Enquête sur le Boeing 737 Max 9 : ce que l’on sait
L’enquête sur la porte d’un Boeing 737 Max 9 arrachée en plein vol suit son cours. Mais des premiers éléments sont déjà connus : sur d’autres avions du même modèle, les vis de la porte sont mal serrées.
Le 5 janvier, stupeur et consternation dans le monde entier : des vidéos d’une porte arrachée en plein vol font le tour des médias et des réseaux sociaux. Il s’agissait d’un vol d’Alaska Airlines, effectué par un avion de Boeing, 737 Max 9. Encore à basse altitude (environ 5.000 mètres), il n’y eut pas de dépressurisation de la cabine, et aucune victime n’est à déplorer.
Le modèle a immédiatement été cloué au sol par les autorités des pays où il est en circulation et l’enquête sur l’origine de l’incident a commencé. De premiers éléments percolent déjà.
Vis mal serrées
La porte en question était en réalité inutilisée et cachée derrière une paroi, ce qui ressemble à une fenêtre classique à l’intérieur. Boeing propose cette configuration aux clients qui ne veulent pas utiliser cette porte de secours supplémentaire. Elle est nécessaire si l’avion a plus de 200 places, mais les modèles en question n’en ont que 180. Boeing insère donc une “porte-bouchon” (door plug en anglais) à l’endroit où se trouverait la porte de secours. La production en série est ainsi plus simple.
Cette semaine, la FAA (autorité américaine de l’aviation) a envoyé un avertissement aux compagnies dont les avions sont toujours cloués au sol. Elle leur demande d’inspecter les vis qui tiennent ce bouchon, car des soucis, à ce niveau précisément, lui ont été remontés. “Certains opérateurs ont effectué des inspections supplémentaires sur les portes de sortie intermédiaire et ont fait des constatations au niveau des boulons”, note la FAA. Ces boulons seraient donc mal serrés.
Ces informations permettront ainsi à la FAA de collecter des données pour son enquête et peut-être de cibler ses recherches sur cet aspect en particulier. Mais dans tous les cas, ces boulons mal fixés sont un mauvais signal pour Boeing. Ils pourraient montrer que le problème est très répandu et qu’une simple fixation des vis ne serait peut-être pas suffisante. Mais pour les conclusions et recommandations de l’enquête, il faudra encore attendre.
Note aux sous-traitants : “Serrez!”
Boeing suit également la piste de ces boulons mal fixés. Le 17 janvier, le constructeur a envoyé une note à ses sous-traitants, rapporte Reuters ce mardi soir. C’est notamment Spirit AeroSystems qui produit et installe la “porte”. Il leur demande de “s’assurer que les instructions de travail ne permettent pas d’erreurs et que la qualité est contrôlée en permanence – en particulier les exigences en matière de serrage.”
Il leur suggère ainsi de rappeler l’intensité de serrage nécessaire, de la noter lorsque des éléments sont fixés et de faire en sorte que les outils soient toujours bien calibrés. Boeing leur indique aussi qu’ils doivent se tenir au planning et continuer à produire les pièces à la cadence convenue. Boeing ne s’attend donc pas à ce que sa production doive être suspendue ou que certaines pièces doivent être changées.
L’enquête devra aussi déterminer si la responsabilité (ou quelle part responsabilité) de l’incident incombe à Boeing ou au fournisseur.
Production sur pause
Mais le planning de Boeing sera finalement tout de même chamboulé. Le constructeur annonce ce mardi soir qu’il mettra ses activités de production et de livraison sur pause ce jeudi, pour une journée centrée sur la qualité. Les travailleurs vont participer à des ateliers sur la qualité. Ce sera aussi l’occasion de “faire une pause, d’évaluer ce que nous faisons et comment nous le faisons, et de faire des recommandations pour l’améliorer”, décrit Stan Deal, responsable de la division des avions commerciaux.
Ce jeudi, ce sera donc au tour de l’usine près de Seattle, où le 737 est assemblé, de se mettre en pause. Mais les autres sites de productions suivront dans les semaines à venir.
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