Entreprendre dans une Belgique avec 4 °C de plus

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Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

Accès à l’eau, aménagement des villes, productions agricoles…, des pans entiers de l’activité économique seraient chamboulés par une accélération du réchauffement climatique. Plongée dans ce que pourrait être la vie de notre économie avec 4 °C de plus.

Quatre degrés de plus, quatre petits degrés de plus, pourquoi s’en inquiéter? Ce réchauffement rapprocherait en effet la température moyenne à Bruxelles de celle que connaît aujourd’hui l’agréable région lyonnaise. “Mais à ce moment- là, Lyon aura un autre climat et tout le reste de la planète aussi, nuance Edwin Zaccai, professeur émérite en sciences de l’environnement (ULB) et auteur du livre Deux degrés (Presses de Sciences Po). Il ne faut pas croire qu’on arrive à une cible et qu’ensuite le réchauffement s’arrête. Il va continuer, il tend même à s’accélérer et cela rend le climat de plus en plus instable. Cette instabilité est devenue aujourd’hui une question très présente. Nous ne sommes pas à l’abri de tempêtes de neige l’hiver prochain.”

L’élévation de la température moyenne s’accompagnera en effet d’une multiplication des événements extrêmes (canicules, pluies torrentielles, tempêtes, etc.) sous nos latitudes – on parle parfois de “tropicalisation” du climat belge – et ces événements impacteront fortement nos modes de vie.

Entre 1981 et 2014, la Belgique connaissait en moyenne un jour de canicule par an. Cela devrait bondir à 27 jours par an pour la période 2041-2074 et même à 41 jours dans les villes, en raison du phénomène de “l’îlot de chaleur”. Les précipitations augmenteront globalement assez peu (il pleuvra plus en hiver et moins en été) mais leur nature évoluera: “une part considérable des précipitations estivales tombera lors d’éclats orageux intenses mais de courte durée”, peut-on lire dans le rapport sur l’impact socio-économique du changement climatique remis à la Commission nationale Climat en 2020.

Dans ces circonstances, l’eau pénètre moins dans les sols, avec une double incidence: aggravation des risques d’inondation et réalimentation insuffisante des nappes phréatiques. L’imperméabilisation des sols accentue bien entendu le phénomène.

La productivité en berne

Cette évolution attendue a évidemment de multiples incidences sur le fonctionnement de notre économie. Il ressort ainsi de nombreuses études internationales que la productivité au travail diminue en cas de forte chaleur. C’est évident pour les travaux extérieurs dans la construction ou l’agriculture mais cela se manifesterait aussi, certes avec une ampleur moindre, dans le secteur des services où l’on n’opère pas toujours dans un environnement climatisé. Inquiétant pour des économies européennes axées sur les services et qui peinent déjà à maintenir un niveau suffisant de productivité.

Deux éléments devraient toutefois atténuer l’impact du réchauffement sur la productivité. D’une part, les hivers seront moins froids, ce qui devrait réduire le volume des absences pour maladie. D’autre part, les horaires de travail seront adaptés aux conditions climatiques, avec un ralentissement général aux heures les plus chaudes de la journée, à l’image de ce qui se pratique en Europe du sud. De quoi adoucir la transition mais, hélas, insuffisant pour effacer les pertes de productivité ainsi que les inégalités entre ceux que l’on commence déjà à appeler “les cols secs” et “les cols humides”.

“Les entreprises vont être plus à la recherche de la résilience que de l’efficience.”

“Les entreprises vont être plus à la recherche de la résilience que de l’efficience, analyse Edwin Zaccai. Longtemps, la priorité a été à l’optimisation des processus. Cela ne vaut cependant que dans un environnement stable. Or, nous sommes entrés dans un monde où les chocs et les imprévus seront de plus en plus fréquents.

EDWIN ZACCAI
Edwin Zaccai © pg

Les gestionnaires les plus prévoyants se focalisent dès lors sur la faculté de leur business à traverser ces chocs, quitte à ne pas optimiser chaque maillon de la chaîne. C’est une partie du débat sur la relocalisation de l’industrie en Europe, afin de réduire l’exposition aux aléas de chaînes d’approvisionnement mondialisées.

“N’oublions pas que la transition énergétique va continuer et qu’elle apporte aussi son lot d’incertitudes, poursuit l’auteur de Deux degrés. Les entreprises sont liées à tout ce qui est déplacement. On opte pour la voiture électrique, c’est mieux pour le climat. Mais comment faire avec les camions? Ils sont très nombreux sur nos routes et, pour l’instant, on n’a pas vraiment de solution alternative.”

