrepreneuses, explique Annelore Isaac. Et au sein de Women in Business, Women in Tech constitue une plateforme spécifique. Les femmes sont encore moins présentes dans le secteur des technologies. Outre les femmes, il y a deux groupes cibles pour lesquels nous avons développé une approche spécifique afin de les amener à l’entrepreneuriat. Beaucoup de jeunes ne trouvent pas de travail ; nous voulons proposer l’entrepreneuriat comme alternative. Le troisième groupe cible, ce sont les chômeurs. Dans ce contexte, nous collaborons étroitement avec Actiris pour voir si l’entrepreneuriat ne pourrait pas être une solution. ”
Pour Isabelle Grippa, l’entrepreneuriat est un levier d’émancipation en Région bruxelloise, qui compte encore beaucoup trop de demandeurs d’emploi malgré une baisse spectaculaire du chômage. Selon Actiris, le chômage était en recul en janvier, pour le 63e mois consécutif, avec un taux de 15,7%. Le chômage des jeunes à Bruxelles a diminué sans discontinuer pendant 80 mois, pour atteindre le chiffre de 8.975 demandeurs d’emploi, mais leur taux de chômage, de 24,7%, reste encore beaucoup trop élevé. ” Nous devons nous intéresser à tous les quartiers et tous les profils, insiste Isabelle Grippa. Peu importe d’où vous venez. On peut utiliser l’entrepreneuriat pour émanciper les Bruxellois. Les chiffres de l’Auberge Espagnole sont très bons. Septante-cinq pour cent des participants gèrent aujourd’hui leur propre affaire. ”
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