Faut-il interdire les diamants russes à Anvers?

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“Nous sommes tout à fait favorables à l’interdiction d’importer des diamants bruts de Russie. Il faut cesser ce commerce dès maintenant. A ce stade, l’option est que ce soit une décision au niveau européen, mais nous pensons que l’on peut déjà prendre une décision au niveau belge.”

Gilles Vanden Burre, chef du groupe Ecolo à la Chambre, ne mâche pas ses mots pour Trends-Tendances : il faut durcir les sanctions à l’égard du régime de Moscou, accusé de massacres dignes d’un génocide à Boutcha.

Le président ukrainien Volodymyr Zelinsky avait lui-même appelé les députés belges à agir, lors de sa prestation à la Chambre, le 31 mars, avec ces mots: “la paix a plus de valeur que les diamants”. Le marché est conséquent: en 2021, Anvers a acheté pour 1,8 milliard de diamants bruts de Russie, près d’un quart de son approvisionnement total. Les pierres précieuses proviennent essentiellement des mines de l’entreprise Alrosa, détenue à hauteur de 33% par l’Etat dirigé par Vladimir Poutine.

Si les verts plaident en faveur d’un arrêt de ce commerce, ils prêchent dans le désert, pour l’instant. “Les Russes peuvent se tourner du jour au lendemain vers Dubaï pour traiter leurs diamants, a averti le Premier ministre, Alexander De Croo (Open Vld). A ce moment-là, l’impact serait nul pour la Russie et total pour nous.” C’est précisément l’argumentaire développé par le lobbying du secteur diamantaire. Le Premier ministre a précisé qu’il ne s’opposerait toutefois pas à une telle décision si elle était décidée au niveau européen.

“Cette demande pourrait s’avérer inefficace et nous ne sommes pourtant pas suspects d’être des sympathisants du secteur”, appuie le chef de groupe PS, Ahmed Laaouej. Le secteur du diamant avait été accusé d’avoir initié la loi sur la transaction pénale (votée en 2011) pour permettre d’échapper à des poursuites judiciaires contre un arrangement financier. L’industrie du diamant représente plus de 30.000 emplois en Belgique, surtout dans la métropole anversoise.

“Il y a une volonté d’aller plus loin dans les sanctions contre la Russie, mais il faut une cohérence d’ensemble, estime Benoît Piedboeuf, chef de groupe MR. Il faut aussi respecter la liberté des entreprises.” Les diamantaires peuvent respirer. Pour l’instant.

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