L’eau, enjeu de localisation

Dans une Belgique avec 4 °C de plus, les cours d’eau n’auront plus le même débit. “Cela pèsera dans les choix d’implantation des entreprises, souligne Edwin Zaccai. Certaines ont besoin d’accès à l’eau pour refroidir des machines. De trop fortes variations de débit peuvent s’avérer très problématiques pour une série d’activités. Et c’est d’autant plus compliqué qu’il ne faut pas analyser cela sur base de la situation actuelle mais anticiper sur 10 ou 20 ans, savoir aussi quelles zones seront potentiellement inondables dans 20 ans ou plus.”

PIERRE FRIEDLINGSTEIN
Pierre Friedlingstein © pg

“Globalement, la gestion de l’eau va devenir un enjeu crucial pour les entreprises comme pour les citoyens, abonde le climatologue Pierre Friedlingstein, un Belge qui enseigne à l’université d’Exeter (Angleterre). On l’a vu récemment en France avec le débat sur les ‘bassines’. Les ressources en eau seront de plus en plus limitées, il faudra organiser leur gestion et leur distribution et cela va sans doute générer des tensions entre les utilisateurs.”

Les usines qui consomment de grandes quantités d’eau pour préparer, refroidir ou laver leurs produits devront repenser leur business model. On songe à l’industrie nucléaire, aux data centers ou à l’industrie de la transformation de la pomme de terre.

Ce dernier secteur n’a rien d’anecdotique: la Belgique est en effet le premier exportateur mondial de pommes de terre précuites et surgelées, avec des acteurs comme Clarebout, Lutosa et consorts. Ce n’est donc pas juste pour le clin d’œil que le rapport de la Commission nationale Climat sur l’impact économique du réchauffement a fait un petit focus sur ce secteur. Il sera impacté à la fois par la sécheresse qui plombe la culture de la pomme de terre et la réduction des ressources en eau, nécessaire au processus de transformation. Il faut en effet quatre à cinq litres d’eau potable pour produire un kilo de frites surgelées. “Cela peut devenir problématique étant donné l’impact négatif du changement climatique sur les ressources en eau douce, pointe le rapport. L’augmentation des températures augmentera les besoins énergétiques de refroidissement pour le stockage.”

Les usines qui consomment de grandes quantités d’eau pour préparer, refroidir ou laver leurs produits devront repenser leur business model.
Les usines qui consomment de grandes quantités d’eau pour préparer, refroidir ou laver leurs produits devront repenser leur business model. © getty images

Aucun des producteurs que nous avons contactés n’a souhaité témoigner dans le cadre de notre dossier, un silence qui tend à confirmer l’incidence très négative du réchauffement sur ce segment industriel.

“Le réchauffement climatique créera aussi de nouveaux besoins de produits ou de services et ce sont autant d’opportunités pour développer de l’activité, nuance Edwin Zaccai. Je ne veux pas tout repeindre en rose, je pense que le bilan global est plutôt négatif mais il y a des opportunités. On cite souvent la culture de la vigne dans des régions plus au nord, ou le tourisme. Dans la construction, il y aura aussi certainement de nouvelles opportunités.”

Plus généralement, la décarbonation de l’industrie aura besoin de nouveaux matériaux, de nouvelles technologies. De nombreuses entreprises innovantes, petites ou grandes, se positionnent du côté des solutions et nous y faisons d’ailleurs régulièrement écho dans les colonnes de Trends-Tendances, notamment à l’occasion des Impact Awards.

Réaménager les villes

La question de l’eau et de l’intensité des précipitations ne pèsera pas seulement sur les choix d’implantation des entreprises mais globalement sur tout l’aménagement du territoire. “Des choix devront être effectués et ils ne seront pas toujours très populaires”, prévient Benoît Moritz, professeur d’architecture à l’ULB. Cela concerne bien entendu les constructions en bordure de cours d’eau ou dans d’anciens marécages mais également les lotissements sur les hauteurs.

“Nous avons aujourd’hui l’occasion de prendre l’aménagement du territoire vraiment au sérieux.”

“Une bonne partie des inondations de 2021 en province de Liège provenait du ruissellement depuis les zones très minéralisées sur les plateaux, explique-t-il. Nous avons aujourd’hui l’occasion de prendre l’aménagement du territoire vraiment au sérieux.” Une manière habile de dire que les permis de bâtir ont parfois été accordés de manière laxiste. Demain, les autorités communales et régionales seront sans doute plus attentives et, si elles ne le sont pas, les assureurs risquent de l’être à leur place en refusant de couvrir certains risques…

BENOÎT MORITZ
Benoît Moritz © pg

“Nos villes ont été construites avec cette idée que l’eau de pluie devait être évacuée le plus vite possible, poursuit Benoît Moritz. Nous avons des trottoirs en légère pente, des filets d’eau, des avaloirs, des collecteurs pour amener l’eau vers les cours d’eau. Ce paradigme de l’eau qu’on évacue rapidement est remis en question parce que, cette eau, nous voulons maintenant la retenir en amont pour la réutiliser ou tout simplement rafraîchir des quartiers.” Cela passe par des citernes qui récupèrent les eaux de toiture, des espaces d’infiltration dans les voiries, des zones vertes déminéralisées, etc.

