Faut-il avoir peur du nombre de faillites en Belgique?

Pascal Flisch RESEARCH & DEVELOPMENT MANAGER - Trends Business Information

Même si les chiffres ne sont pas encore définitifs, la création de nouvelles entreprises marque le coup à l’issue de ce premier trimestre 2025. On en compte 34.289 contre 40.205 l’année passée. Mais si on compare avec 2023 (35.004), la différence n’est plus que de 715 unités, en ligne finalement avec les 35.051 starters de 2023.

Parmi les secteurs en croissance, on note l’agriculture, qui compte 762 nouveaux entrepreneurs, contre un peu plus de 600 les années précédentes. A côté de ça, il y a la production de gaz et d’électricité (56 contre 39 en 2024) et la collecte ou traitement de déchets (51 contre 29 en 2024) qui progressent significativement.

Tous les autre secteurs ont moins attiré les entrepreneurs qu’au 1er trimestre 2024. Parmi les diminutions les plus significatives, on note :

SecteurStarters TR 1 2025Différence avec 2024Pourcentages
Construction3.158-1.400-30,72%
Commerce de gros560-276-33,01%
Commerce de détail1.995-656-24,75%
Restauration945-347-26,86%
Informatique952-401-29,64%
Industrie manufacturière894-275-23,52%

De l’autre côté, on compte heureusement aussi moins d’arrêts d’activités 26.203 contre 30.875 à la même époque l’année passée. Si on reprend les mêmes secteurs significatifs, on voit que l’agriculture a perdu 648 entreprises, soit 33 de moins qu’en 2024. La production de gaz et électricité en perd 44 et la collecte et traitement de déchets 31.

Pour les autre secteurs, on arrive à :

SecteurArrêts TR 1 2025Différence avec 2024Pourcentages
Construction3.801-315-7,65%
Commerce de gros920-392-29,88%
Commerce de détail2.625-528-16,75%
Restauration1.501-225-13,04%
Informatique621-169-21,39%
Industrie manufacturière1.113-175-13,59%

Au total, la population des entreprises continue de croître, même si le rythme diminue un peu. On arrive quand même à un solde positif (provisoire) de 8.086 unités, contre 9.330 l’année passée.

Par contre, cela se dégrade fortement du côté de nos secteurs phares : la construction perd donc 643 unités, le commerce de gros 360, le commerce de détail 630, la restauration 556, et l’industrie manufacturière 219.

L’informatique en ressort, par contre, avec un solde positif de 331. L’agriculture est en positif (+114) pour la première fois depuis 2021. Les services financiers sont en hausse de 196, les activités immobilières de 551et les conseils en gestion de 605. La santé humaine continue sa croisade positive avec 1.428 entreprises de plus qu’au 1er trimestre 2024.

Pour clôturer cette petite analyse de l’évolution de la population des entreprises, on note que la proportion d’indépendants qui arrête ne fait que grandir. Ils représentent 75,24% des arrêts totaux, contre 71,48% l’année passée. Le taux atteint 77,50% (75,59% en 2024) en Région Flamande et 78,36% (73,56% en 2024) en Région Wallonne. Ce n’est pas une grande surprise. Certains d’entre eux passent en société, surtout les plus petits qui franchissent le cap des 25.000 € de chiffre d’affaires et sont soumis à la TVA. Mais beaucoup d’entre eux ont tout simplement atteint l’âge de la pension et arrêtent toute activité.

Du côté des faillites, les chiffres restent en hausse, mais ralentie.

On compte 3.069 entreprises en faillite en ce premier trimestre 2025, contre 2.990 l’année passée. C’est donc une petite augmentation de 2,64%, sans commune mesure avec les 16,43% de l’année passée à la même époque.

La construction continue de souffrir, avec 786 jugement contre 669 l’année passée. Le transport terrestre en compte 139, contre 104 en 2024, et le commerce de gros est à 176, conte 151. La restauration diminue un peu à un haut chiffre de 528 (558), le commerce de détail est à 317 (342) et l’industrie est à 116 contre 141 en 2024.

En conclusion

Faut-il s’inquiéter de voir le nombre de nouvelles entreprises se tasser ?

Pas vraiment. De manière générale, les marges des entreprises sont sous forte pression en ce moment. Il est donc globalement difficile de construire un plan financier à la fois optimiste et réaliste. Retarder sont projet, prendre de l’expérience chez un employeur existant et attendre des temps plus favorables est probablement une attitude sage en ces temps de forte instabilité.

Que penser de la décroissance de certains secteurs phares.

Le consommateur change ses habitudes de consommation. En caricaturant un peu, il achète moins dans les magasins physiques, il descend en gamme et il attend pour investir en immobilier ou en mobilité. Il est donc logique que les entrepreneurs se détournent un peu de ces secteurs. Ils adaptent l’offre à la demande. Par contre, du côté de l’industrie, on peut s’inquiéter de l’érosion constante du tissu de production. On en consomme toujours plus les produits, mais les coûts de production locaux rendent la compétition internationale inégale et condamnent le secteur à désinvestir. Le regain d’intérêt pour l’agriculture est plus interpelant, mais doit être confirmé.

Que penser des secteurs en croissance ?

Ici aussi, le tissu économique s’adapte à la demande. Le secteur de la santé humaine en est le parfait exemple. La population vieillit et demande des soins. Ce marché attire des vocations.

Par contre, ce type de service ne fait que recycler de l’argent qui préexiste. Il n’aide pas le pays à redresser la balance commerciale, à créer de la valeur ajoutée nette, ni à augmenter la richesse nationale. Pour y arriver, il faut des conditions favorables que les autorités (Europe – Etat) doivent créer. Mais le contexte est défavorable et le Trésor national est à sec.

Faut-il avoir peur du nombre des faillites ?

La réponse est non !

La population des entreprises continue de croître. Il est donc normal d’avoir un plus grand nombre de faillites. Par ailleurs, le taux de défaillance belge est de 0,73% en 2024. C’est très raisonnable et n’évolue pas beaucoup d’une année à l’autre.

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