Du changement pour le célèbre couteau suisse
Un peu contraint et forcé, l’emblématique couteau suisse va devoir se passer d’une fonctionnalité pourtant cruciale.
Victorinox, l’entreprise qui fabrique le célèbre couteau suisse depuis 1897, vient d’annoncer qu’elle est en train de développer une nouvelle version de son produit phare. Celle-ci serait dépourvue de lame. Une décision dictée par des législations de plus en plus strictes dans de nombreux pays.
Vu comme une arme
Selon le patron de Victorinox, Carl Elsener, cette méfiance s’explique par le fait qu’«une lame est perçue comme une arme sur de nombreux marchés». C’est le cas dans certains pays asiatiques, mais aussi en Grande-Bretagne. Cette dernière a renforcé sa réglementation en raison d’une épidémie d’attaques à l’arme blanche, avec plus de 50 000 cas par an. Il y est, par exemple, interdit d’avoir un couteau en poche à l’école, au cinéma ou dans les supermarchés.
Le 11 septembre avait déjà sérieusement impacté les bénéfices
Ce durcissement à l’échelle mondiale a un réel impact sur l’entreprise qui exporte 80 % des couteaux de poche et est vendue dans plus de 130 pays. D’autant que même en Suisse, beaucoup de couteaux sont vendus aux touristes.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le climat sécuritaire pèse sur l’entreprise. L’interdiction d’avoir des objets pointus dans les avions suite au 11 septembre 2001 avait réduit de près d’un tiers le chiffre d’affaires des couteaux suisses. Un chiffre encore alourdi par le fait qu’à force de se les faire confisquer, une partie de la clientèle n’en a tout simplement plus racheté.
La firme est d’autant plus prudente qu’à ce durcissement des mesures s’ajoutent des concurrents moins chers et un franc fort. L’entreprise va devoir automatiser et rationaliser davantage, selon son patron. Une prudence qui n’a néanmoins pas empêché une augmentation de 9 % du prix du couteau de poche.
Une lame pas totalement supprimée pour autant
Victorinox précise que le nouveau produit ne remplacera pas totalement l’ancienne version avec lame, mais viendra simplement compléter leur gamme. On notera aussi qu’il y avait déjà une version sans lame, mais la production de celle-ci était plus confidentielle et destinée à ceux qui prenaient l’avion. Le nouveau couteau devrait, lui, atteindre une nettement plus grande échelle.
Depuis que le couteau a conquis le monde après son entrée dans l’armée suisse en 1914, la gamme n’a en réalité cessé de s’enrichir et peut comporter jusqu’à 83 fonctions et un affichage numérique. C’est l’ingéniosité de l’invention, plus que la qualité de la lame, qui séduira les foules.
Objet de séduction massive pour les adeptes des activités en plein air et baroudeur du monde, la “rolls des couteaux de poche” est aujourd’hui fabriqué chaque année à des millions d’exemplaires. Au point que le petit couteau rouge s’est mué en emblème presque absolu de la Suisse. Un symbole qui se veut nettement moins tranchant à l’avenir.
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