“A nouveau, ce sont des choix très compliqués, dit-il. Faut-il sacrifier des voies de circulation, des places de stationnement ou des zones constructibles pour aménager ces espaces d’infiltration de l’eau dans les villes? C’est une question très complexe, surtout avec en prime une augmentation du nombre d’habitants dans les grandes villes.”

Dans ce volet sur l’eau, il faut également évoquer les conséquences de la montée du niveau des mers. A la côte belge, on s’attend à une hausse entre 50 cm et 1 m d’ici la fin du siècle (le rapport de la commission Climat pointe 69 cm). “En soi, c’est tout à fait gérable, rassure le climatologue Pierre Friedlingstein. Les Pays-Bas vivent sous le niveau de la mer depuis longtemps. Le problème, c’est qu’il ne suffit pas de construire une digue solide. L’eau remonte ensuite dans les estuaires, dans les fleuves, dans les rivières. La mer rentrera dans les terres.”

Quand bien même nous parviendrions à anticiper précisément le parcours et le niveau de ces eaux, ce sera un chantier colossal pour protéger toutes les berges. Et sur ce plan, nous ne sommes vraiment pas très loin. Pierre Friedlingstein ajoute encore que, même si nous devions parvenir à stabiliser le climat, les banquises devraient continuer à fondre pendant de longues années. “Si elles devaient toutes fondre, le niveau des mers monterait de 70 m, dit-il. La probabilité d’un tel scénario est heureusement nulle. Néanmoins, à terme, des bouts de banquise se détacheront, les eaux monteront et nous devrons nous adapter.”

Recomposer des filières

Chaleur et manque d’eau, voilà qui ne doit pas réjouir le monde agricole. Bernard Longdoz (ULiège) étudie cela à Gembloux, notamment grâce à l’outil Ecotron qui permet d’expérimenter l’évolution des cultures sous différentes conditions climatiques. Il constate par exemple que la chaleur et l’abondance de CO2 dans l’atmosphère font grandir plus vite le froment mais que le manque d’eau freine cette croissance, ce qui donne un jeu à somme nulle ou presque.

BERNARD LONGDOZ
Bernard Longdoz © pg

“Mais, c’est sans tenir compte des événements extrêmes, précise-t-il. Or, il y aura des événements extrêmes. Cela ne présage donc rien de bon.” Des recherches visent donc à rendre les plantes plus résistantes au stress hydrique (c’est la même chose pour la culture de la pomme de terre) ou à réduire la taille des épis, afin qu’ils soient moins sensibles aux vents.

“Avec une hausse de 4 °C, nous aurions très peu de jours de gel en hiver, poursuit Bernard Longdoz. Or, le froment a besoin de ces périodes de fraîcheur pour germer et se développer. C’est ce que l’on appelle la vernalisation.”

“Changer de culture implique de penser à toute la filière en aval.”

Il évoque aussi l’idée de développer d’autres espèces, adaptées aux climats plus chauds et secs, par exemple le sorgho. Il pourrait remplacer le froment au moins dans l’alimentation du bétail (70% de la production belge, c’est pour cela que nous importions du blé panifiable d’Ukraine).

“Cela impliquerait de penser à toute la filière en aval, ajoute le professeur d’agronomie. Il faut des entreprises pour stocker, transformer et distribuer. C’est tout un collectif qui doit bouger et des habitudes de consommation qui doivent évoluer aussi. Nous le voyons aujourd’hui avec le bio: la Wallonie impose une proportion des terres en agriculture biologique mais la demande ne suit pas et une partie de la production doit alors être exportée.”

Moins de viande et… de riz

Parmi ces difficiles changements d’habitudes, il y aura la diminution de la consommation de viande. Le système digestif des ruminants (bovins et ovins) produit en effet beaucoup de méthane. Ce gaz a un pouvoir de réchauffement nettement plus élevé que le CO2 mais, à la différence de ce dernier, il se décompose en une dizaine d’années au lieu de rester stocké dans l’atmosphère pour des siècles. Une réduction des émissions de méthane aurait donc un impact direct important sur le climat.

“On vise surtout les productions intensives, avec beaucoup d’animaux sur très peu de mètres carrés et de la nourriture amenée, dit Bernard Longdoz. Plus les animaux sont nourris avec des aliments extérieurs, plus l’empreinte carbone sera élevée. Tout le maïs qui pousse chez nous ou en France est consacré quasi exclusivement à l’alimentation animale.”

