Du leasing en seconde main

Le leasing de voitures d’occasion présente beaucoup d’avantages. Il est moins cher que le neuf, plus flexible car les contrats peuvent descendre à une durée de 12 mois. ALD s’y lance en Belgique, après la plateforme Lizy l’an dernier.
Une occasion récente comme voiture de société ? L’idée fait son chemin. ALD Automotive, leader du marché de la location long terme, lance le service cet été, sous le nom d’ALD 2life Lease ( lisez” second life lease “). Elle propose notamment des Volvo V40 à partir de 350 euros par mois (HTVA), tous services compris : assurances, entretien, etc. L’initiative suit celle de Lizy, une plateforme lancée voici un an et développée par une start-up financée par D’Ieteren, ouverte à tout le secteur de la location.
Les loueurs ont longtemps préféré revendre les voitures en fin de contrat à des marchands, aux enchères en ligne, et généralement à l’exportation. Ce flux est important. Chez ALD, jusqu’à 20.000 véhicules arrivent tous les ans en fin de contrat. Revendre paraît la solution la plus aisée mais la location de ces véhicules permet d’étoffer la gamme des produits commercialisés.
Des contrats plus courts chez ALD
” Avec ce produit, nous pouvons proposer des contrats plus courts que pour des véhicules neufs, à partir de 12 mois, alors que pour le leasing de voitures neuves, c’est plutôt 36 ou 60 mois. Cela arrange les entreprises où il y a plus de volatilité au niveau de l’emploi qu’avant “, déclare Ann Larosse, innovation and product manager chez ALD Automotive. La crise du coronavirus pourrait accélérer la demande car la formule est meilleur marché d’environ 20%, selon ALD. ” Nous pensons que le marché séduira surtout le segment des PME, pour leurs jeunes recrues, avec des modèles comme des BMW Série 1, des Volvo V40. Mais nous avons un choix étendu pour plaire à tout le monde “, poursuit Ann Larosse. L’offre peut aussi toucher des particuliers, notamment les utilisateurs du véhicule durant le premier contrat de leasing, qui peuvent reprendre le leasing à leur compte en second life, ou pour la famille ou les amis.
Bien que financée par D’Ieteren Auto, Lizy vise à jouer un rôle de plateforme pour tous les loueurs qui souhaitent attaquer le marché du leasing d’occasion.
L’argument premier est le tarif, moins cher que celui des voitures neuves. Les véhicules sont aussi disponibles rapidement, en 15 jours seulement alors que les modèles neufs sont parfois livrables après plusieurs mois. Les véhicules ont en moyenne trois ans. Pour le moment, dans cette phase de lancement, ALD en propose 80. La liste est remise à jour chaque semaine.
La voiture électrique, candidate idéale
Le principe de base est de proposer des véhicules qu’ALD a loués, qui sont en fin de contrat et dont l’état est optimal. ” Nous ne choisissons que ceux dont l’expertise a relevé le moins de dégâts possible “, précise Ann Larosse. ALD ne procède pas à la réparation, mais propose le véhicule avec le rapport d’expertise, les photos. Le candidat au leasing de seconde main peut accéder à ces éléments avant la signature du contrat. ALD sélectionne les véhicules qui peuvent encore rouler longtemps sans intervention (entretien, pneus à changer). La livraison se fait au bureau ou chez le client.
” Ce type d’offre aura de plus en plus de sens car les voitures actuelles gardent leur état neuf très longtemps, surtout dans les marques premium “, avance Miel Horsten, group regional director chez ALD Automotive, qui a dirigé la filiale ALD Benelux jusqu’en mai. ” Cela se marquera encore plus avec les voitures électriques. Elles devraient avoir une durée de vie plus longue. ” ALD ne propose pas encore cette motorisation dans l’offre 2life Lease, mais entend l’ajouter.
