Du rêve d’une introduction au Nasdaq à la faillite : la descente aux enfers d’Univercells

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Baptiste Lambert

L’ancien fleuron des sciences de la vie a été déclarée en faillite, la semaine dernière, dans l’indifférence quasi générale. Pourtant, en 2023, Univercells et ses patrons rêvaient de conquérir l’Amérique et d’intégrer le Nasdaq. Bill Gates et George Soros ont même cru au projet. Après la faillite d’Exothera et de la holding, seules 3 filiales demeurent.

À l’automne 2023, Hugues Bultot inaugurait fièrement un bureau près de Boston. L’homme fort d’Univercells, biotech carolo alors en pleine expansion, visait le Nasdaq, sans naïveté, mais avec ambition assumée : « On ne va pas se laisser griser par le succès » déclarait-il à l’époque, à La Libre. Deux ans plus tard, la holding est en faillite. Et le silence règne parmi les fondateurs.

Le couperet est tombé le 6 octobre dernier. Il n’a été révélé que vendredi par Sud Info. Après Exothera cet été, c’est Univercells elle-même qui a été déclarée en faillite par le tribunal de l’entreprise de Charleroi. La société ne comptait plus que sept employés. Fin d’un cycle pour un groupe qui avait levé plus de 430 millions d’euros depuis sa création en 2013, avec le soutien de George Soros, de la Fondation Bill & Melinda Gates, mais aussi de la SFPIM, de Wallonie Entreprendre et de quelques grandes fortunes belges.

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Une restructuration inefficace

En janvier 2025, un plan social frappe 73 salariés, soit près d’un cinquième de l’effectif. La holding devient une coquille vide, recentrée sur quatre entités autonomes : Exothera (faillite confirmée), Quantoom Biosciences, Unizima et RLM Consulting.

Malgré des tentatives pour réorganiser le groupe et attirer un nouvel investisseur, les fonds n’ont pas suivi. Des montants de recapitalisation de 15 à 30 millions d’euros ont circulé, sans qu’aucun deal n’aboutisse. Dans les coulisses, certains actionnaires espéraient aussi une sortie du CEO historique Hugues Bultot.

Une relance sous forme de mirage ?

Quantoom reste le principal actif. Une relance via une « faillite pré-pack » est en cours, orchestrée par les fondateurs eux-mêmes à travers une nouvelle structure, Phoenix Biosciences. Objectif : lever 10 millions d’euros pour redémarrer. Un fonds lié à Paul Allen (ex-Microsoft) serait sur les rangs. Ambition affichée : un EBITDA positif dès 2026.

Mais la dynamique semble brisée. Et les précédents investisseurs sont aux abonnés absents. Ni la SFPIM ni Wallonie Entreprendre ne confirment leur volonté de remettre au pot. Les actifs immobiliers, notamment les bâtiments Vega et Nova, sont à vendre. Plusieurs visites ont eu lieu, mais aucune offre n’a été officialisée à ce jour.

Un secteur fragilisé

La trajectoire d’Univercells rappelle celle d’autres « champions » wallons qui ont brûlé des étapes. Innovation réelle, ambition mondiale, mais gouvernance floue, dépendance aux aides publiques et absence de rentabilité. L’entreprise n’a jamais dégagé de bénéfice. La fin des contrats liés au Covid, l’essoufflement du modèle ARN, et l’échec à l’international auront eu raison d’une success story qui n’aura duré qu’un temps.

Aujourd’hui, seules trois filiales subsistent, dans un écosystème biotech wallon fragilisé. L’un des plus grands espoirs industriels de la région s’ajoute à la longue liste des récents échecs du secteur des sciences de la vie : Mithra, iTeos Therapeutics, Exothera, Bone Therapeutics, Imcyse, Miracor, PDC*line Pharma, Celyad Oncology…

À cela s’ajoute un autre aveu d’échec pour un secteur qui doit porter la relance wallonne : la moitié de l’équipe du Biotech Campus s’en va, après avoir connu de nombreuses difficultés à boucler le budget, a récemment révélé L’Echo.

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