FedEx veut racheter TNT pour 4,4 milliards: entre quiétude et inquiétude pour l’emploi

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Le spécialiste de la messagerie FedEx va reprendre son concurrent néerlandais TNT Express pour 4,4 milliards d’euros, deux ans après l’échec d’une première tentative de rachat, menée alors par l’autre géant américain du secteur, UPS. Le site de TNT à Liège sera maintenu.

Les deux sociétés “ont conclu un accord sous condition pour une offre recommandée en numéraire de huit euros par action ordinaire de TNT Express”, ont-elles indiqué dans un communiqué commun.

La transaction valorise implicitement les capitaux propres de TNT Express à 4,4 milliards d’euros.

Le prix proposé par FedEx correspond à une prime de 33% sur le prix de clôture de l’action TNT avant la pause pascale et de 42% sur la moyenne du prix de l’action TNT des trois derniers mois.

Cette opération intervient deux ans après la tentative avortée par le grand concurrent américain de FedEx, UPS, de s’emparer du groupe néerlandais, qui avait échoué en raison de l’opposition des autorités européennes de la concurrence.

Les deux groupes font part cette fois-ci dans le communiqué d’un “haut niveau de certitude” sur la conclusion de l’opération. Mais FedEx ne précise pas le périmètre des désinvestissements qu’il pourrait être amené à faire pour satisfaire les régulateurs. Il indique simplement que les activités intraeuropéennes de TNT dans le transport aérien ont vocation à être cédées.

Le rapprochement “nous permet d’élargir rapidement notre portefeuille de solutions de transports internationaux pour tirer le meilleur parti des tendances de marché, en particulier la croissance continue du commerce en ligne, et de positionner FedEx sur la voie d’une croissance de long terme encore plus rentable”, a commenté le PDG de FedEx, Frederick W. Smith, cité dans le communiqué.

“Bien que nous n’ayons pas sollicité cette acquisition, nous pensons sincèrement que la proposition de FedEx, aussi bien d’un point de vue financier que non-financier, est une bonne nouvelle pour les actionnaires”, a souligné pour sa part le directeur général de TNT, Tex Gunning, en remarquant que ce rachat intervient à un moment d'”importantes transformations” pour le groupe.

TNT Express a des opérations dans plus de 200 pays et emploie plus de 65.000 salariés.

Inquiétude

Dans le cadre d’un rachat de TNT par FedEx, le siège central européen de la nouvelle entreprise serait installé à Amsterdam, aux Pays-Bas, ont annoncé les deux sociétés dans leur communiqué commun. Une annonce qui inquiète le syndicat chrétien LBC (CNE) puisque le siège central européen de FedEx se trouve à l’heure actuelle à Bruxelles, où la société emploie environ 350 à 400 personnes. Le sort réservé à ces travailleurs est pour l’instant incertain.

“Nous sommes très irrités qu’aucun conseil d’entreprise extraordinaire n’ait été prévu mardi sur le projet de reprise et le déménagement prévu. Un conseil d’entreprise est prévu lundi prochain, mais il est inconcevable que la direction laisse le personnel aussi longtemps dans l’incertitude”, explique Hans Elsen du syndicat LBC. Ce dernier souhaite des explications de la direction.

Les syndicats “rassurés” quant à l’avenir des activités à Liège

Les syndicats ne se montrent par contre pas particulièrement inquiets quant à la volonté de FedEx de racheter TNT et des conséquences que cela pourrait avoir pour le site de Liège, où près de 1.900 personnes travaillent.

En apprenant la nouvelle mardi matin, les syndicats ont reçu la confirmation que le site de TNT Express à Liège serait bien maintenu, tout comme les investissements qui avaient été préalablement décidés.

“Comme FedEx est peu présent en Europe, il aura besoin de Liège, qui restera sa plateforme au coeur du continent”, affirme Yannick Docquier, permanent principal CSC Transcom. “Aucune modification n’est prévue quant au volume de l’emploi”.

“Pour Liège, c’est même plutôt une bonne nouvelle”, ajoute Jacqueline Stevens, secrétaire permanente CNE. “Le souhait de FedEx serait de maintenir voire de développer l’activité. Tous les investissements, comme la rénovation du centre de tri, se poursuivent”.

Les représentants des travailleurs se montrent en tout cas plus confiants que lorsqu’UPS souhaitait racheter TNT, car ils craignaient alors que les activités liégeoises soient déplacées vers le site UPS de Cologne. Environ 1.500 personnes travaillent chez TNT Express à Liège.

Une filiale de la société belge CMB intéressée par une reprise de TNT Airways

La seule inconnue porte sur l’activité de la compagnie aérienne, TNT Airways, qui emploie 400 personnes, dont 300 pilotes. La législation européenne n’autorise en effet pas qu’une entreprise américaine soit propriétaire d’une compagnie aérienne européenne. TNT Airways pourrait donc être revendue, mais les syndicats n’ont pas encore reçu d’information à ce sujet.

Un repreneur est donc recherché. Si les Américains indiquent mardi “avoir identifié plusieurs candidats”, la société maritime belge CMB est intéressée, via sa filiale ASL Aviation, rapporte De Tijd sur son site internet.

ASL Aviation avait déjà trouvé un accord il y a quelques années sur un rachat de TNT Airways, mais la transaction avait échoué dans la foulée de la non-concrétisation d’une tentative de rachat de TNT par le groupe américain UPS.

Du côté de CMB, on confirme être à nouveau intéressé par TNT Airways. “Mais actuellement, il n’y a pas de dossier sur la table. Il n’y a pas encore eu de contacts”, explique un responsable de CMB au Tijd.

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