La plateforme Lizy
Cette initiative suit celle de Lizy, une start-up issue de Lab Box, l’incubateur lancé par D’Ieteren Auto pour développer de nouveaux services de mobilité. L’approche est toutefois fort différente. Bien que financée par D’Ieteren Auto, Lizy vise à jouer un rôle de plateforme pour tous les loueurs qui souhaitent attaquer le marché du leasing d’occasion. C’est aussi un laboratoire pour la commercialisation digitale de voitures dans un secteur qui la pratique fort peu, hormis Tesla.
Pour le moment, les voitures distribuées par D’Ieteren Auto (VW, Audi, Skoda, etc.) sont majoritaires, mais l’objectif est d’élargir l’offre à d’autres marques. On peut déjà voir à présent des Peugeot, des BMW ou des Mercedes sur le site. Parmi les sources potentielles, il y a aussi les loueurs court terme.
Au moment où nous avons consulté le site Lizy, 314 véhicules étaient proposés. ALD aurait pu développer son service de leasing d’occasion via Lizy. ” Nous avons eu des contacts avec Lizy mais nous avons décidé de nous lancer nous-mêmes. C’est un choix stratégique du groupe “, précise Ann Larosse. Le service avait démarré en Italie voici plus d’un an. En Belgique, ALD a l’avantage d’être un acteur important qui peut potentiellement proposer une offre multimarque assez large.
Un laboratoire digital
Lizy, par sa logique de plateforme multi-loueurs, pourrait néanmoins proposer un choix encore plus étendu. Mais le marché est encore très récent et il faut voir où il se situera en vitesse de croisière avant de pouvoir comparer les offres. ALD est en phase de soft launch. Sa démarche n’est pas encore totalement digitalisée. Les modèles proposés ne sont pas encore vraiment détaillés sur le site. Cela viendra bientôt. Seules des Volvo V40 et des Toyota CHR sont explicitement proposées car ALD est assuré d’un volume en fin de contrat régulier durant ces prochains mois. Pour les autres modèles, le site propose des catégories similaires à la location court terme ( small, compact, mid-sized, full-sized, etc.), avec chaque fois quelques exemples à titre d’illustration. Le client doit demander une offre pour obtenir une proposition précise, comme le fait déjà Lizy. Exemple : une VW T-Roc 1.0 TSI de 2019, avec un kilométrage de 11.838 km, y était proposée, au moment nous terminons cet article, à 391 euros par mois HTVA (pour 10.000 km) sur 48 mois. Le site recalcule le loyer selon le kilométrage annuel et la durée du contrat.

Né d’une mauvaise expérience
Alors qu’ALD 2life Lease est clairement une initiative d’un acteur du monde du leasing, ce n’est pas directement le cas de Lizy. Les fondateurs de cette dernière plateforme, Sam Heymans et Vincent Castus, ne viennent nullement du leasing ou de la distribution automobile. Ce sont deux jeunes entrepreneurs, branchés start-up et digital, qui cherchaient à transformer une frustration en business. Vincent Castus avait cherché à prendre une voiture en leasing, avec grande difficulté ; il en a conclu que le secteur n’était guère organisé pour les PME et les indépendants comme lui, pour des contrats à l’unité ou presque, mais visait plutôt, pour des raisons économiques, les entreprises d’une certaine taille. D’où l’idée de Lizy, une plateforme pour le leasing d’occasion, visant surtout la clientèle des PME et des indépendants, estimant pouvoir démontrer que ce marché peut être mis en place à des coûts raisonnables grâce la digitalisation.
” Nous avons eu l’idée de cette plateforme et alors que nous réfléchissions, avons rencontré D’Ieteren Auto, via l’incubateur Lab Box. Ils ont investi, on a démarré, relate Sam Heymans, CEO de la société. Le point central était l’aspect digital. Il fallait que l’offre soit claire, facile à réserver, que le client, à savoir une PME, perde le moins de temps possible. ” Les voitures proposées sont récentes, de l’ordre d’un an.
