Discrimination en Belgique: les recruteurs jugent (trop) souvent sur le physique
3,6% des personnes interrogées victimes de discrimination en raison de leur origine ou nationalité, selon le Moniteur de sécurité 2021. Il en va autrement dans le monde du travail : c’est surtout le physique qui induit la discrimination.
Le Moniteur de sécurité 2021 s’est également penché sur les formes de discrimination desquelles les Belges peuvent être victimes. 3,6% des personnes interrogées déclarent avoir été victimes de discrimination en raison de leur origine ou leur nationalité, faisant de ce type de discrimination la plus répandue dans notre pays. Par ailleurs au courant des 12 mois précédents, 2,7% de répondants déclarent avoir été victimes de discrimination liée au sexe et au genre et 1% en rapport avec l’orientation sexuelle. A cela s’ajoutent 3% de personnes se disant victimes d’autres formes de discrimination.
Cette enquête a été menée auprès de 400.000 citoyens âgés de 15 ans ou plus, avec un taux de réponse de 25%.
La réticence à dénoncer ces faits à la police reste très grande, indique le rapport. En effet, 96% des cas de discrimination en lien avec l’origine et la nationalité n’auraient pas fait l’objet d’un signalement. Au total, 97% des cas de discrimination liée au genre ou au sexe n’auraient pas été signalés, contre 94% pour ceux fondés sur l’orientation sexuelle.
Le Moniteur de sécurité concentre les résultats d’un questionnaire envoyé aux Belges et portant sur les problèmes de voisinage, le sentiment d’insécurité, la victimisation, leur propension à porter plainte et leur satisfaction par rapport au fonctionnement de la police. Il s’agit de la dixième édition de l’enquête.
Et dans le monde du travail ?
Il en va de toute autre façon dans le monde du travail. Car, si la discrimination peut malheureusement y être aussi bien présente, les candidats à l’embauche ne semblent pas être jugés sur les mêmes critères. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, sur le marché du travail, la discrimination fondée sur l’apparence physique est plus importante que celle fondée sur l’origine ethnique. Telle est la conclusion d’une étude menée par Louis Lippens sous la supervision du professeur Stijn Baert à l’UGent.
Louis Lippens a basé son étude sur les nombreuses techniques d’embauche, impliquant des tests pratiques, mises en place dans le monde entre 2005 et 2020. Sa conclusion démontre que le premier critère de discrimination, lié à l’emploi, est le handicap. Les personnes en situation de handicap reçoivent 41 % de réponses positives en moins que les autres à une demande d’emploi.
En deuxième position, c’est le physique du candidat, qui peut entraîner une baisse de 37 % des réponses positives, de la part des recruteurs. L’âge arrive en troisième position avec 34 %. L’origine ethnique vient ensuite avec 29 % de réponses positives en moins. Malgré cette quatrième position, ce dernier est le motif de discrimination le plus étudié dans le monde.
Les candidats originaires du Maghreb ou du Moyen-Orient reçoivent en moyenne 41 % de réactions positives en moins que les candidats non issus de l’immigration. En même temps, il est à souligner qu’il n’existe pratiquement aucune discrimination à l’embauche à l’encontre des candidats issus de groupes minoritaires d’Europe du Nord ou de l’Ouest.
Quant à la discrimination fondée sur le sexe, les résultats des différents tests pratiques sont très variables. Si les candidats affichent ouvertement leur orientation LGB, ils reçoivent en moyenne 30 % de réponses positives en moins à leur candidature. Les taux de discrimination se sont donc à peine améliorés au fil du temps, conclut le chercheur. “C’est tout à fait remarquable compte tenu des politiques de lutte contre la discrimination en place dans de nombreux pays et de l’attention portée au problème également au niveau supranational”, constate-t-il.