Sylviculture Le hêtre, très sensible aux sécheresses, n’a pas un grand avenir en Belgique.
Sylviculture: le hêtre, très sensible aux sécheresses, n’a pas un grand avenir en Belgique. © getty images

Un régime moins carné, cela n’amuse pas tout le monde. Mais il y a peut-être pire comme habitudes alimentaires à modifier. On le sait moins mais la culture du riz est responsable de 10% des émissions mondiales de méthane. “Les rizières sont un milieu humide, les matières organiques s’y décomposent sans apport d’oxygène, en méthane dès lors plutôt qu’en CO2, explique Pierre Friedlingstein. Cette décomposition anaérobique se retrouve aussi dans les décharges publiques, où il n’y a pas assez d’oxygène, dans les tourbières et dans les ventres des vaches. Mais bon, le riz, c’est la ressource principale d’un milliard d’habitants et l’aliment de base de deux milliards. Dans une approche pragmatique et humaniste, on peut peut-être arrêter les côtes à l’os avant d’arrêter le riz.”

Mais si l’agriculture devra se reprofiler, que dire de la sylviculture? Le forestier doit estimer quels arbres pousseront sous notre climat dans 30, 40 ans ou plus. “Le hêtre, très sensible aux sécheresses, n’a pas beaucoup d’avenir chez nous, affirme Bernard Longdoz. Des espèces comme le chêne ou le charme résisteront beaucoup mieux. Mais à nouveau, c’est toute une filière qui devra se transformer.” “Les professionnels sont tenus par le prix de vente du bois, ils plantent ce qui se vend bien, ajoute Edwin Zaccai (ULB). Anticiper à une telle échéance, c’est vraiment très compliqué. Mais ça évolue, le monde forestier bouge.”

Arbres des villes

Des arbres, il en faudra aussi de plus en plus dans les villes pour atténuer l’effet “dôme de chaleur” et offrir des espaces ombragés. “Les parcs urbains sont déjà de plus en plus sollicités tant il fait chaud dans les habitations, reprend l’architecte Benoît Moritz. Ces parcs eux-mêmes souffrent de la chaleur. La végétation n’est pas adaptée aux nouvelles températures. Aujourd’hui, les gens cherchent de l’ombre, moins les grandes pelouses.”

La question des espèces à planter dans les villes se pose dès lors. A Genève, on est même allé jusqu’à envisager la plantation de palmiers! “J’ignore si l’espèce convient pour chez nous mais le message serait fort, souligne Edwin Zaccai. Planter de nouveaux arbres, c’est aussi montrer à tout le monde qu’on va vers un autre climat, cela peut réellement participer au message sur l’importance et l’urgence des changements.” A l’inverse, quand on parle de la disparition des banquises, on peut avoir l’impression – à tort – que cela se passe loin de chez nous et qu’il n’est dès lors pas vraiment nécessaire de modifier nos comportements.

“Je comprends tous ces gens qui défendent leur gagne-pain, concède Pierre Friedlingstein. Mais à un moment, il faut revenir aux lois de la physique: pour arrêter le réchauffement – et je ne parle même pas de refroidir – il faut arrêter d’émettre des gaz à effet de serre. Cela implique d’arrêter les sources d’émission dans l’agriculture, le transport, le logement, etc.”

Le climatologue convient que la technologie aidera à effectuer une part du chemin, notamment dans les transports et l’isolation des bâtiments, mais une part seulement. “Le plus grand site de stockage de CO2, en Islande, a une capacité de 8 millions de tonnes par an, conclut-il. Nous en émettons 40 milliards. Alors oui, le stockage peut contribuer… mais ce sera insuffisant. Nous devons trouver d’autres modes de fonctionnement. Ce n’est jamais simple car un changement de trajectoire implique des risques. Et les gens sont frileux face à ces risques. Les actionnaires, les chefs d’entreprise, les gouvernements, tout le monde est frileux. C’est parfois un peu désespérant mais je ne vois pas ce que peux faire d’autre que de continuer à le dire.”

Ceci n’est pas un scénario catastrophe

En évoquant une hausse des températures moyennes de 4 °C, suivons-nous un très hypothétique scénario catastrophe? Malheureusement non. Cela correspond à l’évolution attendue pour la fin du siècle, si les politiques climatiques mondiales ne devaient pas être résolument amplifiées au cours des prochaines décennies. Le réchauffement atteindrait alors globalement 3 °C, et 1 °C de plus en Europe où le phénomène est un peu plus prononcé qu’ailleurs.

“Dans une approche conservatrice, il est pertinent de regarder le scénario du pire afin, justement, d’éviter ce pire”, résume Pierre Friedlingstein, climatologue belge qui enseigne à l’université d’Exeter (Angleterre) et ancien membre du Giec. Le gouvernement français a d’ailleurs présenté au printemps dernier son plan d’adaptation en vue d’une telle hausse des températures moyennes.

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