Les clients ne signent pas avec Lizy mais avec le loueur qui propose le véhicule et calcule le tarif. D’Ieteren Lease est le partenaire de lancement mais la plateforme est ouverte. Son efficacité et sa rentabilité dépendront de l’étendue et la variété de l’offre. D’Ieteren Auto, l’actionnaire, accepte cette situation où Lizy pourrait attirer des marques concurrentes à celles importées par le groupe. L’objectif est de développer une expérience client totalement digitalisée, automatisée. Sauf pour la livraison. ” La voiture est livrée chez le client avec un bouquet de fleurs. C’est très apprécié “, ajoute Sam Heymans.
Minimiser les coûts de gestion
La difficulté, pour les loueurs, est d’organiser la location en seconde main de la manière la plus fluide possible. Le coût de l’opération doit être minimisé. La vitesse est importante. Pas question de garder la voiture trop longtemps sur un parking : chaque semaine coûte au loueur. ” Nos voitures gardent leur immatriculation, il y a donc un coût en taxe de circulation, par exemple “, précise Ann Larosse. La rapidité de la livraison, dans les 15 jours, arrange donc autant le loueur que le client. Pour garantir ce flux, les offres d’ALD sont valables cinq jours, pas davantage. ” Le grand défi est l’informatisation du processus, il faut que les offres soient générées automatiquement, continue Ann Larosse. Il y a un grand travail IT pour y parvenir. ”

La société de leasing a d’autres intérêts dans ce type de commercialisation et de service. ” C’est aussi une manière de diversifier les sources. Actuellement, les loueurs dépendent beaucoup des exportations, notamment vers l’Europe de l’Est, explique Sam Heymans. Par exemple, si pour une raison ou une autre, les diesels s’y vendent moins bien, cela peut avoir un impact sur les valeurs de revente et sur la profitabilité. ” Le leasing d’occasion peut, à terme, limiter cette dépendance.
Le succès de ce nouveau produit dépend aussi de l’importance de l’offre. ” Nous n’avons pas encore assez de véhicules, nous voulons augmenter le choix “, ajoute Sam Heymans, qui cherche des partenaires supplémentaires dans le monde de la location. Il y aura une phase de tâtonnement, pour bien percevoir la demande. Entre ALD et Lizy, les objectifs sont différents. ALD cherche à développer le marché belge, au service du remarketing des voitures en fin de contrat. Lizy a une logique de plateforme qui cherche à augmenter le nombre de transactions, même hors du marché du leasing d’occasion. ” On pourrait s’intéresser à la vente de voitures neuves, nous regardons aussi le private lease ( location au particulier, Ndlr) “, conclut le manager de Lizy.
Dans le leasing, le point délicat est le retour des véhicules en fin de contrat. Les voitures font l’objet d’une expertise indépendante et, éventuellement, d’une facturation des dégâts constatés. Il existe des normes pour déterminer les dégâts ” acceptés ” au terme d’une période de location et qui sont non facturés. Les loueurs utilisent leurs règles, soit celles définies au niveau de Renta, la fédération des loueurs. Les voitures en leasing d’occasion suivent la même logique. Sauf que le véhicule, au départ, n’est pas neuf. Il peut y avoir l’un ou l’autre petit dégât, pas forcément très visible, à la livraison du véhicule.
Pour éviter toute mauvaise surprise, une procédure est mise en place. ” Nous partons du document d’expertise fait à la fin du premier leasing du véhicule “, indique Ann Larosse (ALD). Il a été réalisé par une société indépendante, MVI. ” Et à la fin du contrat de leasing second life, une nouvelle expertise est réalisée. On fait alors la comparaison entre l’ancien et le nouveau rapport. ” La grille Renta sur les dégâts ” acceptés ” est la base pour déterminer s’il y a lieu de facturer quelque chose. ” Les montants des travaux qui pourraient être facturés diminuent avec l’âge du véhicule “, précise Ann Larosse.
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