En crise, Thyssenkrupp ouvre la voie à son démantèlement

Le conglomérat Thyssenkrupp va supprimer 5.000 emplois supplémentaires, 11.000 au total © belga

Autrefois fleuron de l’industrie allemande, Thyssenkrupp a ouvert la voie lundi à son démantèlement dans l’espoir de se relancer face aux difficultés rencontrées notamment dans l’acier, ce qui suscite de vives craintes pour l’emploi dans le pays.

L’abandon de sa structure de conglomérat, devenue obsolète, semblait inéluctable pour Thyssenkrupp, qui incarne aujourd’hui les déboires de l’économie allemande toute entière.

Après deux lourdes pertes annuelles, l’un des plus anciens groupes industriels du pays veut se métamorphoser en une holding plus “flexible” regroupant plusieurs entreprises séparées, selon un communiqué paru lundi.

Une holding plus “flexible”

Cette réorganisation, qui laisse deviner de nouvelles suppressions d’emplois, a suscité une salve de critiques lundi, du parti conservateur du chancelier conservateur Friedrich Merz au parti d’extrême droite AfD.

La filiale TKMS de sous-marins, bon élève du groupe porté par un haut niveau de commandes, doit être introduite en Bourse d’ici la fin de l’année, comme prévu. Cette décision devra être validée lors d’une assemblée générale extraordinaire fixée au 8 août, selon le journal Bild.

La branche automobile doit aussi être portée en Bourse. Elle est touchée par 1.800 suppressions de postes à cause de sous-capacités du secteur en Allemagne.

Enfin, le groupe veut rendre indépendante sa modeste activité de technologies vertes fondée en 2023.

Vague de suppressions d’emplois

Selon Bild, le groupe prépare en parallèle une vague de suppressions de postes dans l’administration, qui emploie 1.000 employés, et veut réduire son siège d’Essen de 500 à 100 employés. “La sauvegarde des emplois chez Thyssenkrupp est au coeur de l’action” du gouvernement régional de Rhénanie-du-Nord Westphalie, a assuré un de ses porte-parole à l’AFP.

Le conglomérat Thyssenkrupp est né en 1999 de la fusion du sidérurgiste Krupp, créé en 1812, et du spécialiste des rails Thyssen, créé en 1867. Concrètement, la direction veut “séparer progressivement tous les secteurs d’activité de Thyssenkrupp”, qui regroupent l’acier, les pièces automobiles, les électrolyseurs ou les sous-marins, “et les ouvrir aux investissements tiers”.

Le groupe d’Essen “conservera un contrôle total et continuera à participer aux performances futures des entreprises”, dont il demeurera actionnaire majoritaire, sauf dans l’acier, promet néanmoins le patron Miguel Lopez.

Le projet a réjoui les investisseurs de la Bourse de Francfort, l’action Thyssenkrupp s’envolant de 8,22% vers 15H00 GMT dans un indice MDax en hausse de 1,61%.

Une “situation extrêmement dramatique”

Mais désormais, le groupe qui emploie 98.000 employés veut aussi rendre indépendante son activité la plus lucrative: la branche de matériaux qui s’occupe également du commerce de l’acier. Source de près d’un tiers des revenus en 2023/2024, la division doit être introduite en Bourse.

Un responsable du parti CDU du chancelier Merz, Dennis Radtke, a dénoncé une “situation extrêmement dramatique pour l’ensemble de la chaîne de création de valeur dans l’industrie sidérurgique”, dans le magazine Stern.

“Le démantèlement de Thyssenkrupp symbolise le déclin de notre économie”, a réagi de son côté sur X la cheffe de l’AfD Alice Weidel, réclamant un “tournant économique” pour le pays.

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